Les journalistes sont-ils indépendants ?

par JL ML
mercredi 4 juillet 2007

Plusieurs quotidiens ont publié une pub de la Société des journalistes des Echos, contre le rachat éventuel du journal par le groupe LVMH. « L’indépendance, ce n’est pas du luxe », affirment les journalistes du quotidien économique « menacé d’être racheté » par le groupe de luxe dirigé par Bernard Arnault. La SDJ interpelle ironiquement différents PDG pour savoir s’ils continueraient de lire un quotidien économique racheté par leur principal concurrent et à lui accorder du crédit en ce qui concerne leur propre secteur d’activité.

Alors que devraient penser les patrons (et les citoyens) sur les conditions d’indépendance des autres groupes de presse ? Les journalistes de TF1 sont-ils crédibles quand ils parlent de leur propriétaire (Bouygues) qui détient aussi Bouygues construction (BTP), Axione (constructeur et opérateur de réseaux), Colas (routes), Bouygues immobilier ? Sont-ils crédibles quand ils n’enquêtent pas sur Bouygues alors qu’ils évoquent les travailleurs au noir dont on sait que le secteur de la construction est le principal utilisateur ? Ou quand ils évitent d’évoquer les bonnes affaires de leur patron dans les pays sous dictature comme en Turkménistan ?

Les journalistes du Figaro, du Journal du dimanche, de LCI, TF6, TV Breizh, TMC, de Métro, du Journal des finances, Valeurs actuelles, Spectacle du monde, sont-ils crédibles quand ils parlent (ou évitent de parler) de leur propriétaire - majoritaire ou minoritaire - (groupe Dassault) qui détient aussi Dassault aviation, Dassault Falcon Jet, Dassault Falcon Service, SABCA, Sogitec, Dassault systèmes, Société de véhicules électriques, Immobilière Dassault, Artcurial, Dassault aviation - ou de leurs concurrents ?

Les journalistes du Journal du dimanche, Paris Match, Elle, Première, Corse matin, La Provence, Nice-Matin et Var-Matin, L’Alsace, La Dépêche du Midi, Le Monde, Le Parisien, L’Équipe, le groupe Marie Claire, sont-ils crédibles quand ils parlent (ou évitent de parler) de leur propriétaire - majoritaire ou minoritaire - (Lagardère) et de ses filiales EADS (Eurofighter, Ariane, Airbus, Eurocopter...) - ou de leurs concurrents ?

Quelles garanties d’indépendance sont données aux journalistes de Libération quand ils parlent (ou évitent de parler) de leurs propriétaires Edouard de Rothschild, Carlo Caracciolo, Pathé, Suez ?

 

Les journalistes du Point, de L’Agefi et d’Actifs sont-ils crédibles quand ils parlent (ou évitent de parler) de leur propriétaire - majoritaire ou minoritaire - (groupe Pinault) et de ses filiales Fnac, Conforama, Redcats, La Redoute, Yves-Saint-Laurent, Gucci, Boucheron, Balenciaga - ou de leurs concurrents ?

Les journalistes Canal+, i-Télé, et des 17 chaînes thématiques du groupe sont-ils totalement libres d’enquêter et de dire toutes vérités sur leur patron Vivendi et ses filiales Universal Music, SFR, Vivendi Games - ou de leurs concurrents ?

Et les journalistes du groupe Bolloré (Matin Plus, Direct Soir, Direct 8) : quelles garanties ont-ils pour enquêter librement sur Gaumont, Havas, AGF Vie, Groupama qui le détiennent en partie ou en sont des filiales ?

Et les chaînes et les radios publiques par rapport à l’Etat ?

Tous ces journalistes ont-ils des garanties semblables à celles que réclament aujourd’hui ceux des Echos ? Ne courent-ils pas le risque pourtant, eux aussi, d’être en conflit d’intérêt en permanence sur de multiples sujets du fait qu’ils appartiennent à ces grandes entreprises ?


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