Les télés locales : à quoi servent-elles ?

par Voris : compte fermé
mardi 18 novembre 2008

Les télés locales, "ça eût payé...Mais ça paie plus !" Au moment où les regards se tournent vers le projet de réforme du service public audiovisuel, on assiste à des baisses d’audience et à des réductions des effectifs dans les chaînes locales. C’est une période noire. Même M6 et TV Breizh (filiale de TF1) sont en difficulté et doivent prendre de mesures drastiques.

Déjà en 2007, TV7 Bordeaux, la chaîne locale la plus regardée, avait taillé dans ses effectifs. Cette année, Télé Toulouse (TLT) est en cessation de paiements, Orléans TV est abandonné par le groupe Hersant Médias et Télé Lyon Métropole (TLM) supprime des postes.

C’est la crise et pourtant, ce sont des groupes importants qui financent ces chaînes locales : Le Groupe Lagardère, par exemple est un des actionnaires de Télé Toulouse.

Plus de décrochages locaux à M6 :

Les grosses chaînes souffrent aussi, ainsi M6 qui abandonne ses cinq derniers flashes info en images, les "6 minutes" de Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille et Toulouse. Cette recentralisation n’est pas provoquée par des difficultés économiques, puisque les parts d’audience nationale de la chaîne sont en hausse. Le succès national de cette formule avait conduit la chaîne à procéder à des décrochages quotidiens dans plusieurs grandes villes, souvent en partenariat avec la presse quotidienne régionale. 12 décrochages régionaux interviennent du lundi au vendredi à 20h35 à Bordeaux, Lille, Tours, Marseille, Nantes, Montpellier, Lyon, Nancy, Grenoble, Rennes, Nice et Toulouse (source : CSA, données 2005)



C’est donc la fin d’une formule qui avait réussi à séduire son public mais il est vrai que M6 n’a jamais été une chaîne très productive d’émissions d’information.

Breizh anatomy :

Columbo ou Grey’s anatomy en breton, c’est d’un intérêt limité, même si cela permet de perfectionner son breton. TV Breizh, filiale de TF1 basée à Lorient, a donc décidé de laisser tomber la diffusion de séries ou films doublés en breton et de son journal local pour devenir une "mini-généraliste" classique. Déjà en 2003, TV Breizh avait annoncé la réduction du temps d’antenne des programmes régionaux, en raison des pertes financières pour opérer une mutation : "moins bretonne et plus généraliste". La concurrence du câble et du satellite se faisant aussi sentir. Dans cette logique, la rentrée avait vu disparaître de la grille des programmes un magazine hebdomadaire en langue bretonne. En janvier prochain, c’est la diffusion du journal régional quotidien en français de 7 minutes, qui est supprimée.

Aujourd’hui, ce sont les programmes doublés qui sont sacrifiés. Ils "n’étaient plus suffisamment générateurs d’audience", selon M. Desgrées du Lou, directeur de la chaîne. "Nous voulons réaffecter nos ressources vers des programmes plus puissants et plus générateurs d’audience", a-t-il dit, expliquant que TV Breizh avait vocation à être une chaîne "mini-généraliste payante". Pour le moment, la chaîne n’est pas moribonde. Elle emploie 42 personnes et "doit présenter un résultat positif en 2008".

Mais la fin de l’analogique va-t-elle signer la mort des chaînes locales ? Dans une interview donnée à Télérama le 3 septembre 2008, le PDG de TF1 annonçait que TV Breizh serait la chaîne "bonus" du groupe sur la TNT lors de l’arrêt de la diffusion analogique en 2011. TV Breizh sera "reformatée" pour l’arrivée sur la TNT gratuite en 2011.

Le virage vers un contenu plus généraliste en vue de rester dans la course à l’audience face à la multiplication des chaînes câblées et satellite, fait perdre peu à peu leur spécificité régionale aux chaînes locales et l’on se demande, dès lors, à quoi elles servent si elles s’orientent vers le conformisme et vers l’uniformité.

La loi du 5 mars 2007 relative à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur a prévu des facilités pour la mise en œuvre du basculement vers le numérique des télévisions locales. Mais si "modernisation" veut dire "uniformité" et course à l’audience, les chaînes locales perdront complètement leur cachet local et n’auront plus rien d’original par rapport aux chaînes nationales et internationales.

A quoi serviront donc ces chaînes locales qui n’auront plus rien de régional ? Et d’ailleurs auront-elles leur place dans la future réforme ?


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