Libération : Plenel, Schneidermann et les autres...
par David Medioni
mercredi 18 octobre 2006
Il n’est pas le seul ; sur le Web, de nombreuses personnes, remettent en cause la capacité du plan Plenel à relancer Libé.
Mais puisque c’est ici le « journal d’un journaliste », faisons œuvre de journalisme. Ici (lire document) tu trouveras, cher lecteur, le texte intégral de l’intervention de l’ex-directeur de la rédaction du Monde devant les personnels de Libé. Tu chercheras, en vain, la phrase qui lui est attribuée sur un journal « anti-sarkozy ». Que prévoit le projet d’Edwy Plenel : « Libération doit assumer clairement son identité d’être le quotidien de gauche. De la gauche dans sa diversité. Des gauches dans leur diversité. Mais un quotidien de gauche. Comme personne n’a de doute sur le positionnement politique de The Independant ou du Guardian en Grande-Bretagne, ou d’El Pais par rapport à El Mundo.
Cette place est à prendre. Il n’y a plus de compétition sur ce côté-là. Quelles que ce soient les sensibilités des journalistes des autres quotidiens généralistes -il y a des journalistes de gauche au Figaro- cette place est à prendre. Ce n’est plus l’image du Monde, ce n’est pas évidemment l’image du Figaro ».Libération, journal des gauches ? Comment ne pas adhérer à ce projet, puisque c’est tout simplement l’histoire de Libé. J’ai expliqué, ici même dans un post précédent, comment Libé s’était à mon sens perdu.
Qu’y a-t-il d’autre dans cette profession de foi, dans cette méthode que propose Edwy Plenel ? Il parle d’un quotidien « resserré, mobile qui impose son propre agenda ». En somme, un quotidien qui soit acteur de l’actualité et qui n’hésite pas à monter en une des sujets qui dérangent. Plenel avance également l’idée d’une communauté autour du Web payant, d’un hebdomadaire luxueux et intellectuel, type New Yorker ou Time. Si les Américains y arrivent, pourquoi pas nous ?
Nous sommes donc bien loin de la caricature d’un journal « anti-Sarkozy » que certains ont voulu faire passer. Pour quelle raison ? Peut-être l’indépendance du Monde à l’époque Plenel dérangeait-elle un peu trop ? J’entends déjà les hurlements de ceux qui pensent que Plenel a fossoyé le Monde et qui vont dire : « Lis le Péan-Cohen ». Certes, il y a eu des erreurs, je pense, par exemple, au trop-plein sur Roland Dumas, ou encore au fiasco sur l’affaire Baudis.
Mais à côté de cela, Le Monde - sous la plume d’Hervé Gattegno, entre autres - a sorti les affaires Chirac, il a été le premier à titrer « Le Pen au 2e tour ? », a fait avancer le travail de mémoire sur la Guerre d’Algérie, et bien d’autres choses encore. Surtout, Le Monde de cette époque m’a donné envie de faire ce métier, il m’a montré que la presse de qualité, indépendante et intelligente existait. Il correspondait à un engagement citoyen. Plenel disait à l’époque : « Je suis mondiste », quoi de mieux pour résumer cette exigence de journalisme.
Gageons que Plenel demain pourra avoir les moyens réels d’être « libéiste ».
En tant que jeune dans cette profession, ce serait l’une de ces aventures journalistiques qui me ravirait, et qui, j’en suis sûr, régénérerait la presse française.