Licence globale, la mauvaise idée

par Cyril Fievet
mercredi 4 janvier 2006

Brillante tribune de Denis Olivennes, PDG de la FNAC, dans Libération, qui s’en prend avec virulence au principe de licence globale pour la musique, adopté fin décembre (et susceptible d’être remis en cause ce mois-ci) :

« Au nom de quoi faudrait-il autoriser pour la seule musique une consommation illimitée mais un paiement forfaitaire, puisque telle est votre proposition ? Les auteurs-compositeurs n’auraient-ils pas le droit, comme les boulangers, les journalistes, les médecins, les électriciens, les joueurs de football, etc., etc., bref, tous les producteurs de biens ou services matériels ou immatériels, à une rémunération juste et individuelle pour leur travail ? »

Même si certains de ses propos sont un peu outranciers et font peu de cas de la dimension sociale (bien réelle) du P2P, il résume plutôt bien ce que je pense de cette gigantesque connerie drôle d’idée que constitue ce principe de licence globale. Pour rappel, ce principe va reposer sur l’augmentation du prix de l’accès à Internet, afin de rémunérer forfaitairement les artistes et autres ayants droit.

Les arguments de bon sens à l’encontre d’un tel principe sont si nombreux qu’on ne sait pas par où commencer (Olivennes les résume bien pour la plupart)…

Pour faire bref, je me contenterai de quelques questions :

1. Créer une taxe supplémentaire, a fortiori si elle porte sur le coût d’accès à Internet, est-ce une bonne chose pour la démocratisation du réseau dans notre pays ?

2. Pour ceux qui achètent leur musique sur des plates-formes de téléchargement légales, ce qui est mon cas, cela ne reviendra-t-il pas à payer deux fois sa musique ?

3. Sur quelle base la somme forfaitaire accumulée va-t-elle être répartie entre les ayants droit ?

4. Si cette répartition est fonction du nombre de fichiers téléchargés par les internautes (ce qui semblerait naturel), cela n’impose-t-il pas la mise en place d’un dispositif de surveillance très précis, sur le micro-ordinateur de chaque internaute ?

5. En toute logique, une telle mesure appliquée aux fichiers musicaux devrait l’être à tous les autres fichiers, en particulier aux films. Est-ce bien raisonnable ?

Je ne défends pas ici les marchands, les défenseurs obtus du copyright ou les grandes majors qui se sont engraissées avec les CD des années durant. Mais en même temps, le concept de licence globale me paraît être une aberration, qui fleure bon la démagogie politique et/ou l’incompréhension de la part des députés sur le sujet.

Le problème est pourtant simple. Le seul moyen de lutter contre le piratage est de développer des offres attractives qui lui feront concurrence. Il n’y a que deux choses à faire :

1. Baisser le prix de la musique au format téléchargé (si une chanson coûtait 5 à 10 centimes d’euros, qui prendrait la peine d’aller la chercher sur des réseaux P2P ?)

2. Améliorer l’accès, l’ergonomie et la souplesse des plates-formes légales


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