Marketing territorial et Internet

par Agnès H
mardi 18 avril 2006

A l’heure de la mondialisation, les territoires redoublent d’efforts pour attirer les capitaux et développer leur économie.

De nouvelles méthodes de marketing territorial se développent, notamment par l’usage d’Internet qui présente l’avantage d’élargir à moindres coûts la diffusion des messages promotionnels. Tout d’abord, ces méthodes doivent s’adapter à de nouveaux publics-cibles ; l’aire de chalandise territoriale mondialisée concerne principalement deux domaines : le tourisme et l’investissement.

Pour ce qui est du tourisme, voici quelques cas d’actualité :

Rouen a tout récemment lancé un site Internet en chinois. Cela dit, cette démarche ne devrait pas apporter beaucoup de visiteurs virtuels. En effet, les textes sont des images (*.jpeg) et rendent donc impossible toute recherche textuelle. En effectuant une recherche sur un moteur très répandu avec les termes Rouen+Paris en chinois simplifié (j’ai été contrainte de rajouter Paris, Rouen seul ne donnait rien d’intéressant), le résultat le plus pertinent arrive seulement en troisième place et concerne un article de presse relatif au lancement du site. Le pékin en quête d’informations en chinois sur cette ville n’a donc aucune chance d’en trouver par l’intermédiaire d’un moteur de recherche. Cette stratégie d’invisibilité médiatique est-elle destinée à déjouer le filtrage ? Est-ce la référence à Jeanne d’Arc que l’on a voulu cacher aux yeux des censeurs chinois ?

Ce type d’initiatives n’est pas nouveau. Le site du Comité départemental du tourisme de Vendée a lancé son site en chinois fin 2004. J’ai donc testé : la recherche de Vendée en chinois renvoie bien vers le site recherché, en troisième position. Cela dit, d’autres recherches avec des termes génériques relatifs aux offres touristiques proposées n’ont pas été très pertinentes. Ainsi, à moins de savoir qu’il veut se rendre en Vendée et qu’il en connaisse le nom officiel (une vraie gageure en chinois !) l’internaute chinois risque peu de surfer sur ce site.

Par contre la recherche France+Patrimoine+Culture renvoie en 4e ou 5e position le site de la Charente-Maritime. Et puisque Paris reste la référence en matière de patrimoine touristique français, j’ai également effectué la recherche. Et trouvé le PSG en 3e position, sans pour autant pouvoir apporter d’explication, puisque ni la page, ni le code source ne semblent justifier un tel score de référencement. S’agirait-il d’un bombardement Google des internautes chinois ? (cf. miserable failure ou iznogood).

Peu importe que ces résultats de référencement soient choisis ou imposés, il est possible de faire appel à des prestataires pour les améliorer. Les offres en la matière sont légion ! Les collectivités vont-elles les utiliser pour se livrer à une bataille acharnée afin de promouvoir leurs avantages comparatifs, leurs externalités positives, les aménités de leur cadre de vie ? S’arracheront-elles prochainement les meilleurs mots-clés (dynamisme, air pur, ciel bleu) au prix fort ?

Notez que les Chinois eux-mêmes ne sont pas en reste, et opèrent déjà le schéma inverse. Menant une démarche active d’insertion culturelle, ils sont déjà implantés à Poitiers, et ne sont pas près de s’arrêter !

Concernant les investissements, les villes-ports en particulier entament de grands programmes de développement, reconquête et mise en valeur de leur patrimoine pour attirer les capitaux chinois : ainsi Hambourg, qui accueille déjà la centrale européenne d’une grande société chinoise, mais aussi Le Havre, qui reste dans la course.

Mais les (futurs) investisseurs chinois ne sont pas les seuls convoités, Nantes Métropole a lancé fin mars un nouveau site : Nantes développement. L’investisseur peut par ce site accéder aux ressources foncières disponibles dans les zones d’activité. Bientôt sur e-bay ?

Certes, les opérations de marketing territorial avaient déjà investi incidemment le monde virtuel, et les plus petites collectivités territoriales n’étaient pas en reste, des initiatives promotionnelles qui ont d’ailleurs parfois défrayé la blogosphère.

Avant de développer l’économie des territoires eux-mêmes, la promotion territoriale par Internet constitue pour le moins une nouvelle niche économique pour les développeurs en tous genres. De beaux jours, donc, pour les enchanteurs des médias, qui vont pouvoir embaucher des stagiaires, que l’on espère pas trop zélés afin d’investir la niche économique de la guerre des clics du marketing territorial.


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