Médias, noctilien... et sortie de l’Etat de Droit...

par Den
mardi 14 avril 2009

Quand l’information continue d’être manipulée par des médias n’abondant désormais que dans un même sens... plus de contradictoire, plus de débats, de la simplification à l’extrême et l’évitement des sujets qui fâchent....

A titre préliminaire, il est normal, au vu de sa qualité de policier que le « diffuseur » initial de la Vidéo soit inquiété et sanctionné. Sur ce point le débat devrait en rester là, certains vont invoquer des arguments de nature un peu bancal relatif à la protection du secret de l’instruction, il faudrait d’abord savoir si une instruction est actuellement en cours. Dans des cas extrêmes, est invoqué le droit à l’image… c’est un peu cocasse d’invoquer le respect de la vie privée pour quelqu’un qui commet une infraction d’une telle violence… Si on ne peut plus malmener quelqu’un tranquillement, où va-t-on ?!

Accessoirement, on ne s’est pas posé la question du secret de l’instruction pour ce qui est du policier britannique lors du G20... deux poids / deux mesures.

Ce qui n’est pas normal, c’est encore une fois la façon dont les médias abordent le sujet :

 - Que cette faute professionnelle occulte le fond du problème, à savoir la réflexion sur une violence inouïe en présence d’un certain nombre de témoins pour un butin dérisoire. On notera d’ailleurs qu’on est bien en présence d’une bande organisée au sens de l’articule 132-71 CP (« Constitue une bande organisée au sens de la loi tout groupement formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’une ou de plusieurs infractions. » - Il suffit de se reporter au passage 1.45 à 2mn de la vidéo où l’on voit les « pourparlers préparatifs » entre auteurs). Les journalistes ont de plus en plus une approche superficielle des choses et s’abstiennent bien souvent d’analyser les tenants et aboutissants des sujets abordés pour en extraire ce qu’ils considèrent sans doute comme la substantifique moelle du sujet… 

- Que soit occulté, et ici, la gravité de cet « oubli » est toute aussi importante voire plus, l’insulte proféré (oui oui, de nombreux sites répercutent la polémique sur la diffusion sans répercuter les propos entendus ; d’autres les reportent sans commentaire aucun) à savoir « sale français de merde ».

De nombreux commentaires (vus sur Le Figaro, Libé, le Nouvel Obs.) vont même jusqu’à soutenir (avec un tel appoint !) qu’il n’y a aucune connotation raciste à cette insulte, la nationalité française n’étant pas une race.

Certes, sauf que, et il apparemment très utile de le rappeler, l’article 225-1 du code pénal énonce : « constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. » 

Il y aurait une légère contradiction à appuyer logiquement et avec force la sanction du policier résultant de l’application pure et simple du cadre légal… pour être tout à coup bien mollasson sur l’application pure et simple de l’article 225-1 susvisé….mais bon, en l’absence d’analyse journalistique poussée, on n’est pas à une contradiction près…

Là où ça devient très grave, c’est lorsque (oui j’insiste je sais..) cet article 225-1 est occulté car de toute façon il y a une « récupération par l’extrême droite ». La vidéo ayant été postée sur le site d’un bloggueur connu pour être proche du FN, ce simple fait de "forme" vient souiller le "fond" qui du coup n’aurait plus aucune valeur (ceci venant sans doute expliquer le silence de nombreuses associations pourtant habituellement très réactives).

Le Code Pénal devrait ainsi être écarté sous prétexte que son application est aussi sollicitée par des extrémistes ?? 

Dans cette hypothèse, chacun n’étant plus, systématiquement (id est sous réserve de la récupération extrémiste ou non), soumis au respect du droit, la France perdrait purement et simplement sa qualité d’Etat de Droit. A méditer.


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