Mélenchon et Cohn-Bendit, l’épouvantail et le joker de Nicolas Demorand et Léa Salamé à la matinale de France-Inter

par Octave Lebel
lundi 18 février 2019

 

En pointillé, chaque jour, à petites touches impressionnistes, dessiner le cadre des élections qui se préparent en désignant les bons et les méchants.

Ce matin du 18 février 2019, sur France inter, Daniel Cohn Bendit, l’invité du jour, est en forme, ragaillardi. Il avait été contrarié par des gens en jaune qui ne pensaient pas comme lui. Las d’attendre un peu d’attention de ceux qui sont chargés d’informer le pays, ceux-ci s’étaient mêlés désormais à leur façon de ce qui les regardait. Et quand, lors de sa fameuse tournée des médias audiovisuels sur le sujet (que feraient les français sans les lumières de Dany ?), certains citoyens porteurs de gilets jaunes, accédant pour la première fois à l’espace médiatique qu’ils subventionnaient avec l’ensemble de leurs concitoyens depuis toujours, l’avaient poussé dans ses retranchements et avaient contesté ses certitudes, ils les avaient trouvés idiots et méchants.

Mais laissons ces mauvais souvenirs, Dany est régénéré. Il est content de lui et content tout court. Cela s’entend. Il y a de quoi. La France a la chance de connaître un débat démocratique. "C’est exceptionnel" se réjouit-il. Emporté par son élan, il rappelle que tous les écologistes français sont dogmatiques (dans le domaine, c’est une caution, il s’y connaît) et que le modèle allemand avec ses coalitions si pratiques que toute idée un peu dérangeante s’y dissout, c’est quand même bien mieux. Que la vraie écologie efficace c’est celle qui s’accommode du fonctionnement existant de l’économie et non pas avant tout des savoirs qui se développent chaque jour et une force de transformation qui monte et s’imposera. "Sinon, cela se saurait" confirme-t-il. Il annonce sans que personne ne lui demande rien ce matin qu’il n’est pas candidat aux européennes, "pour calmer le jeu" dit-il, tellement certains se sentent déboussolés sans lui. Donc on peut encore espérer en concluent ses vieux compères, rigolards, Nicolas Demorand et Léa Salamé.

Quand même, une contrariété a gâché le weekend de Dany, une nouvelle manifestation d’antisémitisme avec ces foutus gilets jaunes en plus. Ne cédant pas au déferlement des inévitables nuées médiatiques qui électrisent maintenant ce genre d’événement pour mieux retomber ensuite, il montre un certain recul et réexplique patiemment le tissage des causes qui alimentent l’antisémitisme. Loin des récupérations en tous genres et de la compétition précipitée des postures morales à laquelle désormais on assiste malheureusement à chaque fois. Ses deux compères eux ne loupent pas l’occasion d’évoquer "l’axe rouge-brun" et tous les trois en conviennent très vite, ce diable de Mélenchon qui a mis 24 heures pour réagir et condamner est quand même suspect. Comme une bêtise tel un sparadrap qui vous restera collé aux mains. Quelqu’un a parlé de récupération ?

 Et alors ! Pourquoi laisser passer l’occasion ? Certains auditeurs pensent que vous ne mettez pas assez souvent en garde les français contre le danger que représente Mélenchon. Vous ne profitez pas assez du pouvoir que vous donne le micro que vous tenez chaque matin à une heure de grande écoute. C’est utile, indispensable à la préservation de notre démocratie. Mais cela ne suffit pas. Le danger est sous-estimé et la résistance risque d’être prise au dépourvu. Vous oubliez souvent de signaler que Mélenchon est la réincarnation de Robespierre, qu’il ne dédaignerait pas non plus serrer la main à Poutine tout en s’inspirant de Donald Trump, qu’il a un jour dit du mal du DalaÏ Lama, oui du Dalaï Lama ! Au bénéfice de qui ? Vous voyez bien le danger. Cet homme parle souvent de ses adversaires lors de meetings, à l’Assemblée Nationale, avec une voix forte ou même en criant. Cela montre non seulement qu’il n’est pas souvent d’accord avec eux mais aussi qu’il est méchant et donc possiblement dangereux. Ne peut-on pas dire que c’est un pandémonium à lui tout seul, franchement ? Il a été applaudi un jour à l’assemblée nationale par Marine Le Pen, ce qui révèle la collusion. Les autres aussi l’ont applaudi, c’est vrai sauf LREM. Mais, c’est parce qu’il leur a fait peur. Cela a été dit et répété sur votre antenne. Mais pas assez. Savez-vous que ce monsieur veut mettre carrément fin à l’Europe, qu’il risque de nous embrouiller avec les allemands, les allemands et qu’à la première alerte, il ira se réfugier au Venezuela ou à Cuba pour instituer un gouvernement en exil.

Il ne daigne plus venir parler dans vos micros par manque d’honnêteté et de gentillesse de votre part, dit-il. Eh bien, c’est bien fait, ne vous laissez pas attendrir, rappelez-vous la légende du gremlin. D’ailleurs, n’hésitez pas à utiliser cette fable pour édifier vos auditeurs. C’est un populiste, vous l’avez dit mais pas assez fort. Il raconte qu’il faut partager un peu mieux les richesses au lieu d’expliquer que certains plus que d’autres par leur travail et leurs capacités sont capables d’acquérir plus de richesses dont ils font finalement bénéficier la collectivité au mieux. Que ce n’est pas facile et que l’on devrait leur être reconnaissant et les aider. Il veut réellement combattre la fraude fiscale, harmoniser les taux d’imposition dans l’Union Européenne, arrêter les prêts à 0% faits aux banques par la Banque Centrale Européenne.Et pourquoi pas harmoniser toutes les cotisations sociales des travailleurs détachés, n’importe quoi. Il ne trouve pas juste qu’avec 30% des voies, on obtient 70% des députés en France. C’est un dangereux populiste une fois pour toutes. D’ailleurs, si vous voulez l’énerver, traiter le de populiste. Vous le faites déjà mais continuez de plus belle, n’ayez pas peur. En fait ce sont vos auditeurs qu’il s’agit de persuader.


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