Nique ton Zemmour

par LM
jeudi 23 avril 2009

Un obscur rappeur français sans talent s’achète un prénom sur la tête d’Eric Zemmour, bouillant polémiste agité de droite. Dans une « chanson » lyrique, il offre « un billet » à qui fera taire le chroniqueur. Mais un billet de combien ?

On sait que les rappeurs niquent. C’est plus qu’un fonds de commerce chez eux, c’est une philosophie, une religion. Leur mère, leur père, leur sœur, leur copine, les flics, Sarko, les amis de Sarko, les banquiers, la pluie, le pétrole, les idées, Molière, Racine, Baudelaire, l’OM, le PSG, les rappeurs niquent tout ce qui bouge. Ce sont des serial niqueurs. C’est leur ambition dans la vie, niquer. Une ambition qui découle du peu de moyens intellectuels dont ils disposent pour faire autre chose, sans doute. Sauf s’acheter des « caisses » et des chaînes en or qui tuent.

Récemment, un rappeur bidon dont le nom évoque un pays de l’ex bloc soviétique, Orelsan, disait pis que pendre de sa copine dans une chanson qui a provoqué l’ire des bien pensants à qui il en faut peu, il est vrai, pour s’agiter. Aujourd’hui c’est un jeune homme intitulé Youssoupha qui fait le buzz en proposant à qui veut un billet pour « faire taire » Eric Zemmour. Lequel Zemmour a pris langue, convoqué son avocat qui porte plainte. Youssoupha, lui, jure ses grands Dieux qu’il ne pensait pas à mal, « faire taire » dans sa cervelle à lui signifie seulement moucher le chroniqueur sur un plateau télé, en aucun cas lui envoyer une balle dans la tête. C’est vrai, ça, sommes nous bêtes : quand dans un film de gangster dont les rappeurs raffolent un boss ordonne de faire taire tel ou tel gêneur, il demande juste à ses lieutenants de lui donner la réplique. Décidément, on ne comprendra jamais rien au rap et à ses subtilités langagières !

Évidemment Youssoupha se fout de nous, et évidemment Zemmour a en partie raison de porter plainte. En partie seulement, oui, parce que son acte donne bien trop d’importance à un personnage secondaire, un rappeur de seconde zone qu’on aura oublié ou enterré dans quelques mois. Mais sinon, il faut porter plainte, parce qu’il y en a marre que sous prétexte d’œuvre artistique d’un niveau d’ailleurs très discutable, certains écrivent et chantent n’importe quoi. Pour un « j’appuie sur la gâchette » de NTM, combien de bouses écrites avec les pieds, injurieuses et crasses, qui n’ont même pas le mérite d’être drôles ? Et quand bien même on tombe parfois sur un rappeur qui sait lire ou entendre, qui a quelques lettres, style Abd Al Malik, il nous délivre au nom de Brel et de Ferré, une sirupeuse mièvrerie morne et triste comme une demi finale de la Coupe de France entre Rennes et Grenoble.

C’est un peu ça le rap français : une sorte de Ligue 1 de la chanson, sans acteurs d’envergure qui survit tant bien que mal, à coups de fautes grossières et d’arbitrage à la rue, avec ça et là, dans les bons jours, quelques incidents dans les tribunes, entre racistes blancs et extrémistes de couleur.

Après Cali, Youssoupha : Zemmour n’a pas les ennemis qu’il mérite.


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