PAF dans le pif du Paf !

par ÇaDérange
mardi 15 janvier 2008

C’est une annonce parmi toutes celles faites par Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse qui a la plus surpris. Si vous lisez ce blog régulièrement, vos savez déjà que je ne comprends pas vraiment pourquoi nous devons payer une redevance obligatoire (! !!) pour disposer des chaînes qui sont des clones de TF1, avec le même temps de publicité que sur TF1. Par ailleurs, est-ce vraiment une des fonctions régaliennes de l’Etat de fournir tous les jours leur becquée de programmes télévisuels aux Français ? Je comprends bien la motivation historique, qui était de contrôler l’information en faveur du gouvernement en place, mais est-ce encore utile de nos jours alors que nos médias présentent une large majorité d’opinions monocolores, de toutes façons plutôt hostiles au gouvernement élu par les Français.

Mon idée de l’évolution de nos chaînes publiques, tout en étant proches de celles exprimées par Nicolas Sarkozy - des chaînes culturelles type BBC - ne nous voyait pas y parvenir par les mêmes moyens. Mon idée était de réduire la présence publique à une chaîne française culturelle et une autre (TV + radio) destinée à faire parler la voix de la France à l’international, le tout financé par une part de publicité et une part de redevance (éventuellement non obligatoire) et de privatiser les autres chaînes pour financer celles qui resteraient.

Le président a choisi une autre approche, la suppression totale de la publicité, le maintien de la totalité de nos 5 chaînes y compris la chaîne radio, et le financement par l’impôt. Reste bien sûr à trouver où prendre les impôts puisqu’il n’y aura pas de rentrées nouvelles.

On commence donc à faire les comptes après cette annonce surprise. Coût de la suppression de la publicité télé + radio : 830 millions d’euros. S’y rajoutent les programmes à créer ou à acheter pour combler les minutes d’antennes qu’il va falloir remplir à la place de la publicité. Pour les 5 chaînes, cela fait 3 h 30 par jour, soit une centaine de millions d’euros. A compenser également le coût des 300 personnes de la régie publicitaire du service public dont les postes disparaissent pour une cinquantaine de millions d’euros. Bref un petit milliard d’euros à trouver !

Côté recettes, parmi les pistes mentionnées par le président, celle du doublement de la taxe existante sur le chiffre d’affaires publicitaire des autres chaînes privées de 5,5 % à 11 % ne devrait rapporter que 200 millions d’euros. Car elles sont déjà un peu saturées en terme de temps d’antennes publicitaires (90 % de taux de remplissage pour TF1 et M6). Ca risque donc d’être les chaînes de la TNT qui récoltent ! II faudra donc taxer, ce qui marche d’abord et ce qui a un lien plus ou moins lointain avec les programmes télé. Vous avez compris, la vache à lait du moment, les télécoms !

Les opérateurs télécoms (internet et téléphonie) ne s’y trompent pas qui connaissent déjà l’appétit de l’ogre politique pour mettre la main sur leur cassette et qui ont exprimé immédiatement leurs "très vives préoccupations". Il est vrai qu’ils vont devoir fournir 300 millions d’euros au minimum pour financer le projet présidentiel.

Reste donc à trouver le demi-milliard manquant qui ne sera pas facile à trouver. Parmi les commentaires autres sur cette décision, la crainte du manque d’espace publicitaire face à une demande forte qui devrait se traduire par une augmentation du prix du spot publicitaire, surtout en prime time. La crainte exprimée par certains que cela se traduise par une absence de moyens pour les chaînes publiques qu’ils voient de ce fait se replier à terme sur elles-mêmes. D’autant plus que les recettes récoltées via des taxes nouvelles transiteront par le budget de l’Etat où il ne manquera pas de candidats pour les phagocyter !

Nicolas Sarkozy serait également favorable à ce que la chaîne nouvelle internationale France 24 n’émette plus qu’en français, alors qu’elle émet actuellement en anglais, espagnol et arabe et obtient ses meilleurs scores dans ces langues étrangères.

Dernier détail, la redevance qui risque de devenir la variable d’ajustement même si sa collecte pose problème. Signalons qu’en Allemagne ou en Angleterre, la redevance pour les chaînes publiques est nettement plus élevée qu’en France, 204 et180 euros par an respectivement !

A suivre avec attention car l’annonce du président pose plus de questions qu’elle n’en résout et ouvre une période d’incertitude pour tous les acteurs du PAF actuel.


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