“Pan sur le bec !” Le Canard pris en flagrant délit de propagation de mensonge sur l’Iran

par Jonathan Moadab
jeudi 31 mai 2012


Quelle ne fût pas ma surprise en ouvrant le Canard Enchaîné de ce mercredi 30 mai ! Il se trouve que dans un article courageusement écrit sous le pseudonyme traditionnel du journal “Jérôme Canard”, j’ai relevé la trace d’un des symptômes les plus fréquents chez les médias qui ont perdu le goût de la vérité : le fait que le Président iranien, Mahmoud Ahmadinedjad aurait appelé à”rayer Israël de la carte”. Entendons-nous sur le fait que cette mise au point ne vise aucunement à défendre le FN mis en cause dans l’article intitulé “Ces candidats brun Marine” (voir le scan ici) dont la citation provient, mais bien d’en finir avec un mythe moderne.

Voici la citation du Canard Enchaîné :


"Une profession de foi messianique, également, selon laquelle la destruction "immédiate et totale" d'Israël (ça rappelle quelque chose) aboutirait au "retour de la paix dans le monde".

Cette citation est une parfaite illustration de la rhétorique de l’évidence que dénonce Thierry Guilbert dans son ouvrage L’« évidence » du discours néolibéral. Analyse dans la presse écrite à propos des éditoriaux et chroniques, mais qui s’applique aussi ici : “Il peut donc sembler curieux de chercher à analyser le fonctionnement de l’évidence dans un genre journalistique aussi orienté. Or, ma thèse est que la force d’évidence (…) procède justement du paradoxe entre sa signature et les arguments utilisés entre une parole individuelle et présentation collective, entre un point de vue particulier et l’utilisation du bon sens. Ce paradoxe, au sens fort du termen “contraint” le lecteur à prendre en charge le sens des énoncés et produit une coresponsabilisation du dire (ce qui est effectivement perçu et compris non le simple sens des mots utilisés), si le [journaliste] disait : “C’est moi qui dit, mais c’est nous qui parlons.”

Il est donc évident que ce “quelque chose” n’est autre que le fameux bout de phrase “rayer Israël de la carte”. Or, et cela est connu depuis plusieurs années, Mahmoud Ahmadinedjad n’a jamais prononcé ces mots. Ainsi que l’ont démontrés de nombreuses études (Cherchez sur Internet, c’est aisément recoupable), dont celle de Yaakov M. Rabkin publiée dans la Revue Internationale et Stratégique dirigée par Pascal Boniface à l’été 2008, les propos du Président ont été pervertis. Mais preuve que cette information n’était pas liée qu’à des milieux “conspirationnistes” ou “antisémites”, elle a aussi été relayée par Dan Meridor (ministre du renseignement et de l’énergie atomique israélien) dans une interview donnée à Al Jazeera à la mi-avril (ceci a même été relayé par Le Point !) :


 

Le Canard vivrait-il dans une grotte et n’aurait pas eu vent de ces informations ? Se serait-il fait intoxiqué par un grossier mensonge dont une simple recherche sur Internet permet de démontrer la fausseté ? D’ailleurs, la façon dont ce mythe est utilisée (sans même citer la phrase), prouve que celui-ci est fortement ancré dans l’esprit des lecteurs. Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés…

Cet article et la grave erreur qu’il pointe a été transféré au Canard, qui saura j’en suis sûr, le mentionner dans son prochain numéro dans la rubrique “pan sur le bec !”.

Jonathan Moadab
La Gazette d'un Robespierriste
Membre du Cercle des Volontaires


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