Pascal Sevran en plein sévice public
par LM
lundi 11 décembre 2006
La France et ses ligues protectrices de tout et de n’importe quoi se sont découvertes un nouveau nazi, en la personne de Pascal Sevran, cloué au pilori pour avoir dérapé sur l’Afrique, ses bites et sa misère.
A chaque mois son nazi. A chaque semaine son raciste, son antisémite, son eugéniste. Cette fois ci, c’est le chantre de la chanson française, l’enlumineur du verbe beau et de l’air juste, le gay douce France du service public, Pascal Sevran, qui s’est vu traité de toutes les ignominies par les défenseurs de l’ordre moral qu’en d’autres terres on aurait nommé ayatollahs. L’objet de ce courroux (coucou) ? Une interview donné par l’animateur dans Var Matin, où il était interrogé sur un passage de son dernier ouvrage en date « Le privilège des jonquilles » que voici que voilà : « Le Niger. Safari-photo insoutenable. Des enfants on en ramasse à la pelle dans ce pays (est-ce un pays ou un cimetière ?) où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé au monde. Neuf enfants en moyenne par couple. Un carnage. Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va. La mort est au bout de leur bite. Ils peuvent continuer puisque ça les amuse... » Le journaliste varois s’étant sans doute ému de ce passage « imbitable » il demanda à Sevran quelques explications et celui-ci répliqua : « Et alors ? C’est la vérité ! L’Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. Il faudrait stériliser la moitié de la planète ! ».
Voilà pour les faits, voilà pour les propos. Pas de quoi fouetter un chat, même noir. « Le privilège des jonquilles » est en librairie depuis presque un an, et personne, ni le CRAN, ni la LICRA ni le DOM ni la Tribu K, ni François Reynaert du Nouvel Observateur, ni Albin Michel, ni le PS, ni SOS Racisme, ni la SPA, ni Greenpeace, ni Que Choisir, ni le Kop de Boulogne, personne ne s’est ému de ces lignes : « La mort est au bout de leur bite. » Ni en janvier, quand le livre est sorti, ni en février, ni jamais. Onze mois plus tard, sur la simple foi d’une interview où pour la première fois un journaliste semble relever cette phrase peu élégante, certes, peut-être choquante, mais rien de plus, juste une impression d’Afrique qui en vaut d’autre, Sevran ne voit pas de raison de s’excuser de l’avoir écrit, et se « justifie » de manière un peu outrancière. Et là, c’est l’avalanche. Comme jaillissant des starting-blocks, les « collectifs » et les « ligues » de toute sorte se précipitent alors sur l’animateur, le prennent à la gorge et ne le lâchent plus. « Eugéniste », « Raciste », « Con », « Abject », « Pauvre mec », les insultes pleuvent sur l’ex mitterrandolâtre devenu récemment ami de Sarkozy. Ce dernier retournement d’ailleurs explique sans aucun doute la virulence des réactions de certains socialistes, qui ne pardonnent pas à Sevran son nouveau choix politique.
Mais l’indignation ne suffit pas : tous vont plus loin et demandent à De Carolis de virer Sevran jugeant ses positions « incompatible avec la notion de service public » ce qui ne veut rien dire, évidemment. C’est quoi, le « service public », une idéologie ? Une secte ? Une religion ? Qui peut encore croire que le service public est « investi d’une mission » ? Le lynchage continue et le collectif DOM (Tom ?) écrit à Chirac pour lui demander de retirer à Sevran son « ordre national de la Légion d’honneur ». D’autres demandent à Sarkozy de se désolidariser de Sevran, et de dire publiquement qu’il ne saurait recevoir le soutien d’un raciste. Plus d’émission, plus de décoration, plus de politique, plus d’amis, une main devant une main derrière, Sevran est prié de s’exiler, en évitant si possible les excités de la Tribu Ka qui ont clairement annoncé qu’ils s’en prendraient à « cette raclure ». On croit rêver. Enfin, rêver...
Il est très instructif en tout cas de remarquer que dans ces concerts d’indignations bien orchestrées on observe très souvent le mariage de la carpe et du lapin, des labradors et des pitbulls, des bonnes âmes et des intégristes, des pudibonds et des inquisiteurs. Tous se retrouvent, pour de plus ou moins bonnes raisons, pour mordre les mollets, ou la gorge, du « scandaleux » qui ne saurait vivre en paix, sinon libre. Quand ils dénichent une proie, ces fanatiques là ne la lâchent plus. Et l’infamie colle à la peau de « l’infamant » plus sûrement que Nessus à sa tunique. La marque est là, sur le front, indélébile, inaltérable, à la vie à la mort. Sevran est condamné, à perpétuité, comme Dieudonné, comme Renaud Camus, comme d’autres, « pointés » eux aussi, pour les mêmes raisons, ou presque, accusés de tout et surtout du pire. Il ne s’en sortira pas. Parce qu’en face de lui, ces communautaristes tarés, ces « communautarés », sont puissants, habiles, procéduriers et influents, et brandissent toutes sortes de cadavres pour révéler l’ignoble. Ils ne s’embarrassant pas de demi mesure, de maîtrise ou de justice, seul compte pour eux l’impact, le symbole, l’effet. Le titre lamentable de France Soir, au lendemain des propos de l’animateur, « Heil, Sevran ! » est une parfaite illustration de ce procédé : on caricature la caricature, on autrancie l’outrance, on force le trait à un point de non retour qui accable sans procès, sans échappatoire la personne visée. Ce n’est pas du journalisme, c’est de la propagande, de la calomnie, qui n’a pour seul objectif que d’empêcher les gens de réfléchir pour les confronter à l’insurpassable, à l’ignoble, à l’impardonnable surtout. Dans cette course à l’indéfendable, l’accusation de « nazisme », ou d’ « antisémite », ce qui revient au même, est insurpassable : c’est le nec plus ultra de l’opprobre, le top du top du bannissement. Celui qui s’aviserait de prendre la défense d’un « nazi » serait à son tour qualifié de nazi. On en sort plus, et l’on rend rigoureusement impossible une éventuelle réhabilitation. « Nazi », « antisémite », « raciste » on l’est pour la vie. Sans appel.
Donc, Pascal Sevran est mort. Flingué (comme Dieudonné depuis Fogiel) par une ribambelle de ligues hétéroclites qui ne servent à rien sauf à ronger, peu à peu, grignoter les libertés individuelles plus sûrement que toutes les politiques dites « sécuritaires » mises en place depuis dix ans. On pourrait allègrement se passer du CRAN, de la Tribu Ka, de la LICRA, et de bien d’autres de ces groupuscules qui depuis quelques années distribuent trop légèrement des bons et surtout des mauvais points aux uns et aux autres. Ils rendront impossible l’humour, ils rendront impossible la parole aussi, sur « certains sujets » comme ils disent : on ne parlera plus d’Israël, de la Palestine, de la Seconde Guerre Mondiale, des Juifs, des Musulmans, des Chrétiens, on ne fera plus d’humour sur ces mêmes thèmes pas plus que sur les handicapés, les mongoliens, les petits, les gros, les maigres, les blondes, les blancs, les noirs, les marrons, on n’aura bientôt plus droit qu’à une parole médiocre, lisse, arrondie, ce que d’aucuns appellent une « vérité officielle ». Tous se dissimulent derrière de nobles causes (l’esclavage, l’exclusion, la lutte contre les discriminations) pour nous imposer leurs vérités, pseudo historiques, qui n’aboutiront qu’à une division irréversible de notre société, en parcelles de haines et de soupçons permanents, infondés, débouchant inévitablement sur des actes violents. Toute pensée sera alors celle d’un clan, d’un groupe, d’un parti ou d’une secte, sûre de son fait et repliée sur elle-même. C’est l’intelligence qu’on assassine, et sans doute demain le Web qu’on attaquera, tant sa parole totalement libre est parfois légère, crue, décalée et non respectueuse des « nouveaux dogmes » en cours d’installations par ces néo-cons moralisateurs.
Sevran n’a rien dit, rien écrit qui ne mérite son exécution. Juste quelques paroles trop libres, trop enlevées...ou trop franches. Rien de plus. Il n’est ni con, ni une raclure, mais un écrivain pas manchot, et un animateur loin d’être bête. Il a présenté ses « excuses ». On devrait en rester là mais il sait très bien que la tâche de s’effacera pas de si tôt, il connaît suffisamment la lâcheté des ses inquisiteurs pour savoir que c’est pas demain qu’il sortira du noir, ni de leur bite.
Sevran est un cas parmi d’autres de ceux qu’on estime « infréquentables » ou « nouveaux réactionnaires » en tout cas présentant « un risque » dans une société que les censeurs souhaitent, dans tous les sens du terme, stériliser.