Peut-on anticiper l’effondrement de la puissance informationnelle de la machine médiatique ?

par Singe conscient
lundi 2 septembre 2013

Syrie. Le pays est sur toutes les lèvres, qu'elles appartiennent à un répétiteur ou un libre-penseur, et sur tous les claviers, qu'ils appartiennent à un téléphone ou un ordinateur. Dans ce cas, évidemment, se dégage une position intellectuelle officielle adoptée, ou non, par la population française. C'est bien ce « ou non » qui balancent, avec la force d'un chimpanzé en quête de reconnaissance, des coups de poing dans le torse de la machine médiatique dont les poumons se vident brusquement.

TF1

Vérité officielle contre capacité de réflexion

Il y a dix ans, il aurait été plus juste de parler de "toute-puissance" mais la machine médiatique a vraisemblablement perdu de sa superbe. Par cette appellation générique, je désigne arbitrairement tous les médias, peu importe le canal qu'ils utilisent pour postillonner, reprenant la ligne de conduite dictée de l'autre côté de l’Atlantique, par d'ardents défenseurs des droits l'Homme et surtout de sa capacité à transpirer, sang et sueur, pour des profits. Donc, pour résumer très brièvement, Bashard al-Assad est la possession du diable, il « sarine » sa population parce qu'il existe des preuves irréfutables.

Pour autant, les Français apparaissent peu séduits par cette version. Le panurgisme dictée par le(s) gouvernement(s) est une maladie qui a enfin trouvé un vaccin en la personne du réseau numérique. Loin d'être la panacée tant attendue par une minorité grandissante de conscients, il se présente quand même comme le visage défiant d'une population qui se réveille. Là où le doigt des puissants pointent, le regard du peuple ne suit point, enfin moins... enfin y a pas que des veaux en France quoi !

Ainsi, la question se pose ; la machine médiatique va t-elle tomber ?

Soutien du gouvernement à son meilleur ami/outil

Si la machine médiatique exerce une influence se réduisant dans la formulation d'opinions, le gouvernement français croit toujours en elle. Un exemple peut être ? En voici un, éclairant à s'en carboniser la rétine. Selon le rapport annuel public de 2013 (source 1), sur la période 2009-2011, le soutien, ou plutôt l'assistanat, à la presse écrite s'élèverait à 5 milliards d'Euros. Somme apparaissant sans doute excessive en tant de crise. Entre autres, Le Nouvel Observateur a touché annuellement presque huit millions d'euros d'aides. Le Monde, plus gourmand, a lui empoché plus de dix-huit millions d'euros... Difficile dès lors de croire en des journalistes libres de dire et de penser avec une perfusion incessante aussi conséquente.

Par ailleurs, les réunions non-officialisées telles que le dîner du siècle affichent à la figure de toute la France un jeu de relations dangereux pour une profession censée être indépendante. Les tâte-claviers, les gratte-papiers, les racle-gosiers sont autant de dépendants qui tendent la papatte pour recevoir des croquettes. Peu importe le goût de celles-ci, les employés de la machine médiatique, dans une grande majorité, se contenteront de les recracher telles quelles.

De l'asthme pour la machine médiatique

L'optimisme peut-il s'inviter dans les prévisions de l'avenir de la machine médiatique ? L'utopique imaginera un monde où les médias seront totalement indépendants, de pensées et de porte-monnaie. Oublions la partie sur le pessimisme et partons directement sur le réalisme.

Le machine médiatique devrait s’essouffler, tant économiquement que réflexivement. La conscience d'une partie de la population se forge (certes encore trop lentement) avec l'avènement d'un Internet, qui s'affirmera lui dans un futur proche comme tout-puissant dans la cour des médias. Pour cette raison, Internet effraie. Il fait trembler les puissants comme un démon qui corrompt les esprits en les libérant. Pour preuve, en France, l'État pousse à envahir le net (source 2) et veut diriger ses aides vers des projets qui mobiliseront le réseau des réseaux.

Il semblerait que les capacités respiratoires de la machine médiatique soient diminuées. Elle tousse quand les islamistes que nous cherchons à détruire au Mali sont les rebelles en Syrie. Elle cherche à reprendre son souffle quand les bouchons sur l'autoroute sont les grands titres. Elle suffoque quand divers sondages démontrent, dans une moindre mesure, l'opposition majoritaire à une intervention en Syrie pour tuer papa, maman, bébé, leur chat et finalement Bashard al-Assad, après lui avoir trouvé tous les attributs du dictateur génocidaire.

Il est toujours trop tôt pour chercher des phrases chocs à réciter durant l'oraison funèbre de la machine médiatique. Pourtant, d'années en années, elle semble se diriger vers sa place de cimetière, accompagnée peut être du système qu'elle sert. Officiellement, la classe dirigeante française blâme Internet pour sa concurrence déloyale. Informer gratuitement et indépendamment, une honte ! Cette même classe ne s'interroge en revanche que très peu voire pas du tout sur le ras-le-bol d'une population sur l'incompétence des journalistes. Alors les transporter sur Internet est une idée tout à fait futile. La puissance informationnelle de la machine médiatique, autrefois indiscutable, lui est aujourd'hui âprement disputée sur le sujet de la Syrie. Et cette pauvre machine, si bien huilée par le passé, n'a visiblement pas les armes pour lutter...
 

Sources

1 : L'État soutient les médias

http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Rapport-public-annuel-2013

2 : L'État favorise les projets prenant forme sur Internet

http://www.lexpress.fr/actualite/medias/aides-a-la-presse-le-gouvernement-va-favoriser-l-innovation_1265290.html

Jean-Jacques Bourdin qui croit les USA sur parole parce que les services américains, indépendants d'après lui, ont des preuves indéniables, mais bon, on ne sait pas trop ce que c'est et personne ne les a vu ou entendu...

Nota bene :

Vous noterez bien que la visible connivence entre les hommes politiques et la machine médiatique est sûrement responsable de la baisse de confiance, et donc de profit pour cette dernière. Si les aides augmentent en conséquence, c'est le cercle vicieux mes chers.


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