Philippe Val patron de France Inter : l’ouverture en toute logique !

par Sébastien Ticavet
vendredi 3 avril 2009

L’ouverture sarkozyste a encore frappé, et cette fois-ci l’heureux élu s’appelle Philippe Val, nouveau patron de France Inter !

La nomination du directeur de la rédaction de Charlie Hebdo révèle mieux que jamais la réalité de l’"ouverture". L’ouverture, c’est une affaire d’étiquette, mais certainement pas de doctrine. Ne sont cooptés que ceux qui pensent exactement comme le Système, sans en avoir forcément au départ la coloration partisane. C’était déjà le cas bien sûr de Bernard Kouchner, d’Eric Besson ou de Jack Lang. C’est une nouvelle fois vérifié, et ô combien, pour Philippe Val.

Si le Système devait se faire homme, il y a fort à parier en effet qu’il s’incarnerait en Philippe Val.

Philippe Val fait toujours les choses à fond.
Quand il prend la défense du fils du président, il le fait à fond
, jusqu’à congédier son vieux collaborateur Siné et le traîner dans la boue en faisant peser le soupçon d’antisémitisme.



Quand il est européiste, il l’est aussi à fond.
Farouche partisan du OUI à la Constitution européenne en 2005, il écumait alors les plateaux de télévision pour déverser son fiel contre les tenants du NON, pour lesquels il n’avait pas de mots assez durs. Ceux qui s’intéressaient un peu à cette campagne se souviendront sans doute que Philippe Val était le ouiouiste le plus agressif de tous, le plus haineux à l’égard de ses adversaires.

Pour se rendre compte de cette agressivité, qui transparaissait physiquement à l’antenne, voyez ce que pense Philippe Val des Français qui osent exprimer des doutes sur la version officielle des attentats du 11 septembre, celle de la thèse du complot benladeniste : "Il parait que les thèses consistant à nier la réalité des attentats du 11 septembre convainquent à peu près 10% de la population française ce qui, sauf leur respect, fait quand même un sacré paquet de sales cons." (France Inter, février 2009). Il n’y a pas à dire, Philippe Val adore débattre, et respecte ses adversaires...

Ajoutez à cette agressivité innée une dose certaine de mauvaise foi, amenant notre nouveau président de France Inter à prétendre dans un édito de Charlie Hebdo un mois avant le référendum européen que "les quelques innovations de la troisième partie [de la Constitution] tendent plutôt à réglementer l’économie dans le sens de l’intérêt général -trop mollement, certes, est-ce la question ?- qu’à la libéraliser dans le sens des intérêts particuliers". Ceux qui ont lu un peu sérieusement la Constitution ou tout simplement constaté l’impact des politiques bruxelloises sur la vie du pays apprécieront...

En bon penseur unique, Philippe Val est aussi atlantiste. A fond. Perpétuellement en croisade, il se distingue depuis le début des années 2000 par ses prises de position néo-conservatrices et défend traditionnellement une ligne qui ne déplairait pas aux plus faucons des bushistes.

Enfin, Philippe Val, qui n’aime déjà pas le débat, n’aime pas Internet. Mais alors pas du tout. S’inscrivant dans une inquiétante mouvance en plein essor, qui inclut aussi bien une partie du PS (on pense à certains propos de François Hollande) que l’UMP (Nadine Morano en est une parfaite illustration) ou les institutions européennes (la Commission et le Parlement s’inquiètent de plus en plus ouvertement de l’influence de la Toile dans les campagnes référendaires, au profit du camp du NON), Philippe Val vomit Internet, toujours à fond.

Sur ce sujet, il a au moins le mérite d’être constant. Déjà en effet dans un édito de Charlie Hebdo le 17 janvier 2001, il écrivait : "Qui est prêt à dépenser de l’argent à fonds perdus pour avoir son petit site personnel ? Des tarés, des maniaques, des fanatiques, des mégalomanes, des paranoïaques, des nazis, des délateurs, qui trouvent là un moyen de diffuser mondialement leurs délires, leurs haines, ou leurs obsessions. Internet, c’est la Kommandantur du monde ultra-libéral. C’est là où, sans preuve, anonymement, sous pseudonyme, on diffame, on fait naître des rumeurs, on dénonce sans aucun contrôle et en toute impunité. Vivre sous l’Occupation devait être un cauchemar. On pouvait se faire arrêter à tout moment sur dénonciation d’un voisin qui avait envoyé une lettre anonyme à la Gestapo. Internet offre à tous les collabos de la planète la jouissance impunie de faire payer aux autres leur impuissance et leur médiocrité. C’est la réalité inespérée d’un rêve pour toutes les dictatures de l’avenir.", avant de récidiver en février dernier sur France Inter en comparant la Toile à "un égoût".

Parce qu’Internet est le seul espace qu’il ne contrôle pas, où subsiste un débat d’idées qui lui est souvent peu favorable, le Système l’a dans le collimateur.
Et parce que Philippe Val est le Système fait homme, il a fait de cette cible la sienne, sa cible personnelle, qu’il s’est promis d’abattre.

Toutes ces qualités en faisaient un candidat idéal pour l’ouverture sarkozyste. Comme on dirait en langage sarkozyen, il "était fait pour le job".
Il n’est pas certain que les électeurs de Nicolas Sarkozy avaient en tête ce genre de promotion lorsqu’ils mirent leur bulletin de vote dans l’enveloppe.
Il est certain en revanche que les pauvres salariés de la radio publique France Inter, ainsi que les quelques journalistes honnêtes qui y subsistent peut-être encore, seront aux premières loges pour apprécier le personnage...


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