Pierre Carles, le banni, démonte la mise en scène de la réalité
par gordon71
lundi 16 avril 2012
Pierre Carles, ostracisé par tous les médias principaux, nous aide à décrypter le fonctionnement du "quatrième pouvoir", et à se méfier de l'extrême dépendance des médias face aux milieux d'affaires et politiques.
Pierre Carles en 1988, obtient un diplôme de journaliste-reporter d'images de
l'IUT de journalisme de Bordeaux, il a travaillé pour Lyon métropole, pour Bernard Rapp, dans l'émission l'assiette anglaise, pour Dechavanne sur Ciel mon mardi.
En 1992, il effectue un reportage sur la fausse interview de Fidel Castro par PPDA, et commence à trouver son style et sa marque de fabrique : la critique du fonctionnement des médias, les libertés que ceux ci prennent avec la déontologie, et la collusion avec les milieux politiques et celui des affaires.
C'est à cette occasion qu'il commence à se griller auprès des grands médias.
En 1995, il réalise "Pas vu pas pris", où il met à nu d'une part la complicité entre Léotard ministre de la culture et Mougeotte patron de TF1, les deux sont en train de s'entendre sur le futur cahier des charges de la télévision publique.
Le plus intéressant n'est pas vraiment le document de départ qui montre la connivence entre politiques et journalistes, mais les réactions des journalistes à qui Pierres Carles montre ce document, et la gêne occasionnée.
La censure opérée par l'intégralité des médias et de tous les journalistes, y compris ceux réputés les plus intègres, montre la réticence de ces professionnels à parler de cette connivence, véritable tabou, compromission, et nous interroge sur les raisons de cette pudeur.
On lui doit, en 2007 l'excellent documentaire "Volem rien foutre al pais" drôle et extrêmement documenté sur ces pionniers qui cherchent à vivre en marge du système consumériste et qui expérimentent l'autonomie, la simplicité et la solidarité.
Dans le même esprit que pour "pas vu pas pris" -donner à voir les ressorts invisibles de notre société médiatique, et les relais de pouvoir occultes- Pierre Carles a cherché à en savoir plus sur "le siècle" ce cénacle de décideurs, qui n'aime rien plus que la discrétion et même le secret, et qui pour Monsieur Mélenchon n'est que pur fantasme.
"Le Siècle , c’est une société secrète : on n’a pas le droit de dire ce qui s’y passe ou de rapporter ce qui s’y dit, a-t-il ajouté. On peut donc légitimement penser que ce n’est pas avouable. Alors que les journalistes s’y pressent à titre privé, c’est scandaleux. Ils n’ont rien à y faire et nous, nous sommes là pour faire du bruit car on veut qu’ils aient honte. »
Société secrète ? Le terme est lâché, et il n’est pas difficile encore une fois que cela rime avec « pouvoir » et « argent », et pas avec « mode de production » et « révolution. »
Dans la société du spectacle Guy Debord montrait comment notre société transforme le réel en spectacle, et travestit la réalité des rapports sociaux.
Pierres Carles participe de la démarche inverse et cherche à montrer et démonter la mise scène permanente, et la mise à jour de cette fausse réalité véhiculée essentiellement par les médias dominants.
Que ce soit pour l'affaire Merah le "story telling" de l'invasion de la Libye, le coup d'état en Côte d'Ivoire, piloté depuis la France, les exemples ne manquent pas de ces mises en scène par les médias qui présentent une version simplifiée de la réalité.
Il ne s'agit de prétendre que Pierre Carles dit "la vérité", mais il donne à voir les ressorts et les "trucs", qui nous permettent de ne pas prendre pour argent comptant la version "mainstream" des médias, qui bien souvent ne sont pas neutres mais au contraire, sont partie prenante des réalités qu'ils décrivent.