Point sur les statistiques d’AgoraVox et l’avenir du site

par L’équipe AgoraVox
mardi 3 octobre 2017

Dans la période initiale d’AgoraVox, entre mars 2005 et fin 2008, les statistiques de fréquentation étaient enregistrées uniquement au niveau de notre serveur notamment par le biais du logiciel Awstats ; sans donc de logiciel de mesure indépendant. Leur fiabilité n’est donc pas certaine même si, en moyenne, elles paraissent cohérentes avec les statistiques des périodes successives. De la même manière, les estimations obtenues avec l’utilisation de « panels » d’utilisateurs se sont montrées très imprécises essentiellement car les échantillons d’utilisateurs n’étaient pas représentatifs de notre lectorat (Alexa et Statshow par exemple sont essentiellement utilisées par des internautes américains).

Un article que nous avions rédigé en 2009 faisait le point sur cette première période de l’histoire d’AgoraVox et montrait comment, à partir de 2008, il y avait environ un million de visiteurs uniques par mois sur les sites français d’AgoraVox (soit environ une douzaine de millions par an) :

Courant 2008, nous avons mis en place sur tous nos sites Google Analytics afin d’avoir des statistiques fiables et indépendantes (instrument désormais utilisé par plus de 80% du marché mondial). A partir de 2009, nous prenons donc en compte uniquement les statistiques mesurées grâce aux tags de cet outil pour obtenir des statistiques mensuelles et annuelles de fréquentation. Cela dit, pour des raisons techniques, les chiffres qui apparaissent dans le Palmarès des articles sont toujours ceux issus de notre serveur (même s’ils sous estiment un peu la réalité par rapport à ceux de Google Analytics, ils offrent l’énorme avantage de se mettre à jour fréquemment et de permettre ainsi l’agencement de la page d’accueil du site en fonction de la popularité, en temps réel, de chaque article publié).
 
Synthèse annuelle des visiteurs uniques selon Google Analytics (AgoraVox.fr et AgoraVox.tv)

N.B. Pour 2017, il s’agit d’une estimation basée sur les chiffres au 01/10/2017 (11.032.671 divisé par 9 mois et multiplié par 12). Sauf grosse surprise, si cette estimation se confirme, 2017 aura été la 3ème meilleure année en terme de visiteurs uniques depuis 12 ans !

Il est enfin également intéressant de constater comment tous les autres indicateurs de croissance (nombre d’articles publiés, de rédacteurs, de commentaires postés et de modérateurs) ont constamment progressé pratiquement en doublant tous entre 2009 et 2017 :

       Décembre 2009 (chiffres arrondis et issus d'un article AgoraVox)      

       Octobre 2017 (source : Palmarès AgoraVox)       

Ainsi, contrairement à ce que l’on peut lire ici ou là depuis des années, AgoraVox n’est pas en perte de vitesse, de rédacteurs ou de visiteurs. Au contraire.

Un autre indicateur intéressant à suivre c’est le nombre croissant d’articles ou ouvrages consacrés au fonctionnement d’AgoraVox tant en France qu’à l’étranger. En particulier, le modèle d’AgoraVox ou son corpus documentaire ont été utilisés et continuent à être utilisés pour une multitude d’articles ou projets universitaires comme on peut le voir dans l’article « AgoraVox dans la littérature et les médias  ». Plus précisément voici une sélection, imparfaite, de certains :

 

C’est probablement pour ces raisons que le Reuters Institute for the Study of Journalism de l'université d'Oxford a écrit en 2012 que « AgoraVox est un des plus importants exemples en Europe en ce qui concerne les sites web dédiés au journalisme citoyen ». Cette même année, la Helsingin Sanomat Foundation finance une recherche internationale sur les 69 principaux pure players dans le domaine des médias. Clare Cook, de l'Université du Central Lancashire, y décrit AgoraVox comme l’une des plus importantes expérimentations de journalisme citoyen tant en France qu’en Europe. Plus récemment, dans un « Que sais-je ? » consacré à la presse et paru aux PUF en 2016, l'historien des médias Patrick Eveno présente AgoraVox comme le « modèle » des sites participatifs.

En revanche, il y a un indicateur qui est indiscutablement en forte baisse et qui pourrait expliquer la sensation erronée qu’AgoraVox serait en perte de vitesse : le nombre de parutions ou citations dans les médias traditionnels.

Entre son lancement de 2005 et 2008, AgoraVox a bénéficié d’un nombre impressionnant d’articles de presse, d’interventions radio ou TV, ainsi que de conférences publiques. A partir de 2009, à l’exception notable de Frédéric Taddei, pratiquement plus rien. Black-out presque total sauf pour des rares articles à charge ou excessivement orientés dans le seul but de dénigrer ou décrédibiliser notre modèle. Certains articles récurrents d’AgoraVox très critiques contre les médias traditionnels (de manière parfois exagérée peut-être) peuvent expliquer en partie ce « désamour ». Mais la raison la plus probable c’est qu’à cette époque de nombreux médias ont jugé que le journalisme citoyen « pur » était une hérésie inutile, voire dangereuse, qui n’avait pas de sens et qu’il fallait combattre. L'idée sous-jacente étant qu'une liberté d'expression trop importante est dangereuse car elle engendre, au choix, désinformation, complotisme ou conspirationisme... Ainsi, seul un journalisme semi-participatif contrôlé par des « vrais » journalistes est envisageable. Le lancement de « Le Post » (crée et "tué" par Le Monde pour être remplacé par le plus "présentable" HuffPost), Rue89 (par des ex Libé, désormais vendu à L’Obs) ou « Le Plus » (lancé par L’Obs) marquent cette époque.

Paradoxalement, en 2017, la plupart des sites semi-participatifs animés par des journalistes professionnels ont fermé, ont été vendus ou leur modèle collaboratif a été abandonné.

Néanmoins, le modèle participatif « pur » reste fragile. Et si la Fondation AgoraVox, qui demeure totalement indépendante, s’en sort avec si peu de ressources et moyens c’est uniquement grâce à vous qui contribuez en tant que rédacteurs, modérateurs et parfois même en faisant des généreux dons !

AgoraVox vit uniquement grâce à vous, à votre temps, votre énergie, votre passion et vos dons.

Comme l’écrit dans un ouvrage l'ancienne journaliste Florence Vielcanet, AgoraVox est le seul site d'information à avoir repoussé l'offre d'aide des pouvoirs publics. Plus récemment, dans « Sauver les médias : Capitalisme, financement participatif et démocratie » publié aux éditions du Seuil, Julia Cagé, professeur d’économie à Science Po Paris, propose en évoquant le cas de la fondation AgoraVox, un nouveau modèle pour organiser les médias, la « société de média à but non lucratif » (ou « fondaction »), intermédiaire entre la fondation et la société par actions classique. 

En effet, il est indispensable de se réinventer pour progresser et survivre dans la jungle informationnelle.

Si vous souhaitez vous impliquer davantage dans le fonctionnement d’AgoraVox, peut-être même en y collaborant de plus près (bénévolement ou pas), et si vous pensez avoir des idées novatrices ou un projet pragmatique pour innover et ainsi pérenniser notre média citoyen, n’hésitez pas à nous écrire, de préférence par e-mail (fondation at agoravox.fr). Les commentaires restent également ouverts ici bien entendu. Merci également pour les différents articles qui ont été publiés dans les dernières semaines dans l’optique d’améliorer AgoraVox et pour les commentaires qui les ont accompagnés. Ils contribuent grandement aux réflexions en cours. Même si nous intervenons rarement dans les commentaires, nous les lisons attentivement.


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