Points de vue inconciliables ?

par C’est Nabum
samedi 27 juin 2015

Fictif-Reportage

Le lecteur sera informé ...

Voici un échange qui n'a sans doute jamais existé, une simple illusion fictive, un improbable instant d'égarement. Les moulins à vent rencontrent rarement les preux chevaliers de la plume informative et si par extraordinaire, cela se pouvait, ils ne parlent pas la même langue, l'échange tournant plus court que ces fières ailes adossées à notre vent de galerne. Alors, amusons nous simplement à mesurer ce qui les sépare et qui sera toujours un abîme de perplexité !Toute ressemblance avec des personnages réels ne serait naturellement qu'une malencontreuse coïncidence ...

 

Journaliste : Bonjour, j'ai cru comprendre que vous aviez organisé un rendez-vous de lancement d'un nouvel ouvrage et que la presse ne s'était pas déplacée. Je suis journaliste et je souhaiterais réparer cette erreur ; je n'ai malheureusement pas reçu d'invitation pour ce rendez-vous aux Terrasses de Loire.

Nabum : C'est gentil de votre part. J'ai très mal vécu l’absence générale de toute la presse locale, dont certaines personnes, qui avaient promis de venir. Nous nous rencontrerons certainement en une autre occasion. Merci.

Journaliste :Je n'étais personnellement pas au courant du rendez-vous, je ne sais pas qui a traité l'invitation dans notre rédaction

Nabum : Je ne doute pas un seul instant de faire partie des gens à éviter pour un certain nombre de raisons ... Renseignez-vous avant de faire cette démarche, je ne veux pas vous créer de soucis.

Journaliste : Je ne connais pas vos antécédents. Mais il me semble qu'un de mes collègues avait fait un article sur vous l'année dernière ?

Nabum : Votre collègue avait fait un papier surtout parce que c'était dans un restaurant dont je ne souhaite pas citer le nom. Je ne suis pas dupe ... Le lendemain c'était une brève ridicule qui parlait vraiment du livre. L'article, si article il y a , évoquera ce que j'écris et non ma personne qui n’intéresse pas vos lecteurs. Allez constater sur la toile ce que sont les écrits de C'est Nabum et laissons le personnage réel dans l'ombre. Votre collègue avait trahi son engagement de ne pas me prendre en photographie de face ... Un détail, mais qui illustre bien les difficultés avec votre organe de presse.

Journaliste : Bon, d'accord, je vois le genre. Moi, je voudrais bien parler du livre, parce que je lis de temps en temps ce que vous écrivez. mais on parle toujours du livre par le biais de son auteur, car il est Orléanais, donc avec une photo. Si c'est trop compliqué, tant pis...

Nabum : Je vois le genre … Je goûte assez peu cette formule ! Jusqu'à peu, étant enseignant, je ne voulais pas voir ma trombine dans le journal. Les choses ont évolué mais je constate cette incroyable confusion entre la tête de la personne et ce qu'elle fait. Votre formule atteste que mon point de vue ne passe pas. C'est bien dommage. L'écriture n'est pas un concours de respectabilité. Nous pourrions en discuter longtemps. Pourquoi faut-il que toute personne interrogée hérite de sa photo dans votre journal ? Est-ce une manière d'établir un premier jugement pour le lecteur ? Est-ce encore une façon de placer l'interrogé en situation de réserve car il peut être identifié par des lecteurs ? Cela n'est naturellement pas neutre. Vous ferez comme bon vous semble. Ce sont mes écrits qui sont importants à mes yeux et pas ce que je suis

Journaliste : Pour moi la formule "je vois le genre", ici, signifie "je comprends ce qui a pu se passer avec mon collègue ».

Nabum : Ce soir-là, votre collègue a dû téléphoner à la rédaction pour accepter mon exigence et il n'a pas tenu son engagement. Son premier article parlait du Girouet et du mystère Nabum. Rien sur le livre naturellement. Le lendemain deux lignes pour justifier son déplacement ... J'ai la prétention incroyable de vouloir qu'on parle de mes histoires et non de moi.

Journaliste : Je vous envoie le lien de cet article

Nabum : Regardez le compte rendu du lendemain ... Le fond est évité ici au profit du superficiel, de l'anecdote, du racoleur. Je pense avoir droit à plus d'égards. Mais peut-être me trompé-je sur la fonction d'un compte rendu de lecture.

Journaliste : En réalité, on ne rédige que très peu de comptes rendus, et toujours très courts, car le journal estime que l'intérêt du lecteur est d'abord d'être informé d'un événement pour pouvoir s'y rendre.

Nabum : Alors les dés sont jetés. L’événement est passé. Nous n'avons décidément pas les mêmes conceptions et je crains que nos positions ne soient inconciliables. Je persisterai donc à défendre ma vision de la culture dans l'indifférence de votre organe de presse

Journaliste : Très bien, mais le lancement d'un livre est différent : l'événement est la sortie du livre, que les gens peuvent se procurer ; on peut en parler même après coup. Mais, étant donné que je ne suis pas sûre d'avoir reçu, à la rédaction, quoi que ce soit qui nous informe de la présentation du livre, c'est doublement dommage. Après, c'est votre vision bien précise des choses, je la respecte, mais c'est difficile de se voir accuser de je-m'en- foutisme après cela. Bref, au moins, on en aura discuté.

Nabum : Je réitère mon invitation à venir en discuter lors de la prochaine fête marinière durant laquelle je conterai ... On ne peut revenir en arrière. ... Mais je demeure sensible à votre désir de me rencontrer même si, vous pouvez le constater, le sujet est complexe.

Journaliste : Oui, bien sûr, on se verra là-bas ce weekend.

Informativement vôtre

 

Ce fameux weekend je n'ai pas eu à en discuter. Ce journaliste m'a, bien sûr, soigneusement évité. Il avait sans doute dû réfléchir. L'information d'abord et la culture locale n'a qu'à bien se tenir. Se contenter de la surface des choses, rester futile et pauvrement factuel. Non décidément, je n'adhère pas à ce programme dérisoire.


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