Polanski fait perdre la boule à Labro et Benichou

par PM
samedi 10 octobre 2009

Les premiers jours de l’arrestation du réalisateur, on a entendu les propos les plus invraisemblables. Une chaîne a particulièrement défrayé la chronique. Direct 8 où Labro et son comparse se sont ridiculisés devant l’Eternel ! Ils devraient tourner leur langue 10 fois avant de l’ouvrir.

Labro est tombé une neuvième fois ! Va-t-il se relever, faire un autre bouquin ?

Il a changé ! Autrefois rigoureux, aujourd’hui : partial, menteur. Son spécial Polanski a atteint des sommets d’âneries- sans compter la désinformation-. Vu la tournure, maintenant, (le cinéaste fait moins recette) feu Labro lui a peut-être offert la prison à perpet.
 
Dès le départ, on se la joue à l’américaine. Derrière l’animateur vedette, sur chaque côté, en arrière plan, deux écrans où l’on voit Polanski, érigée en victime, crucifié par l’oncle Sam

(Langues de Bois, s’abstenir, Direct 8, mardi, 29/09/2009). 
 Le titre de l’émission ? « Légèrement » orienté : « L’arrestation surprise », comme s’il s’agissait d’un cauchemar ! « D’une farce juridique » dixit Guillaume Durand (L’objet du scandale, France 2 Télévision, mercredi 30/09/2009…).
Pas un contradicteur autour de la table des insurgés, bienvenu à la Pravda nouvelle formule (on appelle Brejnev quand on est dans l’œil du cyclone). Des journalistes triés sur le volet ; tous « roulent » pour le cinéaste (« un pour tous, tous pour un »). La corporation est en ordre de bataille. Puis Labro, en grand-maître, distribue la parole, bien décidé à faire basculer l’opinion.

 
« Les enfants de 5, non, mais de 14 ans, euh »

 
 Comme BHL (c’est la même école), il parle « d’acharnement », de «  traquenard » alors qu’il s’agit d’une affaire de justice (extradition pour des faits graves- viol sur mineur-) : « (…), Il y a cet acharnement des fonctionnaires du comté de Los Angeles, qui sont là, qui regardent, tiens ! Il (Polanski) arrive à Zurich  ». La gestapo ?

 
Le délit de fuite de son « champion  », le mandat d’arrêt international : passés à la trappe (on n’éclaire pas le peuple, voyons). C’est Carole Barjon du Nouvel Obs qui fera le boulot, bon gré mal gré.

A Bertrand Delais, il fait répéter la profession de foi : « Il faut que l’intelligence l’emporte  » sur la bêtise (le procès). En d’autres termes, effacer l’ardoise, libérer l’artiste sans condition. «  On ne va pas l’emmerder avec ce truc ! » renchérit Benichou.

A propos de l’enfant violée, Labro lance une boule puante : « Une histoire avec une fille au cours de laquelle d’ailleurs, on n’est pas sûr qu’il n’a pas été manipulé »…. Polanski 44 ans, victime malgré une enculade féroce sous sédatif sur une môme de 13 ans ! Personne pour moufter.

Au contraire ! Benichou se joint à la fête : « Je voudrais qu’on vive notre siècle  ». (l’évolution des mœurs, adapter la protection de l’enfance aux besoins de la braguette ?). D’ajouter, cynique : « (…) Rien ne ressemble plus à une fille de 13 ans qu’une fille de 15 ». Un « aveu de connaisseur » ? Puis se lâche lorsque sa voisine prononce le mot «  crime » : « Les enfants de 5 ans non, mais 14 ans, euh !  ».

Une apologie du viol ni plus ni moins ! Pas un bruit dans la salle ! Aucune des deux journalistes (des femmes) pour traiter Benichou de « porc » ! On rêve ! Langue de bois s’abstenir ou langue de pervers ? Labro pour tempérer la libido de son chro-niqueur est aux abonnés absents.

La shoah, Staline pour expliquer la bite de Polanski et l’abandon des poursuites

Personne non plus pour dire à cet abruti qu’aux Etats-Unis, les relations sexuelles avec un mineur, même consentant, sont un crime imprescriptible. 95 C ou pas. 
 
Dans une tirade à n’en plus finir, le même Benichou explique les problèmes de « bite » de Polanski par la Shoah, le stalinisme, l’assassinat de sa femme, une enfance malheureuse : « Roman Polanski a été marquée comme son pays la Pologne par toutes les horreurs du siècle. Il a été marqué par le nazisme (…) le stalinisme (…) Il fréquentait un peu des hippies, dans cette folie américaine (…) on ne raconte pas l’horreur de la drogue et de la violence où sa femme a été éventrée, massacrée (…) quelque chose d’horrible ! C’est un homme qui a tout eu, toutes les douleurs du monde.. ». Ca vaut bien la relaxe, quoi !

 
En métronome, Labro, aux anges, reprend la main : « Qu’on lui foute la paix (…), il a fait des chefs d’œuvre, son dernier film est magnifique » (un coup de pub au passage). C’est vrai, Tess est au dessus des lois (normal, c’est lui qui les fait). 
 
Pour montrer que le rapport de force penche en leur faveur (que le droit est dans l’erreur, ils réinventent la démocratie- l’art a ses raisons que la démocratie ne connaît pas-), l’animateur balance « (…) Tout Hollywood est derrière l’artiste ». Intox dira le Monde quelques jours plus tard, enquête à l’appui : «  La pétition en faveur de Roman Polanski, lancée en France, a bien reçu quelques signatures en provenance d’Hollywood, mais peu : Martin Scorsese, Woody Allen (il vit avec sa fille adoptive), John Landis, David Lynch, Alexander Payne, Wes Anderson, Darren Aronofsky, Julian Schnabel... Les stars d’Hollywood ne tiennent pas à risquer leur popularité. »

(Le Monde, 07/10/2007 in L’Encombrant Polanski). 

 
Carole Barjon regrette la ligne de défense du comité de soutien !

Enfin, Carole Barjon porte l’estocade sur ce plateau où l’on marche sur la tête : Vol au dessus d’un nid de coucou (on sentait l’ombre de Nicholson planer). Où le «  communautarisme » se croit encore au festival de Cannes. Elle ne "jette pas la pierre" à l’ami Roman, non ! Pas plus qu’elle ne condamne le comportement sexuel du martyr ! Après avoir évoqué vite fait la «  pédophilie… quand même », la journaliste d’investigation déplore la ligne de défense du comité de soutien : «  Le véritable argument, c’est de dire que la victime a retiré sa plainte ». La pétasse…aurait aimé qu’on la consulte avant !

L’émission se termine en eau de boudin. «  On conclut ! ». On en envie de vomir. On assiste à ce que Nietzsche appelle l’inversion des valeurs. Un casting de rêve : la victime cassée, l’agresseur canonisé, des « élites » nullissimes.

Les arguments sont si bidons que Maître Témine, l’avocat de Polanski monte au créneau : « Les soutiens dont il a bénéficié, aujourd’hui, lui nuisent. Nous souhaitons que les juges suisses sachent s’extraire du lynchage médiatique qui n’est pas compatible avec la sérénité dans laquelle la justice doit être rendue ».

(France Info, mercredi 7/10/2009).


Un discours show biz qui agace d’Ormesson lequel, sur une chaîne publique, injecte, un peu de morale. « Les mœurs évoluent bien sûr, mais il y a des choses qui n’évoluent pas. C’est le mépris pour l’autre, c’est le refus de la dignité de certaines gens, le racisme, le mépris des femmes, le mépris des faibles (…) Il faut être toujours du côté des plus faibles. (…) Je le crois fortement, et il faut trouver qui est le plus faible. » Lafontaine.

D’enfoncer le « coupable » avec élégance : « La victime, c’est (…) peut-être moins Polanski que la jeune fille (…) un grand cinéaste n’est pas au dessus des lois (…) je reconnais qu’un écrivain peut dire ce qu’il veut. Mais je ne pense pas qu’un artiste puisse faire absolument ce qu’il veut, voilà. »

(Vous aurez le dernier mot, France 2, samedi 03/10/2009).

Enthoven, Jean-François Khan font la peau à BHL


La bonne nouvelle (Polanski aura fait du bien) : Raphaël Enthoven prend ses distances avec son ex-beau-père (BHL) qui s’en est pris plein la gueule par contumace, les absents ont toujours tort : «  C’est juste un débat de droit, tout simplement avec un crime qui (…) dans un certain cadre juridique n’est pas prescrit, tout simplement et qui par conséquent, doit faire l’objet d’une investigation et d’un procès ». Et toc pour celui qui convoquait « les Saintes -Ecritures, des villes refuges (Jérusalem ?) » pour échapper à la justice laïque ! (Voir Europe 1, lundi 28/09/2009, BHL "Une erreur de jeunesse, peut-être").


Le philosophe (Enthoven, c’en est un, lui) étrille à coup de citations, un père roublard, en fin de « carrière  », arc-bouté sur les passe-droits, la morale à jet continu, les digressions à gogo : « Mais enfin, il est quand même dans l’intérêt de la justice comme disait Hannah Arendt que le procès ait lieu effectivement et qu’il (Polanski) ne se dérobe pas (…). On confond la morale et le droit, que ce soit pour dire, c’est un traquenard policier ou bien que c’est une Amérique puritaine, ça n’est pas la question. Le droit n’est pas une affaire de morale  ».

Une démonstration qui a trouvé preneur chez Marianne. Jean-François Khan dans son éditorial, s’en prend aux Pieds Niquelés de la « société du spectacle » : Labro, Benichou, Kundera, Bruckner, Nicole Garcia, Rushdie, Adjani, Bellucci, Almodovar…

 Tous ces signataires, corvéables sur commande, qui n’aiment la démocratie que quand elle leur cire les pompes :

 «  Toutes les corporations sans exception y compris les huissiers, les plombiers zingueurs et les coiffeurs pour dames sont conviées à légitimer à exiger l’impunité totale pour l’un des siens poursuivis pour viol sur mineurs.  » (Marianne, …).

 Après le Bal des Vampires, le bal des cons ?

 P.M


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