Pour Alain Duhamel, protectionnisme rime avec racisme !

par Sébastien Ticavet
mercredi 22 avril 2009

Alain Duhamel a encore fait très fort dans sa chronique mardi 21 avril sur RTL.
Evoquant l’incident de Durban, qui a vu l’ambassadeur de France quitter la séance pour protester contre un discours du président iranien, l’indéboulonnable journaliste a réussi par un tour de passe-passe assez incroyable à mettre sur le même plan la "tentation" du protectionnisme, avec celle du racisme et de la xénophobie (ses propos sont exactement les suivants : "on sait qu’on est dans une grave crise, et que dans des crises de ce genre, il y a toujours des tentations de protectionnisme, de nationalisme, de racisme, de xénophobie").

Pourquoi Alain Duhamel a-t-il choisi d’établir un lien implicite entre protectionnisme et racisme ? Quel rapport entre les deux ? Nous avons d’un côté une attitude individuelle, condamnable d’un point de vue moral et fondée sur l’existence de préjugés, et de l’autre une théorie économique qui prétend viser l’efficacité et le bien-être.
Il n’y a donc strictement aucun rapport entre ces deux notions, qui se situent sur des plans radicalement différents.

Quand le prix nobel d’économie 2008 Paul Krugman promeut un protectionnisme raisonné, il n’est pas raciste. Quand le sociologue Emmanuel Todd et l’économiste Jean-Luc Gréau défendent un point de vue comparable, ils ne sont pas davantage racistes ou xénophobes.


En réalité, Alain Duhamel est suffisamment cultivé et intelligent pour savoir tout ça. Sa petite phrase n’est évidemment pas le fruit de l’ignorance ou du hasard.
Glissée au milieu de 3 minutes 45 s de chronique, elle vise à décrédibiliser le combat protectionniste en l’assimilant inconsciemment dans les esprits à une attitude de rejet de l’autre, de fermeture sur soi, attitude qui confinerait au racisme et à la xénophobie.

Alain Duhamel, comme ses pairs de la bien-pensance, sait bien que le protectionnisme connaît un véritable renouveau dans la pensée économique. La crise qui débute est largement le résultat d’un libre-échange généralisé qui a oublié les nations et les protections légitimes, particulièrement en Europe où l’Union européenne a poussé à l’ouverture sans retenue.

Il faut donc sauver le soldat libre-échange. Et pour y parvenir, tous les coups sont permis, y compris les comparaisons et les insinuations les plus fallacieuses.

En vérité, l’argument du "racisme et de la xénophobie" est couramment utilisé dans le débat public pour compromettre des propositions qui dérangent le pouvoir en place.
Ainsi, soulever la question de l’immigration et celle des échecs patents de l’intégration est assimilé à du racisme, ce qui clôt immédiatement le débat et pousse à l’autocensure. 
Dire que l’immigration est depuis des décennies prioritairement réclamée par le grand patronat soucieux de disposer d’une main d’oeuvre abondante pour faire pression à la baisse sur les salaires et les droits sociaux, est presque impossible pour la même raison.

Derrière cette petite manip’, on retrouve bien sûr ceux qui profitent à fond de ce Système et qui ont intérêt à ce que rien ne change. Maquillant leur volonté de maintenir le statu quo en un combat moral, ils parviennent parfois à tromper quelques naïfs persuadés de servir le "Bien" en épousant leur cause...

Alain Duhamel n’a donc pas fait preuve d’une très grande originalité. Il a utilisé une vieille technique qui a malheureusement fait ses preuves.
Ce qui est assez nouveau en revanche, c’est d’avoir pris comme cible le protectionnisme. Preuve qu’en haut lieu on s’inquiète de sa popularité croissante... 
 
Le Vrai Débat

Lire l'article complet, et les commentaires