Prisma recule devant la fronde des journalistes
par Olivier Bonnet
vendredi 31 mars 2006
La direction de Prisma Presse a tenté d’imposer une censure a priori sur les livres écrits par les journalistes du groupe, avant de reculer partiellement, devant l’ampleur de l’indignation générale.
Encore une affaire de pressions sur les journalistes ! C’est le quotidien 20 minutes qui lève le lièvre le premier, le 21 mars dernier : une note interne à Prisma Presse (Gala, VSD, Voici, Capital, Femme actuelle, Géo...) exige que les livres écrits par les journalistes du groupe "ne comportent aucune orientation ni interprétation politique", ni ne "mettent en cause un quelconque des partenaires ou annonceurs publicitaires du groupe". Les synopsis, puis les manuscrits, devront être soumis à la hiérarchie pour qu’elle accorde - ou pas - l’autorisation de publier. L’intersyndicale SNJ-CGT monte aussitôt au créneau, dénonçant une "atteinte à la déontologie professionnelle des journalistes".
Citée par 20 minutes, Sophie Bara, avocate spécialisée en droit de la presse et du travail, constate en effet que "ces conditions violent le code de déontologie des journalistes qui impose une réelle indépendance et piétinent la liberté d’opinion, politique, entre autres". Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes enfonce le clou : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. Cet extrait du préambule de la Constitution française s’appliquerait donc à tout le monde, sauf aux journalistes de Prisma Presse" !
La tentation de la censure
C’est une autre maison, Fayard, qui a finalement sorti le récit des déboires conjugaux du couple Sarkozy, opportunément transformé en fiction sous le titre Entre le coeur et la raison.