Pujadas « défaitiste »
par jlhuss
vendredi 28 septembre 2012
Pour sa première grande émission à la télévision, Jean-Marc Ayrault n’aura pas provoqué la surprise. L’homme n’est pas sans talent, le discours se déroule sans grandes hésitations, bien huilé. La forme est belle mais sans fond. Sur ce fond on peut résumer la prestation par l'argument employé et qui fera florès : " Pujadas vous êtes un défaitiste"
En effet le Premier Ministre ne dit pas grand-chose en dehors des poncifs habituels et maintenant un peu éculés. Il a voulu rassurer sur la « réalité de son autorité », la « fermeté de ses convictions ». On assistait plus à une auto-suggestion : se convaincre lui-même.
En dehors de cet exercice très narcissique les Français qui auront suivi l’émission « Des Paroles et des Actes » n’auront pas appris grand-chose les touchant véritablement.
Trois niches fiscales échapperont au plafonnement à 10 000 euros par an : celles relatives à la restauration des bâtiments classés, au financement du cinéma et aux investissements dans les Dom-Tom.. On avouera que ces dispositions ne touchent pas la grande masse.
Si sur les taxes il est resté d’une imprécision héroïque, on aura enregistré le « pas pour l’instant » pour l’augmentation de la TVA et en revanche l’augmentation pour ainsi dire programmée de la CSG pour financer la dépendance.
Le maître mot de Ayrault demeure donc la « concertation » qui pourrait devenir un espèce de « label » : d’abord le dialogue.
Gouverner c’est bien sûr écouter, mais c’est surtout décider et dans ce domaine on reste dans le flou le plus total. « En l'entendant tergiverser, biaiser, faire diversion sur les choix à venir sur le coût du travail, le traité européen ou le droit de vote des étrangers, on ne peut s'empêcher de se demander si la concertation n'est pas, pour Jean-Marc Ayrault, une échappatoire plutôt qu'une solution. » Au passage, contrairement à ce qui était affirmé jusqu'à présent ; il reconnaît que juridiquement le traité européen n'a pas changé par rapport à l'exécré "Merkozy". Il y a finalement des évidences qui s'imposent. Se réfugier derrière l'avis du Conseil Constitutionnel pour refuser un référendum promis est assez cocace lorsque l'on se rappelle les critiques passées sur cette "noble institution"
Il était tout autant évocateur de suivre la séquence sur le déficit et sa réduction à 3% en 2013. Le débat a été introduit il y a quelques jours, sur la place publique par des socialistes et non des moindres : Claude Bartolone, Elisabeth Guigou etc. Les experts jugent que la prévision de croissance sur laquelle le gouvernement se fonde pour présenter son budget est irréaliste et que dans ces conditions la réduction du déficit annoncée l’est tout autant. David Pujadas essaye de lui faire remarquer cette contradiction et s’entend traiter de « défaitiste » pour toute réponse : un peu court quand même. Il ajoute, "Je ne me pose pas cette question." Bien grand lui fasse mais ce sont des questions qui se posent même s’il ne veut pas les recevoir.
Au total il est vraisemblable que sans avoir véritablement rassuré ses amis, Jean-Marc Ayrault n’a pas su dessiner les grandes lignes d’une politique alternative et convaincre les Français