Quand Jacubowicz cite Dieudonné

par Robin des villes
samedi 11 janvier 2014

Hier soir, Vendredi 10 Janvier 2014, j'ai regardé l'émission "Ce soir ou jamais" consacrée à l'affaire Dieudonné. J'ai été choqué par tant de désinformation et je ne m'intéresserai dans le présent article qu'à l'entrée fracassante de monsieur Alain Jacubowicz qui avec sa série de citations a donné l'illusion que Dieudo était un immonde nazi absolument indéfendable, sinon par le défunt Maitre Vergès.

J'ai fait l'impasse sur son introduction, quand il dit que Dieudonné aurait commencé à parler des juifs lorsqu'il "n'a pas trouvé l'argent" pour financer son projet de film sur le code noir. J'espère que quelqu'un d'autre s'intéressera à cette question. Je remarque juste, en revisionnant la vidéo pour écrire ces lignes, que Jacubowicz n'a pas précisé que Dieudonné s'était à l'époque irrité contre le CNC dirigé alors par David Kessler. Cet établissement public à caractère administratif français, qui distribue environ 700 millions de subventions par an (dont 40% pour le cinéma), avait en effet refusé de subventionner son film sur la traite négrière.

Je reprendrai donc de façon précise et sourcée les citations que monsieur Jakubowicz lit dés le démarrage de l'émission. Remarquons qu'on voit alors nettement qu'il lit des notes, et que par conséquent ce n'est pas la faillibilité de sa mémoire qui est en cause et entrons tout de suite dans le vif du sujet :

En janvier 2002, le journal Lyon Capitale interrogeait Dieudonné, qui était alors candidat à l'élection présidentielle. Le journaliste lui demandant :
"Que pensez-vous de la montée de l’antisémitisme parmi certains jeunes Beurs ?"
Dieudonné a alors répondu la chose suivante :


"Le racisme a été inventé par Abraham. Le “peuple élu”, c’est le début du racisme. Les musulmans aujourd’hui renvoient la réponse du berger à la bergère. Juifs et musulmans, pour moi, ça n’existe pas. Donc antisémite n’existe pas parce que juif n’existe pas. Ce sont deux notions aussi stupides l’une que l’autre. Personne n’est juif ou alors tout le monde. Je ne comprends rien à cette histoire. Pour moi, les Juifs, c’est une secte, une escroquerie. C’est une des plus graves parce que c’est la première. Certains musulmans prennent la même voie en ranimant des concepts comme la “guerre sainte”, etc."

Cette réponse a évidemment été tronquée par monsieur Jacubowicz qui a cité uniquement : "Pour moi, les juifs c'est une secte, une escroquerie. C'est une des plus graves parce que c'est la première."
Cela donne ainsi l'illusion que Dieudonné parlait des juifs en tant que peuple, alors qu'il parlait des juifs en tant que croyants du judaïsme. Il aurait d'ailleurs dû dire "le judaïsme c'est une secte". Cette faille lexicale a ici parfaitement été exploitée.
Notons que la LICRA présidée par monsieur Jacubowicz avait alors attaqué Dieudonné mais que ce dernier avait été relaxé.

En févier 2004, je journal du dimanche rapportait les propos suivants :
"Sale nègre, les juifs auront ta peau, voilà le genre de slogans que j’ai entendus. Ce sont tous ces négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et aujourd'hui l'action terroriste qui manifestent leur soutien à la politique d'Ariel Sharon. Ceux qui m'attaquent ont fondé des empires et des fortunes sur la traite des noirs et l'esclavage."

Ici Jacubowicz a encore tronqué et s'est également autorisé une petite retouche :
"Les juifs sont TOUS des négriers reconvertis dans la banque."

Enfin, la dernière citation est la plus croustillante. Là, monsieur Jacubowicz a carrément recomposé toute une diatribe en découpant des mots par ci par là avec ses petits ciseaux, et en les recollant à son gré pour la bonne cause. Après tout, la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?

Voici la vidéo en question, il s'agit d'une réponse à la sortie ambigue d'Eric Zemmour sur les noirs et les arabes pour laquelle ce dernier avait d'ailleurs été attaqué et condamné pour provocation à la haine raciale. Prenez le temps de la regarder, vraiment.

Je me suis donc permis de retranscrire ce que cela est devenu, et ce que monsieur Jacubowicz a précisément cité :

"Les juifs, ces chiens, les gros escrocs de la planète. Il faut être juif pour avoir la liberté d'expression en France. Ils nous ont tout fait, ils nous ont trainé dans la boue, ils nous ont mis à l'état d'esclave, ils nous ont colonisés. C'est tout ! C'est une vérité et dire le contraire c'est avoir peur mais on n'a plus peur, ils nous ont tout fait. Maintenant de toute façon, la mort serait plus confortable que la soumission à ces chiens. On n'a pas à se soumettre. Il faut arrêter. Il faut avancer."

Avouez que d'entrée de jeu "Les juifs, ces chiens !" ça fait flipper. Hitler lui même aurait fait un pas en arrière. Dommage que cette phrase, Dieudo ne l'ait jamais prononcée...

Pour conclure, remarquons simplement qu'après tout cela, quand Jean Bricmont a dit qu'il pourrait répondre point par point à Alain Jacubowicz, ce dernier a indiqué : "Pourtant c'était très objectif hein. Il y a des dates, des lieux.". Il est vrai que la technique est maline, en faisant mine de citer des propos qu'on a soigneusement notés, on donne une illusion de rigueur et d'objectivité. Et même un contradicteur qui connait bien Dieudonné reconnait effectivement des mots qu'il a déjà entendus. Il sent bien qu'il y a un truc qui cloche, mais, n'ayant pas un recueil de citations de Dieudonné en mains, il est dans l'impossibilité de le réfuter avec précision et pertinence. Comme devant un prestidigitateur, on sent bien qu'il y a un truc mais on ne sait pas exactement quoi.


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