Relations difficiles entre Nicolas Sarkozy et France 3

par Henry Moreigne
mardi 1er juillet 2008

Nicolas Sarkozy s’était invité hier soir sur le plateau du 19/20 de France 3. Friand de TV, le président était venu certes pour parler Europe à la veille de la présidence française de l’UE, mais, aussi, pour rappeler à une chaîne traumatisée par la réforme de l’audiovisuel et tentée par une entrée en résistance que le patron c’est lui. L’incident, parce qu’il en faut toujours un avec Nicolas Sarkozy, n’est pas survenu en direct, mais en off, lorsqu’un technicien venu lui installer son micro a ostensiblement omis de le saluer.

Combatifs. L’adjectif se partage équitablement entre les personnels de France 3 venus attendre Nicolas Sarkozy et ce dernier venu défier ces irréductibles de l’audiovisuel. Les syndicats avaient bien fait les choses en mobilisant pratiquement un millier de salariés à l’entrée du siège de France 3. Question de créer l’ambiance les manifestants avaient déployé quelques banderoles et arboraient des tee-shirts frappés d’un « Plus belle la vie sans Sarkozy ». Hué lors de son passage en voiture, Nicolas Sarkozy était donc dans le bain lorsqu’il s’installe dans le studio.

Les participants décrivent une ambiance glaciale. Entre France 3 et Nicolas Sarkozy, ça ne passe vraiment pas. Le site internet Le Post rapporte le malaise d’une rédaction envahie par la crainte de perdre son emploi et, au-delà, l’exaspération face à une venue ressentie comme une provocation.

Récoltant ce qu’il a semé par ses tutoiements abusifs, son manque de retenue depuis son élection, le président de la République n’inspire plus le respect. Pire, il suscite l’impolitesse. Un phénomène devenu un challenge pour « la France d’en bas », soudainement devenue adepte de celui qui sera le plus malpoli à l’égard du chef de l’Etat. Ces gauloiseries de mauvais goût prêteraient à sourire, si elles ne concouraient, une fois de plus, à délégitimer une fonction jusqu’alors sacralisée par les institutions.

Hier soir, c’était donc, en quelque sorte, l’arroseur arrosé. Pour autant, on ne nous fera pas croire que l’Elysée ne se délecte pas de ce type d’incident, en recherchant coûte que coûte à créer le « buzz ». Nicolas Sarkozy est un professionnel de la communication. Il savait parfaitement que sur un plateau TV, même si on n’est pas en direct, les caméras tournent et les conversations, même à voix basse, sont enregistrées.

Au final le président s’est livré à l’une de ces prestations de matador qu’il affectionne. Maniant la muleta avec dextérité, il a fait passer ses messages de façon explicite, en murmurant « en off » entre les dents un « Ça va changer, là » et, en direct, en déclarant ne pas vouloir regarder « le service public comme une petite secte appartenant à quelques micro-organisations. » Les intéressés sont doublement prévenus.


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