Scène de guerre sur Twitter : les « Golden corbeaux »
par Denis Robert
mercredi 8 juin 2016
Cet article est une réécriture du précédent (posté vendredi 3 juin vers minuit) censuré par Facebook, non pas pour son contenu, mais parce que les gens que je mettais en cause ont sorti l’artillerie lourde (des images pornos) pour le faire interdire au prétexte (entre autres) que j’intenterais à leur liberté d’expression. Ce qui est un étrange paradoxe pour des champions de la délation, de l’injure, de l’homophobie, de la pauvrophobie, du sectarisme, de la suprématie de la race blanche, de l’apologie du nazisme (je cite en vrac), du machisme et de l’ultralibéralisme. Les premiers censeurs, ce sont eux. Personnellement, je n’ai fait que sortir de leur bouillon moisi quelques cadavres pour les exposer en pleine lumière. Où est le mal ?
Ces mecs (et ces nanas) n’ont pas supporté que j’intente à leurs privilèges de ricaneurs planqués. C’était bien peinard avant, quand ils pouvaient déverser leur bile sur tout ce qui leur passait dans la courbure.
J’avais reposté cet article sur mon compte Facebook dimanche 5 juin en soirée (18 000 vues en une nuit) mais lundi 6 juin, il est à nouveau censuré pour des propos jugés cette fois « dangereux ». D’où cet hébergement sur le site d'AgoraVox.
Pour ceux qui auraient raté l’objet du délit ou qui voudraient en reprendre une part. Voilà le papier new look et les nouvelles captures d’écran.
Moi, vous me connaissez ? (je reprends la litre d’un magnifique roman de San Antonio), les cons, les agressifs et les sarkozistes, je ne les aime pas…
Les golfeurs et les joueurs de polo volant en Jet privé exhibant leurs mômes, leur blé ou leurs femmes comme des trophées encore moins.
Et les blanc becs arrogants ne jurant que par la loi du marché, non plus.
Les beaufs crachant sur les grévistes, trouvant la loi travail trop cool pour les chômeurs et voulant buter les cégétistes et les sdf, je ne vous dis pas.
Alors quand vous tombez sur des spécimens cumulant tous ces attributs avec en sus une propension à cracher sur les avantages sociaux des fainéants de Français, sur les musulmans qui seraient tous des terroristes, sur une bande d’hypertrophié du bulbe vantant les mérites des paradis fiscaux, vous commencez par vous dire que c’est un gag.
Qu’une telle engeance ne peut exister que dans un cauchemar grolandais…
Vous cherchez le piège, la caméra cachée, le coup monté par « Sauvons les riches » ou le Gorafi.
Et puis, quand vous vous êtes rendu compte que tout est écrit, répété, rabâché et souvent caché sous pseudo sur Twitter, vous commencez par vous dire que Twitter c’est franchement la gerbe parfois. Et vous y plongez comme dans un bain saumâtre. En apnée.
Ce qui va souvent ensemble. Bref. Tel Clint Eastwood dans « Grand Torino », vous posez votre clope sur le coin d’une assiette, vous avalez une dernière rasade de ce qui vous passe dans le Duralex et vous reprenez du service.
Vous appelez deux ou trois amis et vous vous mettez à chercher ce que cachent ces commentateurs excités qui en veulent tant aux femmes, aux hommes, aux chiens, aux pauvres, aux communistes, aux socialistes, aux socialo communistes, aux marxistes, aux cryptomarxistes, aux Trotkistes, à Gérard Filoche et à Léo Ferré.
J’en passe et j’arrête là.
Nous avions déjà entendu les soliloques poussiéreux des nostalgiques de Mao, les discours pontifiants des curés de la sociale démocratie qui n’est ni sociale, ni démocrate.
Ils forment une petite famille sur les réseaux sociaux. Une famille de dissimulateurs. De vantards et de couillons. De pas trop bêtes mais de très méchants. Ce que nous avons découvert dépasse ce que nous avions imaginé.
On en ressort sale et essoré.
Je ne censure pas en écrivant cela. Je ne dis pas qu’il faut interdire ces tweets. Au contraire. Je mets simplement le projecteur sur ce qui est censé être une assemblée de mecs drôles et qui n’est (selon nous) qu’une bonne grosse confrérie de connards qui ripaillent entre eux à l’abri des regards importuns.
Après, si un magistrat veut instruire les incitations à la haine et au meurtre, il peut s’y pencher et ramasser.
En cherchant à savoir qui se tramait derrière les masques de ces ultras du libéralisme sectaire, nous avons percuté (lundi dernier sur Facebook)
Un trader londonien. Et un cadre sup de chez Danone.
Après un premier papier, les retours de flamme ont été violents.
Ce qui nous a poussé à enchaîner.
Aujourd’hui, après avoir hésiter à dénoncer les vannes pourris et le harcèlement d’un petit chef de RTL (tu te reconnais Guitou ?), les bouses d’un cadre de chez Ernst and Young (ça va mon Roger ?) ou d’un fonctionnaire luxembourgeois (alors Willem ?), je voudrai évoquer le cas d’un banquier français et d’un autre trader masqué planqué entre Londres et Singapour.
Le trader signe ses tweets Gordon Gekko, l’agent de change du film Wall Street. Gordon GEKKO @skyzelimit , le « trader le plus abject de l’univers » selon une revue financière suisse http://www.bilan.ch/argent-finances-exclusif/sur-twitter-les-tribulations-du-trader-le-plus-abject-de-lunivers
Alexandre Perrin a la trentaine et un look de gendre idéal pour mamie tropézienne.
La domination sociale ne lui suffisant pas, il aime aussi la domination masculine :
Et ethnique :
Entre Londres et Singapour, Gordon travaille pour http://www.terrafirma.com Son patron avait donné des indications philosophiques intéressantes dans un billet ici http://www.terrafirma.com/guy-hands-view/change-may-define-today-but-what-makes-individuals-and-societies-successful-stays-the-same/. En français : on ne peut pas tout avoir, et pour une société en bonne santé, il faut savoir se concentrer sur la contribution que l’on veut y apporter… Si seulement tu l’avais écouter Alex (tu permets que je te tutoies camarade ?)
Alexandre ne s’est pas satisfait de sa carrière fulgurante de trader, ni même d’attirer l’attention de la presse : http://paris-singapore.com/gordon-gekko-trader-et-exile-fiscal-a-Singapour. Pour se détacher des autres, il a voulu jouer de son anonymat pour casser du « pauvre ». Mauvais investissement. Le cours de Gordon GEKKO est à la baisse. C’est le moment pour lui de se racheter de toute urgence.
Il étale sur les réseaux la liste de ses pathologies. Au début, j'ai cru au Fake. Et à un humour très noir. On peut se faire prendre. Mais sur la durée, la constance des cibles et les répétitions, on ne peut qu’être atterré.
Notre homme est bel et bien Trader. Sur les photos, il ressemble à une caricature des jeunesses UMP ou FN. D’ailleurs Alexandre, le bien éduqué, parle un peu comme ses copains du Front. Il préfère ainsi à l'étudiant noir l'arme qui l'a dégommé.
Car il aurait pu être sauvé. Certains de ses vannes, prises isolément, font rire. Le problème, c’est la répétition, la constance des cibles. Il ne se contente pas d’écrire des tweets drôles, il intervient sur les pages facebook, sur les sites, pratique le harcèlement. Il est suivi par une armée de tarés qui vont des militants identitaires, nazis ou suprématistes blancs. Je vois bien les réponses de la bande de Ze qui le suivait sur Twitter, qui aujourd’hui font mine de ne pas savoir et qui crie à la censure. D’abord s’il était si parodique que ça le Gordon, il n’avait qu’à garder son adresse Twitter. Je vous lis et je note que pour la plupart vous cherchez à vous auto-rassurer. Comment aurait-on pu nous, traders, avocats si intelligents, se faire avoir à ce point ? C’était de l’humour… Oui, de l’humour… Il a bon dos l’humour.
Notre autre « client » du jour est un banquier twitto très impliqué dans le commentaire intempestif sur la Réforme du Code du Travail. Il sévit sur le net, dans les forums sous un masque. Il signe Jabial. De son vrai nom, Joel-Alexis BIALKIEWICZ. Linkedin https://www.linkedin.com/in/jabialkiewicz , Gérant de la vénérable BANQUE DELUBAC & CIE (https://www.delubac.com), et au passage associé-gérant de l'entreprise CAISSE DE COMPENSATION LOCATIVE (http://www.societe.com/societe/caisse-de-compensation-locative-388183626.html)
La Banque Delubac et Cie "s’est développée dans le domaine du financement à court terme à destination des entreprises en difficulté, placées dans les liens d’une procédure, qu’elle soit contractuelle ou collective", d’après le JO http://www.journal-officiel.gouv.fr/pdf/2010/0618/201006181003632.pdf Une banque spécialisée donc dans les liquidations judiciaires et les reprises musclées. Le père de @Bijal, Serge Bialkiewicz, est entré au capital en 1998. (Une hagiographie est disponible ici : http://www.banquedelubac-90ans.com)
Le jeune banquier qui twitte incognito pour casser du gréviste ou du cégétiste, aime s’entourer. Il tutoie le gratin de la finance française, s’amuse de l’idée de balancer à la mer Martinez et les Cégétistes depuis des hélicoptères.
A part ça ? D’abondants retweets anti mouvements sociaux,
Et à l’évidence un gros problème d’antiféminisme primaire.
Notre twitto est également en délicatesse avec les Israéliens qui souhaitent la paix avec les Palestiniens. Il aime (toujours anonymement) menacer de coller son poing et de mettre des raclées à ses détracteurs.
Le twitto qui débarque et lit un ou deux de ces messages peut croire là aussi à une parodie. Mais non… Chez lui aussi, l répétition est épuisante et les cibles très marquées. Cet « humour » s’autodétruit et devient au mieux du cynisme, au pire de l’appel au meurtre et de la pauvrophie. Il pue le rance, le sectarisme, la pathologie.
Puis les menaces.
Nous n’allons pas toutes les reproduire ici. Elles concernent nos familles et particulièrement nos enfants. A la suite de notre publication du lundi 30 mai 2016, quelques-uns ont effacés leurs comptes (Comme le Vice Président Financier du groupe Danone-Eaux, Francois Xavier Lacroix, Alias feu @LacruzFX) et leurs messages.
C’est le cas d’Ali Bodaghi alias @zebodag qui a confirmé son identité lui-même. Il donne dans le trading (ex Lehman Brothers, Société générale) et est passé par la case HEC Paris, encore un. Il est le moins apte à sentir quand vient de temps de se faire discret. La violence de ses propos semble lui échapper totalement. Il scanne et publie son don au Restau de Cœur.
Les pauvres, voyez-vous, il a donné. Il a le droit à présent de les dégommer, de les insulter et de les humilier. Toujours dans le pragmatisme comptable, il n’oublie pas de demander à ses amis s’ils n’auraient pas une calculatrice. Sur 15 000 euros, 77% donneront droit au crédit d’impôt.
Ces Golden Twittos sont des number one de la veulerie.
“Un Festin de con” rien que pour eux. Ils sont tellement incroyables... Tellement pitoyables…
Ils chassent en bande, ont une hiérarchie très particulière, mais aisément décryptable. Ça marche comme au Bar Tabac. Les plus vulgaires emportent la mise. Les modérés s’écrasent. Les minables continuent d’aboyer. Les starlettes likent. Bienvenue dans le monde feutré de ces élites-là.
C’est sans doute ce qui me pousse à persévérer. Je ne cherche pas à les faire taire. Je mets juste un peu de lumière sur leurs bassesses. Où est le mal ?
Une liste de comptes et deux hashtags de soutien au trader démasqué viennent d’apparaître sur Twitter (#Zelist et #Zesoutien).
Ils se sentent outrés et scandalisés par la mise au net des propos nauséabonds qu’ils adressent aux utilisateurs qui ne pensent pas comme eux.
Ces twitos sont fortunés mais ont tous un chef ou une hiérarchie.
Ils travaillent pour toucher leur exorbitant salaire, ils doivent se taper des conseils d’administration, faire des réunions, produire des analyses... Et ils ont au dessus d’eux des actionnaires. Cette caste à part. Ces rentiers qui perçoivent des dividendes sans se bouger. Nos Golden Twittos rêvent de ce niveau où le travail est délégué et le profit encore plus élevé.
Ils le jalousent seulement.
Le remettre en cause voudrait dire qu’ils n’aspirent plus. Ils regardent donc dans l’autre direction : Ceux qui limitent leurs parts de bénéfices.
Ceux qui « pompent » leurs impôts pour avoir des emplois jeunes, des retraites, des hôpitaux, des universités gratuites, de la culture : les « pauvres », les smicards, les chômeurs, les intermittents, les immigrés, les sans- papiers... qui sont ces misérables crapules qui font obstacle à leur ascension.
Ces corbeaux du net ne se contentent pas d’avoir des potes qui trustent les media, ils vampirisent tout espace de discussion.
Sur les réseaux, forts de leur statut, ils distillent un sentiment constant : Nous sommes tous des assistés et les syndicats sont la cause de leur exil fiscal. Ils sont assez efficaces car ils finissent par paralyser les forums de discussion, en pompant une part de leur énergie : tout opposant clairement identifié, qu’il soit journaliste à la RTBF, à Libé, Télérama, aux Inrocks ou militant... est la cible permanente de leurs attaques.
En cela, les saillies de Gordon Gekko, qui s’est renommé ZE Kamarade Gordon, (ZE en signe de soutien au trader londonien zebodag) sont symptomatiques du malaise : difficile de résister à l’envie de le baffer virtuellement.
Tous, dans ce réseau qui fait des émules, avaient le sentiment que leur pseudo les mettrait à l’abri de toute attaque et de toute contestation. Jusqu’au moment où les masques tombent. Là, nos twittos ne ricanent plus et poussent des cris d’orfraie. Ils hurlent au scandale, à la mise en danger d’autrui.
Nos Goldens Twittos sont millionnaires et éduqués. Ils ont tout ce qu'un être humain désire. Pourtant, ils se plaignent. Ils menacent. Ils polémiquent. Insultent. J’avoue que ça me dépasse. Vous n’avez pas autre chose à foutre dans la vie, les gars ?
Au dessus d'eux, il y a le ciel et au delà des cieux, quoi qu'ils en pensent, il a le Saint actionnariat qu'ils doivent nourrir, inlassablement, comme un prolo nourrit sa banque pour honorer ses traites.
Ils sont les petites mains manucurées du capitalisme new look, les ratés de la Noblesse. La caste du dessus ne les acceptera jamais vraiment. Ou alors un pour cent.
Donc ils se vengent. Twittent que les profs sont des “bâtards”. Les femmes “des putes”. Les cheminots, des “mecs à buter”. Mélenchon un suceur de « bites rouges ». Putain ce que c’est drôle, je suis plié.
C’était un de leur privilège, cet anonymat, on les en a privés.
Je n’en veux pas aux riches. Ce qui me dépasse ici, c’est la haine, l’arrogance et le mépris de ceux qui ont tout et qui se cachent pour mieux humilier et insulter ceux qui ont peu ou rien.
Dans les critiques qui nous sont faîtes depuis le message Facebook de lundi dernier et qui reviennent depuis la censure d’hier, l’une d’elle revient en boucle. Nous serions des collabos, des dénonciateurs, des délateurs. « Heureusement que DR n’était pas là en 40, sinon il aurait dénoncé les Juifs » ai-je lu.
Je n’ai pas une seconde le sentiment d’être un délateur. Au contraire. Puisqu’avec eux les point Godwin s’accumulent, filons et poursuivons la métaphore... Tous ces corbeaux du net sont des bouffeurs de gauchistes. Beaucoup tiennent des propos racistes et homophobes.
Certains cumulent et souhaitent carrément un retour à une dictature nationale socialiste.
Et je me dis qu’il vaut toujours mieux combattre et dénoncer avant qu’après.
Denis Robert avec Myriam Tonelotto, Yves Lespagnard et quelques autres