Sept à Huit, loin du journalisme scientifique !

par nicoco
vendredi 27 février 2009

Les journalistes sont friands des questions de santé et des nouvelles peurs autours des technologies nouvelles (antennes relais, wifi, nanotechnologies, OGM…).

Cependant, les journalistes semblent souvent démunis pour appréhender correctement les aspects scientifiques des débats, voire même semblent se laisser influencer jusqu’à devenir, comble, un relais de désinformation.

Le dernier « Sept à Huit » est en cela exemplaire. En effet, cette émission cumule à la fois une simplification excessive (comme souvent dans ce type d’émission) et des erreurs grotesques, à se demander où ils vont chercher leurs informations ?

De la confusion entre courants parasites et champs électromagnétiques…

Ainsi, Harry Roselmack lançant le reportage « Haute tension : danger ? », parle d’une famille d’agriculteurs dont "les vaches sont atteintes de maux jusque là inexpliqués". Pourtant, il n’y a pas à consentir d’efforts particuliers d’investigation pour trouver une raison simple à ce phénomène, qui n’est pas directement lié aux champs électromagnétiques.

En effet, le journal des Jeunes Agriculteurs en 2001(1), parle déjà des problèmes de décharges électriques, qui peuvent rendre totalement fous les animaux (« On observe par exemple des bovins qui marchent « comme des danseuses »).

Ce phénomène, dit « courants parasites », est de nature électrique et non électromagnétique. Il peut apparaître sans ligne haute tension, par exemple lorsque l’installation électrique n’est pas bonne ou que les mises à la terre ne sont pas effectuées. Les lignes à haute tension peuvent néanmoins dans certaines conditions accentuer ce phénomène, puisque les champs électriques et magnétiques peuvent créer du courant induit dans les parties métalliques (barrières, abreuvoirs…). Ce qui se traduit concrètement par de petites décharges comme en subit le reporter dans l’émission (comme lorsqu’on touche quelqu’un avec un pull en laine), la solution est alors la simple mise à la terre.



… à la désinformation tout simplement

Un journaliste n’est pas un scientifique, peut être n’est-il pas capable de faire la différence entre un courant parasite et un champ électromagnétique, mais ne doit-il pas au moins vérifier ses sources ? Apparemment ce n’est pas obligatoire sur Sept à Huit.

En effet, l’agriculteur en question, situé en dessous de la ligne à haute tension, nous montre avec son appareil une valeur de 4 micro tesla, la voix off indiquant que c’est « bien en dessous de la norme française fixée à 100, mais bien au dessus de la recommandation de l’OMS qui conseille 0,4 ».

C’est une erreur incroyable, puisqu’il suffit de quelques clics sur le site de l’OMS pour trouver la valeur de 100(2), la même que la norme française.

Où se sont-ils informés ? Sont-ils allés jusqu’à croire une information en provenance d’une association d’opposants : il s’agirait là de pure désinformation ? Peut-être est ce fait pour monter l’audience ?

Faut-il rappeler aux journalistes qu’une association "indépendante" tel que le CRIIREM et ses "experts" tel que Pierre Le Ruz, ont des objectifs de communication, et que leur crédibilité scientifique n’est en aucun cas reconnue – ils l’admettent eux-mêmes, indiquant que leur dernière étude n’est « pas une étude scientifique mais une enquête citoyenne »(3)  ?

Le journaliste a sans doute le devoir commercial de faire de l’audience, mais il a aussi une responsabilité. Il a le devoir d’informer et de vérifier ses sources. Sur Sept à Huit, les journalistes ayant travaillé sur cette émission ont-ils bien fait leur travail ?

(1) Journal Jeunes Agriculteurs « Courants électriques parasites : A surveiller... sans s’alarmer ! »

(2) OMS - Champs électromagnétiques : Normes actuelles

(3) "Catherine Gouhier, Responsable laboratoire mesure du Criirem reconnait que ce n’est « pas une étude scientifique mais une enquête citoyenne »" dans une interview d’Enviro2B


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