Service minimum au 20 heures de France 2
par Eric-nicolier
lundi 20 août 2007
Le journal de 20 heures de France 2 avait invité Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi.
Compte tenu de l’actualité des marchés financiers, la présence du ministre semblait évidente. Madame Lagarde, décidément très à l’aise dans ses fonctions, a - selon moi - abordé le problème sans trop sombrer dans la langue de bois si aisée dans ces situations.
L’interview, réalisée par Françoise Laborde, a duré quelques minutes. Or, quelques heures plus tôt, le Conseil constitutionnel avait annoncé sa décision de censurer l’article 5 de la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat. Un coup de tonnerre puisque le dispositif sanctionné par le Conseil constitutionnel visait à instituer un crédit d’impôt sur le revenu à raison des intérêts payés au titre des cinq premières annuités de remboursement des prêts. Un volet très important au sein des mesures fiscales mis en place par le gouvernement cet été.
Evidemment, on attendait une question de Françoise Laborde sur ce point.
L’interview se termine et... rien. Pas une seule question. On remercie le ministre et l’on passe au sujet suivant. Effectivement, la décision du Conseil constitutionnel est abordée peu après dans le journal, très rapidement.
Incroyable ! Le mot n’est pas trop fort. Avoir sous la main l’un des plus importants ministres du gouvernement, de surcroît le ministre des Finances, et ne lui poser aucune question sur ce qui constitue à n’en point douter l’une de ses premières vraies difficultés rencontrées depuis l’élection présidentielle est purement ahurissant.
Dans le numéro de cette semaine de Télérama, on lira un article d’Erwan Desplanques, Des JT très Parisien. Son auteur explique que les sommaires des journaux de 20 heures seraient très inspirés de ce qui semble être devenu la nouvelle référence : Le Parisien.
Chacun aura constaté en effet deux phénomènes qui ont affecté le journal de 20 heures de France 2 ces derniers mois : le développement des sujets dits "légers" ou "secondaires", et surtout le raccourcissement des durées de ces sujets.
Le mardi 14 août, Françoise Laborde nous gratifiait d’un sujet incontournable s’il en est : la météo capricieuse pour un mois d’août. Durée : 2 minutes 17. On notera que le sujet précédent, qui constituait d’ailleurs la Une du journal de 20 heures était consacré au... Vent d’Ouest sur les côtes bretonnes. Durée : 1 minute 20.
Le jeudi 16 août, l’info concernant la décision du Conseil constitutionnel occupe seulement 16 secondes. Oui, 16 secondes ! Dans le même journal, un sujet consacré aux simulations automobiles dans les jeux vidéo dure plus de deux minutes.
Ces choix éditoriaux, dont le journal de 20 heures du 16 août a illustré jusqu’à la caricature les excès, sont contestés au sein même de la rédaction de France 2. Ce printemps, un document avait été rédigé et transmis à la direction de l’information dénonçant "le manque d’audace et de cohérence éditoriale de la chaîne".
On promet des changements pour la rentrée. C’est urgent.