Sexe et sport, l’abus de France 2

par Omnibuzz
jeudi 12 février 2009

Carton rouge : Les abus sexuels dans le sport. Un documentaire diffusé dans le magazine Envoyé spécial le 12 février à 20h35 sur France 2.
En pointant du doigt les abus sexuels qui ternissent le monde sportif, le magazine Envoyé spécial aborde le sujet de manière racoleuse et confuse. Comme si, au lieu d’aider à comprendre le problème, il nous en éloignait.
 
C’est récurrent, les abus sexuels dans le milieu sportif défraient régulièrement la chronique. La championne de tennis Isabelle Demongeot est l’une des rares à avoir dénoncé les viols dont elle aurait été victime de la part de son entraîneur. Une instruction est actuellement en cours.

Il est question d’Isabelle Demongeot dans « Carton rouge : Les abus sexuels dans le sport », de Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac et de Virginie Travert présenté ce soir jeudi 12 février dans le magazine Envoyé Spécial.
 
Ce reportage aborde un sujet sérieux, à prendre avec précaution. Un sujet, dixit Télérama cette semaine, « qui peine à émerger dans les médias et particulièrement à la télévision, où les chaînes sont dépendantes des fédérations sportives auxquelles elles achètent les droits de retransmission ». C’est peu dire que ce sujet est donc attendu.
 
Faute d’avoir pu le visionner, rabattons-nous donc sur les quelques informations disponibles sur le site de France 2 : « 10 ans après le scandale du dopage, le sport va peut-être vivre un nouveau tremblement de terre. Une enquête récente réalisée dans les CREPS (Centres Régionaux d’Education Populaire et Sportive) commandée par le ministère de la Santé révèle que près d’un sportif sur trois a été victime de violences sexuelles et que près d’un sur dix a été victime d’une agression sexuelle directe. Faut-il croire à ces chiffres effrayants ? Les abus sexuels, qui peuvent aller du harcèlement moral jusqu’au viol en réunion, touchent aussi bien le sport de haut-niveau que le sport amateur. Une loi du silence implacable règne sur ces affaires. Non seulement les victimes, souvent jeunes et démunies, n’ont pas la force de parler, mais en plus l’omerta et la connivence règnent souvent dans l’encadrement jusqu’au sommet des fédérations sportives ».

L’enquête dont parle le site de France 2, Ytty54, un rédacteur d’Agoravox en a parlé dans son article documenté intitulé Abus - le tiers payant du jeune sportif. Un sujet traité avec sérieux et sans effets de manches.
 
Mais là, que lit-on ? « Tremblement de terre », « chiffres effrayants », « loi du silence implacable », « omerta et connivence »… Tout est fait pour allécher le téléspectateur avec des mots-clés soigneusement choisis.
 
Pourquoi tant de sensationnalisme alors qu’un sujet pareil mérite au contraire une évidente prise de distance ? Pourquoi surtout pointer du doigt les 31 Centres Régionaux d’Education Populaire et Sportive(CREPS) comme autant de lamentables lieux de débauches qui rassembleraient en leur sein toutes les vicissitudes du monde sportif alors qu’ils sont un des éléments du réseau de formation des sportifs (avec, notamment, l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire ou l’Institut National du Sport et de l’Éducation Physique) ?
 
Tant qu’on n’a pas visionné le documentaire dePierre-Emmanuel Luneau-Daurignac et de Virginie Travert, dont on a déjà pu voir naguère des portraits de Fadela Amara ou de Carole Bouquet ou encore un reportage sur le 21 avril 2002, on ne peut évidemment pas juger du contenu de ce reportage, mais pourquoi diable la chaîne le survend-elle avec effets d’annonce obscènes et déplacés à la clé ?

Comme si, là encore, il fallait rester dans le côté clinquant du sport-spectacle, celui qui nous aveugle et nous éblouit, mais qu’on regarde un peu comme un spectcale pornograhique.
 
Pourquoi parler de « loi du silence et d’omerta quand le comité olympique lui-même sur son site reconnaît qu’il y a des abus. Abus que du côté du ministère de la santé on ne songe à nier.

Mieux, on confirme : « c’est un problème réel, explique le service de communication de Mme Bachelot, qui concerne le milieu sportif en général. La ministre s’est emparée du dossier dès sa prise de fonction en 2007 et a commandé un rapport au Laboratoire santé et qualité de la vie (faculté Victor Segalen de Bordeaux) qui doit lui être remis début mars.

Cette étude, précise-t-on au ministère, doit établir de manière objective la réalité de ces abus en milieu sportif. » Réalité ? Selon l’entourage de Mme Bachelot, « il n’y aurait pas plus d’abus sexuels aujourd’hui qu’il y a une ou deux décennies dans le milieu sportif. En revanche il y a plus d’information ».

Le ministère a notamment mis en place une charte de bonne conduite ratifiée par la majorité des fédérations sportives ainsi qu’un numéro vert, le 08 victimes (ou 08 842 846 37) qui a recueilli en 2008 49 plaintes de personnes violentées sexuellement. Sur ces 49 appels, 29 concernent des affaires pénales.
 
Dans les exemples qu’évoquent les réalisateur de Carton rouge, il y a aussi bien les sportifs de haut niveau que le cas d’enfants abusés sexuellement. L’un et l’autre doivent bénéficier d’une écoute adaptée. En ce qui concerne les enfants, ce qui inquiète le ministère « c’est qu’ils ne savent pas formuler, ne savent pas dire ou identifier quand il y a abus sexuel. Il faut que les enfants sachent nommer ». C’est pourquoi il est important d’informer tant sur les lieux où se pratiquent le sport, que dans les écoles. C’est un sujet transversal qui touche l’éducation et la santé.
 
En attendant la diffusion de Carton rouge : les abus sexuels dans le sport, sa présentation biaisée sur le site de France 2, chaîne du service public, contribue à obscurcir une question qu’il est pourtant absolument nécessaire d’éclaircir.
 
 

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