Si la balle est dans le camp du Conseil Constitutionnel (3)

par civis1
samedi 14 février 2009

Sans la liberté d’expression et l’indépendance de l’information la démocratie n’existe plus.

Si les journalistes qui déplaisent peuvent être remerciés, si les préfets doivent devenir des préposés aux murs anti-bruit et anti-manif pour ne pas être déplacés sur un coup de tête, si les quelques voix discordantes de la majorité ne sont pas entendues, si…, si… alors, n’y a-t-il vraiment personne qui puisse faire entendre, à la gouvernance actuelle et au Président qui s’est intallé un trône au coeur de la République Française, que les seules promesses qui tiennent encore sont celles du pouvoir d’achat et de l’emploi et que les options choisies pour y parvenir ne sont pas les bonnes ?

Comment le Président pourra-t-il entendre ces français qui le relèvent de toutes ses promesses de réfome et qu’il peut se reposer ?

Quel siège faudra-t-il installer face aux remparts construits par ses conseillers en cour, le petit monde des journalistes alignés et les lobbies du patronat et de la finance - ceux là mêmes qui ont organisé dans le luxe , la fiesta de leur victoire aux élections ?

Deux millions de français sont venus crier dans les rues le 29 janvier 2009. Combien de fois leur faudra-t-il se mettre aux porte-voix pour arrêter le TGV des réformes annoncées qui aboutirait à la casse idiote et injuste de l’organisation socio-économique du pays et à la marchandisation des acquis sociaux, de la santé et de l’éducation ?



-  Car tout de même ! Chef ou pas, l’état c’est nous ! » Voilà ce qu’ils sont venus crier. Voilà au moins une définition d’ordre sémantique fixée dans le marbre académique dont ils ne peuvent être dépouillés, même s’il existe ailleurs des constitutions et des systèmes électoraux où la démocratie est plus jalousement gardée.

 

L’esprit du Gaullisme et la 5° République ne font qu’un.

Pour évaluer le danger, il faut faire un bond d’un demi siècle en arrière pour se souvenir qu’à l’instabilité gouvernementale des Républiques précédentes, le Gaullisme de la 5° République a répondu en taillant une brèche constitutionnelle dans laquelle peut s’engouffrer une gestion autocratique de l’état et servir par ce biais les plus vulgaires ambitions. Mais jusqu’aux dernières élections, dans l’ombre des acquis sociaux de 1945, les apparences étaient à peu près sauves. « Comme on est on croit les autres ». Si Charles De Gaulle payait ses notes d’électricité à l’Elysée comme on le dit, son autoritarisme naïf reste comptable d’une des faiblesses de notre constitution. Quelle garantie offre la Constitution que le Président locataire de l’Elysée reste dans le même esprit de probité ?

A partir de là, quid d’un chef d’état qui perdrait de vue le souci d’une juste représentativité sous prétexte qu’à un instant T il a été élu au suffrage universel ? Quid de ce principe d’expression de la volonté populaire qui en fonde la souveraineté ? Quid de la faiblesse de cette volonté qui ne peut s’exprimer que par un seul geste tous les cinq ans ? Quid de toute cette symbolique si, une fois le pouvoir confié à une majorité élective et à son président, le peuple n’a plus aucune garantie que l’esprit de la constitution soit respecté ? Quid d’un Président qui, par sa façon de gouverner, perdrait la confiance du peuple qu’il ne pourrait plus réellement représenter ?



Quoiqu’il en soit, du suffrage universel à la française :



Il convient de se rappeler que le Chef d’Etat actuel occupe légitimement ses fonctions avec l’aval d’une majorité de 53,06% de votants (ceux qui se sont exprimés en sa faveur le jour de son élection). Le Président Sarkozy n’est pas sans ignorer qu’en terme de représentativité les calculettes indiquent qu’à cette époque là les 18 983 138 d’électeurs qui se sont exprimés en sa faveur représentent 29,7% seulement des 65 073 482 habitants que compte la France et que la voix et les intérêt des autres 70% de français doivent aussi entendues et préservés.



Le Conseil Constitutionnel n’oubliera pas qu’il lui appartient de veiller à ce que les lois de la République française doivent respecter l’esprit et la lettre de la Constitution ; à commencer par le premier mot de la devise de la République qui pose en principe la Liberté, liberté d’expression et liberté de conscience.

Et une suggestion pour finir ?

Puisqu’il faisait partie de la promotion 1987 de l’ENA "Liberté.Egalité.Fraternité", on pourrait même proposer à Monsieur Coppé, dont la verve didactique, moqueuse et méprisante se fait entendre haut et fort dans les médias publics, de nous en faire une explication de texte à sa prochaine apparition sur le service public. 


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