Stéphane Guillon dégaine, Philippe Val astique la grille de rentrée

par Omnibuzz
jeudi 14 janvier 2010

"France Inter est une radio qui coûte cher à l’actionnaire, qui n’est pourtant pas bien traité par la station ». On le sait, cette phrase stupéfiante a été prononcée par Philippe Val dans une interview donnée au Monde daté du 7 janvier. Est-ce le début d’une tempête dans un verre d’eau ou cela augure-t-il d’une reprise en main de la station publique par Nicolas Sarkozy ?

La saillie du patron de France Inter a fait réagir Stéphane Guillon qui lui a adressé en retour une chronique bien sentie le lundi 11 janvier.
 
Comme Jean-Luc Hees, la patron de Radio France était également visé (sa légion d’honneur était l’objet des quolibet du chroniqueur), ce dernier a aussitôt réagi par média interposé : « J’aimerais aussi rappeler à Guillon que je ne l’entends pas souvent dire du mal des patrons de Canal + (chroniqueur dans Salut les Terriens ! , NDLR), ses autres employeurs. Et pour cause : s’il se le permettait, eux ne réagiraient pas comme nous. Et il perdrait ses 40.000 euros par mois ! « (Le Point du 11 janvier).

Depuis, l’affaire en était restée là, Hees déclarant au passage qu’il ne tient pas rigueur à Guillon - même s’il estime qu’il devrait se renouveler un peu - et rappelle qu’on n’est pas aussi libre sur Europe1. Il en profite aussi, c’est son rôle, pour défendre Val. Bref, le big boss calme le jeu. Mais pas Val qui vient de qualifier d’inacceptable la chronique de Guillon, relançant du même coup la polémique trop vite éteinte selon lui.
 
 
Il n’y a pas de fumée sans feu. Si Philippe Val est en colère, c’est aussi parce que Guillon dénonce dans son papier le changement d’horaire de la grille matinale (le 7/10 devenant le 6h30-10, amputant d’une demie-heure la tranche de Patricia Martin et supprimant purement et simplement la séquence de Simon Tivole.
 
En ligne de mire, Guillon anticipe les changements radicaux que le patron de France Inter compte apporter à la grille d’Inter à la rentrée, sous-entendu pour faire plaisir à « l’actionnaire principal ». Ce dernier, au cas où vous n’auriez pas suivi, n’étant pas le contribuable, mais Nicolas Sarkozy (du moins dans l’esprit de Val, l’ami de Mamie Bruni).

Ce qui ne relève de la cuisine interne est en train de se transformer en polémique pénible, mais révélatrice de l’ambiance délétère qui règne dans l’audiovisuel public en ce moment et de la mainmise de Sarkozy sur celui-ci. Après avoir casé des hommes à lui, il s’agit que ces derniers appliquent son programme.

Face à la société des journalistes (SDJ) de la station, Val, souligne le Figaro, s’en est pris vivement à la chronique et au chroniqueur : « Stéphane Guillon a privatisé l’antenne à deux jours de la première de son spectacle et je trouve ça inacceptable » (communiqué de la SDJ). Le directeur de la chaîne trouve également « odieux » que Stéphane Guillon « aille dire dans la presse qu’il est garant de la liberté d’expression à France Inter (…) C’est nous, collectivement, qui sommes garants de cette liberté ».

Le communiqué de la SDJ rapporte encore ces propos de l’ancien ami de Patrick Font : « Il est faux de dire que j’ai été nommé par l’Elysée, j’ai été nommé par Jean-Luc Hees qui a obtenu des garanties avant d’accepter ». Il rappelle aussi qu’il n’a « pas touché un cheveu » du chroniqueur et que l’éditorialiste Thomas Legrand n’est « pas précisément sarkozyste ».

Val qu’on peut qualifier de tous les noms d’oiseau, n’est cependant pas un imbécile. Méprisant il a déclaré à la SDJ qu’il n’a « pas envie de toucher à Guillon, de mettre les mains là dedans ».

Le scénario esquissé par le chroniqueur est le plus plausible, même si Val dément vouloir changer 30% de la grille lors de la prochaine rentrée la SDJ ne se fait pas d’illusion sur la prochaine nomination de Renaud Dély au service politique.

Ce dernier, écrit Grégory Rzepski sur le site Acrimed « a publié en 2006 un livre intitulé Les Tabous de la gauche (Ed. Bourrin) qui vise à ’dépoussiérer le logiciel socialiste’ et à permettre à la gauche de ’rompre avec le mythe de la rupture’ ». Voilà qui promet de beaux changements dans la station. La SDJ a beau dire à Val que la station a plutôt besoin de journalistes de terrain, Philippe Val lui, n’en démord pas.
 
Il paraît, comme c’est bizarre, qu’Hélène Jouan, la directrice de la rédaction de France Inter est plutôt mal vue à l’Elysée. Dites-moi Val, il faudrait songer à bientôt la remplacer...
 
 

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