Sur Europe1, Fogiel attendait AgoraVox au coin du bois !

par Zorro
jeudi 19 novembre 2009

AgoraVox était, mercredi 18 novembre 2009, invité à participer à un débat de 10 minutes, de 9h 10 à 9h 20, par Marc-Olivier Fogiel dans son émission matinale sur Europe 1, pour donner la réplique au journaliste Hervé Chabalier, directeur de l’agence CAPA. La question angoissante du jour était la suivante : « Les journalistes ont-ils du souci à se faire ? ». L’existence de sites d’informations comme AgoraVox est-elle, en effet, une menace pour la profession journalistique ? La question était également reformulée ainsi : « Est-ce que demain tout le monde sera journaliste ? ». Paul Villach représentait AgoraVox.
 
Un guet-apens ?
 
Il serait cruel de laisser le lecteur dans l’angoisse de l’attente de la réponse à cette interrogation existentielle : oui, après cette émission de dix minutes, il ne fait aucun doute, le débat ne se faisait pas à armes égales. Et même si un autre rédacteur d’AgoraVox, Caleb Irri, pense qu’en réalité tous les participants entretenaient un dialogue de sourds, en écoutant bien l’émission (cf. la vidéo plus bas), on se rend compte que la profession journalistique a du souci à se faire si elle continue à utiliser de pareils procédés.
 
D’abord, la méthode mise en œuvre au cours de ce débat si court, en dit long sur les mœurs de certains journalistes. Le rédacteur d’AgoraVox a été pris littéralement dans un guet-apens : il a dû essuyer le feu croisé d’Hervé Chabalier et de l’animateur de l’émission qui n’a même pas eu l’élégance de se cantonner dans un rôle de modérateur… Est-ce tout ? Non, était également présent un auxiliaire imprévu, le bien connu Guy Carlier. Pour être franc, en écoutant la tournure du début du débat j’ai eu peur que Villach ne fasse pas le poids…
 
Paul Villach a eu en effet à affronter trois comparses qui tiraient sur lui de concert et surtout monopolisaient la parole et lui faisant obstruction en le coupant systématiquement pour qu’il ne finisse jamais son argumentation. Quand 10 minutes sont seulement allouées, la partie n’est pas simple : elle n’est surtout pas égale. D’autre part, alors qu’Hervé Chabalier, était présenté dans sa fonction de fondateur et directeur de l’agence CAPA, Paul Villach n’a quasiment pas été introduit : seul un rapide rappel de son dernier ouvrage « L’heure des infos, l’information et ses leurres », sans même que soient précisés le nom de l’éditeur et sa qualité de rédacteur d’AgoraVox (il faut dire que Villach s’est rattrapé plus tard quand il a commencé à citer AgoraVox pratiquement à chaque phrase ce qui a réussi à énerver le petit Fogiel).

Les refrains favoris et éculés des journalistes 
 
Le guet-apens s’est, en partie, retourné contre les trois lascars embusqués. Ils ont eu tout loisir de réciter, une fois de plus, leurs ritournelles qui a tant fait pour discréditer la profession :
 
1- Hervé Chabalier, qui n’a pratiquement jamais été interrompu quand il prenait la parole, a célébré la spécificité du métier de journaliste qui est non seulement de diffuser des informations, mais d’aller les chercher par des véritables enquêtes. Paul Villach a justement répliqué qu’en réalité les vraies enquêtes, ce n’était pas ce qu’il voyait le plus dans les médias... Il a également rajouté que la maîtrise de l’information n’est pas une exclusivité des journalistes : toute profession et même tout citoyen se doivent de l’avoir.
 
2- Cette observation blasphématoire a suscité les cris d’Hervé Chabalier, soutenu en chœur par le duo Fogiel et Carlier : ce n’était pas cela dont il s’agissait ! Être journaliste est un métier sacré qui permet de vérifier les informations et de les recouper avant de les diffuser en toute sécurité... Carlier rappelait qu’il existait des écoles indispensables pour apprendre cette méthodologie infaillible qui fait le succès, année après année, de notre beau pays dans les classements de RSF. Et Fogiel renchérissait en tant qu’incarnation vivante du vrai journaliste qui vérifie toujours ses sources et qui préfère parfois ne pas évoquer certains sujets dans les médias pour ne pas troubler inutilement son public… C’est alors que Paul Villach, réussissant non sans fatigue à reprendre la parole monopolisée par le trio, à rappelé le B.A.- BA du traitement de l’information qui n’est pas exclusif aux journalistes et qui se présente comme une médaille avec un endroit et un envers. Les journalistes parlent toujours de l’endroit , la vérification et le recoupement de l’information, mais ils ne parlent jamais de l’envers : quels sont donc les critères observés pour diffuser ou non une information ?
 
3- Fogiel s’est alors emmêlé les pinceaux en prétendant que seules n’étaient pas diffusées les informations insuffisamment vérifiées ! Quelle blague ! Touché au vif, il a contre-attaqué en croyant mettre Paul Villach dans l’embarras : avec insistance il l’a sommé de donner un exemple où un rédacteur d’Agoravox s’était rendu utile en livrant une information. Paul Villach a alors rappelé « l’affaire des Irlandais de Vincennes » qui a duré 26 ans et qui n’avait guère été signalée correctement par les médias quand elle a pris fin que par un arrêt de la cour de cassation en septembre 2008. Les lascars ont poussé des cris d’orfraie en prétendant le contraire. Renchérissant, Paul Villach a alors évoqué la légion d’honneur décernée par le président de la République en mai 2009 au lieutenant-colonel Jean-Michel Beau qui avait été présenté à tort comme le coupable dans l’affaire. Quel média en avait parlé ?
 
4- Peut-être dans l’embarras, H. Chabalier a changé de sujet pour chanter la nécessaire entente entre les journalistes et Internet où ils devaient se montrer plus présents. Se tournant alors vers Paul Villach, M.-O. Fogiel l’a sollicité en conclusion pour avoir son point de vue. Celui-ci a rétorqué qu’il existait, selon lui, deux visions de l’information : l’une est celle du pêcheur et l’autre, celle du poisson. Or pêcheur et poisson n’ont évidemment pas les mêmes intérêts : le pêcheur doit utiliser des leurres pour attraper le poisson ; mais le poisson a tout intérêt à reconnaître ces leurres s’il ne veut pas finir dans la poêle à frire !
 
A l’évidence, ce n’est pas demain la veille que la profession journalistique abandonnera ses refrains et sa mythologie. Elle s’y cramponne désespérément et les ressert en croyant pouvoir se défendre alors qu’elle ne fait que se discréditer un peu plus. Surtout, au cours de cette brève émission les actes des trois journalistes ont cruellement démenti leurs propos : ils se sont mis à trois contre un pour tenter de maîtriser un simple rédacteur d’Agoravox, en réduisant son temps de parole. Cette méthode inélégante dit à elle seule comme Fogiel et Carlier craignaient la confrontation : mais, une fois n’est pas coutume, ce sont les « pêcheurs » qui, mercredi matin, se sont fait prendre à leur propres filets.
 

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