Tony Blair bousculé au Grand Journal... Non je plaisante !

par Jean Lannes
mercredi 13 octobre 2010

Hier soir, Le Grand Journal de Canal + recevait Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, pour "Mémoires", son autobiographie. Près de 1,6 millions de téléspectateurs s’étaient réunis sur la chaîne cryptée afin de suivre le « débat », une des meilleures audience de la saison.

En quête de débat et de pertinence, les valeureux téléspectateurs égarés sur Canal à l’heure du repas auront vite fait de s’apercevoir qu’ils étaient sur le plateau de Denisot et pas chez Ruquier – le samedi soir – ou encore chez Taddeï. Futile, creux, promotionnel… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la série de questions et de réflexions proposées à l’ancien chef de gouvernement au sujet des ses écrits. Le plus frappant étant bien entendu la question sensible de l’intervention en Irak.


Car outre-Manche, l’accueil du public n’aura pas toujours été aussi chaleureux que sur le plateau du Grand Journal – notamment en Irlande où, pour ce même livre, Tony Blair a été reçu à coups d’œufs, de bouteilles et de tongues… Cette vive réaction fait suite au fait que ce dernier ne présente aucun regret apparent d’avoir engagé Londres aux côtés de Washington sur le sol irakien. Une décision qui causera la mort tragique de nombreux soldats britanniques tombés pour une guerre qui n’était pas la leur.

Un invité que l’on se doit de choyer

"Je suis profondément désolé pour eux, désolé pour les vies écourtées, désolé pour les familles dont le deuil est rendu plus difficile encore par la controverse sur les raisons de la mort de leurs proches, désolé pour le choix totalement injuste qui fait que cette perte soit la leur". Voilà en gros tout ce qu’il faudra retenir des fameux regrets de l’ancien Premier ministre, qui ne manquera pas d’ajouter qu’il était tout de même juste d’avoir renversé Saddam Hussein. Juste d’avoir envahi un pays qui n’avait jamais touché à un cheveu de quelque citoyen américain ou anglais qui soit. Mais lorsqu’il est question d’argent, de pétrole, de gaz et de Saoudiens, on en oublie les éventuels dommages collatéraux. Enfin bref, le débat n’est pas là.

Pour en revenir au Grand Journal, le sujet aura tout de même été effleuré. Histoire de dire : « On en a parlé » sans réellement en avoir parlé. Chasse à courre, Sarkozy et Napoléon, sexe, alcool… Sans oublier quelques minutes accordées à la défense de Georges Bush. Concernant l’Irak, rien ou presque. Deux questions brèves, aussitôt enchaînées par un sujet moins sensible, plus people, plus Ariane Massenet.

« Vous êtes libre maintenant ? » demandera Michel Denisot à son prestigieux invité. Un invité libre, pourquoi pas, mais qui reste un formidable rabatteur d’audience que l’on se doit de protéger. En gros, Le Grand Journal reste ce qu’il a toujours été, un show, 90% people, 10% politique. De l’infotainment. Un concept de plus en plus courant, voire dominant, dans le PAF d’aujourd’hui.

L’audience et la publicité avant tout. Et à ce sujet, c’est le cas de le dire, l’émission ne manque de rien. Pourquoi alors échanger cela contre de l’honnêteté, de la pertinence et de la vérité ? Après tout, ça ne rapporte rien. Pas vrai ?


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