Un guide pour bien parler à l’antenne
par pierre zimmer
mercredi 21 février 2007
Radio France vient de publier un micro-guide pour aider les journalistes de ses ondes à bien « causer dans le poste ».
Désormais, vous ne devriez plus entendre sur les ondes du service public ce genre de phrases creuses : "De vraies questions afin de susciter de vrais débats au cours desquels de vraies solutions sont proposées qui espérons-le engendreront de vrais changements." En effet, Radio France ou la Maison Ronde (vieux cliché éculé, voir plus loin) veille et vient de publier à l’attention des journalistes de toutes ses radios (France Inter, France Info, France Bleu, Fip, France Musique, France Culture, etc.) un micro-guide qui est une sorte de vade-mecum du bien parler à l’antenne.
Ce petit guide assez savoureux est divisé en quatre parties : des Mots et des Maux, le Mot Juste, le Son des Mots et la Couleur des Mots (pourquoi des majuscules ?). Il est censé (pas sensé) servir à ceux qui "causent dans le poste" et les aider à ne pas tomber dans les maintes chausse-trapes (attention pas de s à chausse et un seul p à trape) de notre belle langue française (évitez de dire la langue de Molière qui est une paraphrase un peu usée... jusqu’à la corde, évidemment).
Non sans humour (les doubles négations sont à bannir), avec humour donc, le guide énumère un certain nombre (combien, soyez précis) de locutions à dire et à ne pas dire : correct et incorrect. Il traque le mot que l’on (pronom imbécile, qualifie celui qui l’emploie) met à la place d’un autre et précise ceux dont le sens est incertain. Il débusque les tics de langage, les béquilles et les liaisons absentes ou mal-t’à propos. Il poursuit sans relâche clichés, lieux communs, locutions usées ou désuètes et autres poncifs. De nombreux pièges de notre langue vernaculaire sont démasqués et les expressions telles beur, black ou feuj qui peuvent nuire ou vexer sont proscrites et remplacées par quelques périphrases du meilleur effet.
Mais les auteurs, qui se sont mis à quatre pour rédiger ce manuel du langage châtié, sont un peu donneurs de leçons. Ils se devraient donc d’être irréprochables. Or, leurs ayants droit sont devenus des ayant-droit (sic), l’adverbe communément est affublé bizarrement d’un accent grave et la ponctuation est un peu flottante et approximative. Pan sur le bec, comme l’aurait écrit Le Canard enchaîné. Mais, ne soyons pas pinailleurs, ne boudons pas notre plaisir et ne nous déguisons pas en Trissotin en faisant une réponse du berger à la bergère, un des lieux communs que les auteurs du guide ont chassé... évidemment avec leurs flèches acérées.