Une caméra sur le bateau

par C’est Nabum
lundi 8 juillet 2013

Le Bonimenteur cabotin ...

La virée marinière dans l'œilleton.

Tout arrive et les plus fortes réticences finissent par tomber devant l'évidence qu'il n'est pas possible de refuser le regard étrange d'une caméra. J'ai toujours voulu préserver mon image, pensant que pour vivre heureux, il était préférable de rester caché. L'adage n'a sans doute pas été conçu pour cette époque sous surveillance, ce monde qui passe son temps à se regarder le nombril.

Je devine que cette introduction vous laisse perplexe. Mais de quoi veut-il nous parler ? C'est bien dans ma manière de faire des détours et des circonvolutions pour en arriver au fait. C'est un jeu auquel je me livre tant l'aventure que j'ai vécu samedi a bouleversé à la fois mes convictions et mes dires. Différer le plus possible l'aveu que je vais vous faire me donne encore un bref instant de répit que je goute avec délectation !

Mais il n'est plus temps de reculer devant ce poids qui pèse sur ma conscience. J'ai fait le pitre devant une caméra de TF1. Voilà, la faute est avouée, mon image qui m'insupporte tant va être livrée l'espace de quelques secondes à une curiosité oubliée dans l'instant. C'est sans doute ce qui me rassure et me laisse croire qu'aussitôt la séquence diffusée, elle tombera dans l'indifférence et moi avec.

Mais pourquoi avoir cédé ? Pourquoi être allé à l'envers de mes principes ? Je pourrais vous affirmer que j'étais pris au piège, que je ne pouvais faire autrement. Ce serait joliment hypocrite, on peut toujours se soustraire à de tels rendez-vous. C'est une fois encore la Loire qui m'a joué un tour dont elle a le secret.

Nous avions un groupe de passagers, embarqué pour une balade sur la rivière, quelques histoires et un apéritif sur une île. C'est un programme que quelques équipages proposent pareillement sur notre fleuve. De Nevers à Nantes, vous trouverez de telles suggestions marinières qui vous permettent d'oublier vos soucis quotidiens tout en vivant un moment particulier avec de bons amis. Pas de quoi fouetter un chat fût-il noir ou bien de déplacer une équipe de tournage.

Est-ce par amitié ou par recherche d'une certaine conception du pittoresque propre à cette chaîne que nous eûmes droit à cette attention curieuse ? Je n'en sais rien. Toujours est-il que bien vite, l'opérateur et le journaliste preneur de son furent totalement intégrés au groupe. Ils prenaient autant de plaisir que nos passagers, riaient aux facéties et goûtaient pareillement le moment présent.

J'étais pris à mon cabotinage habituel et j'en oubliais ce regard inquisiteur qui pour quelques secondes me jettera en pâture à quelques millions de téléspectateurs qui se moqueront bien de ce pauvre guignol grotesque et mal fagoté ! Les dès sont jetés et les images sont dans la boîte tout autant que ma pauvre réputation foulée au pied par cette reculade stupide.

Nous avons oublié cette caméra qui nous a suivis sur l'eau, sur une île, sur le quai et au restaurant. Elle a tout capté, elle va tout malaxer à sa manière pour livrer, de ces presque six heures de tournage, de minuscules fragments qui réinventeront ce moment heureux, parfois truculent. Que deviendront-ils ? Quelle image sortira de l'alchimie du montage ? Il est trop tard pour se poser des questions sans fondement. Ce passé enregistré ne nous appartient plus …

Heureusement, l'amnésie est le propre de ce média. Les images passent tout aussi vite que les souvenirs. Les curieux oublieront bien vite ce reportage, d'autres n'y prêteront même pas attention. Les amis feront l'effort d'être plus attentifs avant que, eux aussi, d'effacer leur disque dur.

Alors, je me donne encore bonne conscience par ce billet inutile qui se donne l'illusion d'être une tempête dans un crâne. Le pas est franchi, il ne mènera nulle part, ce qui ne vaut pas la peine de tourner ainsi autour d'un pot qui n'a n'a aucun intérêt. Je vous ai dérangé, veuillez me pardonner. Je commence à avoir des caprices et des grimaces de vedette, j'ai simplement oublié d'en être une !

Cabotinement vôtre.


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