Une définition lucide du journalisme
par Raphaël
vendredi 23 avril 2010
Dans sa profession de foi, le journalisme est une recherche de la vérité, fondée sur les faits, sans a priori, et sans parti pris. Dans son exercice il est généralement la chronique de l’écume, le relai des versions officielles.
Nous savons que tous les pouvoirs avancent masqués, par définition. Aussi le rôle du journalisme, tel que le présente son propre idéal, devrait être l’exhumation et la publicité du dessous de cartes, quel qu’il soit.
Aujourd’hui, à l’occasion d’une discussion avec une journaliste de TV5, je découvris que l’existence même d’un possible "dessous des cartes" n’allait pas de soi pour elle. La simple idée que des forces autres que celles décrites par la chronique des JT puisse agir lui paraissait douteuse. Dans son esprit, il devait probablement s’agir d’une "théorie du complot", c’est à dire d’une évidente mystification.
Pourtant je n’avançais aucune théorie. Au sujet de la nouvelle crise belge survenue aujourd’hui suite à la démission du gouvernement, je la questionnais sur le dessous des cartes. Qui cherche à faire exploser la Belgique et pourquoi ? Cette simple question lui paraissait incongrue. Les réponses étaient nécessairement dans le JT : richesse des flamands, pauvreté des wallons, rivalité des populations. Mais cette explication me semblait simpliste. Sans connaitre le sujet, il me semblait qu’une enquête approfondie serait justifiée : pourquoi le problème surgit-il en ce moment, quelles forces agissent pour le maintenir en vie, des campagnes d’opinion ont-elles monté les populations les unes contre les autres, pourquoi l’ancien premier ministre, pourtant le seul à réunir un consensus, a-t-il été envoyé en Europe malgré la fragilité du pays etc. ? Il arrive souvent qu’un tel problème soit monté en épingle en raison de calculs politiques, économiques ou géostratégiques. Presque toutes les affaires importantes ont un dessous des cartes. Mais poser de telles questions, en soi, paraît déjà suspect, c’est décalé. Ce qui n’est pas suspect c’est d’accepter les explications officielles sans les vérifier.
Ce réflexe de pensée est parfaitement neutralisant. Si l’on part du présupposé que tout est sur la table, le journalisme s’en retrouve désarmé, il est fait propagande. Nul n’est besoin pour lui d’enquêter ou de remettre en cause, puisque rien n’est caché.
Le nombre de journalistes "répétiteurs" étant largement supérieur au nombre de journalistes "créateurs", il devient extrêmement aisé de sécréter une vision de l’Histoire sur mesure. Pour preuve, on pourrait pointer, par exemple, l’immense poids des agences de relations publiques, à la fois conçues pour mentir, et première source d’information pour la presse.
Nous savons que tous les pouvoirs avancent masqués, par définition. Aussi le rôle du journalisme, tel que le présente son propre idéal, devrait être l’exhumation et la publicité du dessous de cartes, quel qu’il soit.
Aujourd’hui, à l’occasion d’une discussion avec une journaliste de TV5, je découvris que l’existence même d’un possible "dessous des cartes" n’allait pas de soi pour elle. La simple idée que des forces autres que celles décrites par la chronique des JT puisse agir lui paraissait douteuse. Dans son esprit, il devait probablement s’agir d’une "théorie du complot", c’est à dire d’une évidente mystification.
Pourtant je n’avançais aucune théorie. Au sujet de la nouvelle crise belge survenue aujourd’hui suite à la démission du gouvernement, je la questionnais sur le dessous des cartes. Qui cherche à faire exploser la Belgique et pourquoi ? Cette simple question lui paraissait incongrue. Les réponses étaient nécessairement dans le JT : richesse des flamands, pauvreté des wallons, rivalité des populations. Mais cette explication me semblait simpliste. Sans connaitre le sujet, il me semblait qu’une enquête approfondie serait justifiée : pourquoi le problème surgit-il en ce moment, quelles forces agissent pour le maintenir en vie, des campagnes d’opinion ont-elles monté les populations les unes contre les autres, pourquoi l’ancien premier ministre, pourtant le seul à réunir un consensus, a-t-il été envoyé en Europe malgré la fragilité du pays etc. ? Il arrive souvent qu’un tel problème soit monté en épingle en raison de calculs politiques, économiques ou géostratégiques. Presque toutes les affaires importantes ont un dessous des cartes. Mais poser de telles questions, en soi, paraît déjà suspect, c’est décalé. Ce qui n’est pas suspect c’est d’accepter les explications officielles sans les vérifier.
Ce réflexe de pensée est parfaitement neutralisant. Si l’on part du présupposé que tout est sur la table, le journalisme s’en retrouve désarmé, il est fait propagande. Nul n’est besoin pour lui d’enquêter ou de remettre en cause, puisque rien n’est caché.
Le nombre de journalistes "répétiteurs" étant largement supérieur au nombre de journalistes "créateurs", il devient extrêmement aisé de sécréter une vision de l’Histoire sur mesure. Pour preuve, on pourrait pointer, par exemple, l’immense poids des agences de relations publiques, à la fois conçues pour mentir, et première source d’information pour la presse.