Vous avez dit secte ?

par aixetterra...
lundi 29 janvier 2007

Certaines aberrations entendues lors de journaux télévisés ne sont-elles que d’énormes bourdes ?

Le 23 juillet dernier, Elise Lucet (France 2 - JT de 13H) nous affirmait, horrifiée, que « les enfants de la communauté de Tabitha’s Place ne connaissent ni l’internet, ni Zidane » !

Quelques secondes plus tard, l’un des membres de la Commission parlementaire sur les sectes ajoutait, scandalisé, que « ces enfants vivent dans un monde virtuel et éloignés du progrès ».

L’internet serait donc moins virtuel qu’une vie de famille et le progrès consisterait à connaître Zidane ? Développé durant 2 m30 s, voici, à peine caricaturées, les raisons invoquées pour faire hurler au scandale les bien-pensants que nous sommes.

Loin de moi le désir de défendre quelque mouvement sectaire que ce soit, pour qui je n’ai du reste aucune sympathie particulière, mais force est de constater que les enfants filmés ici semblent davantage souffrir d’un singulier équilibre chronique que d’obésité moderne standardisée.

Toujours est-il que, pendant qu’on s’insurge sur « l’ignoble sort » de dix-huit enfants, semble-t-il heureux et bien portants, ne ferme-t-on pas les yeux sur d’autres sectarismes infiniment plus perfides et généralisés ?

Eh bien, personnellement, si je devais y aller de mon coup de gueule, il serait, en la circonstance, dirigé contre la méthode et non contre le sujet, s’agissant, ici, de débattre du mode de traitement de l’info et non du sujet traité.

Pas plus qu’un autre vecteur de presse, la rédaction d’un journal télévisé, s’adressant à chaque édition à plusieurs millions de spectateurs, tel que le « 13H » de France 2, ne peut se satisfaire de titres ronflants ou tendancieux, dont on connaît par avance l’effet sur l’opinion. Cette technique minimaliste masque le plus souvent un manque de matière journalistique mais peut aussi s’utiliser pour chercher à rallier les esprits autour d’une émotion telle que le rejet, la phobie... L’information développée ensuite est, de la sorte, estampillée, l’esprit préparé, la critique dirigée... Outre son effet grandiloquent et spectaculaire, ce système présente aussi l’avantage de l’économie des moyens d’investigation déployés, ou plutôt, ici, non déployés.

Mais au-delà de ces bénéfices immédiats, cette technique sert un autre dessein, autrement important et sournois.

En effet, cette sémantique de présupposition ou d’implication permet de former l’oreille de l’auditoire supposée l’accueillir en atteignant là un domaine plus proche de la propagande que de la désinformation. En livrant superficiellement et quotidiennement une infinité de sujets futiles, en leur privilégiant un traitement théâtral, basé sur le ronflement de l’intitulé, le rythme soutenu et l’image fracassante, on obtient peu à peu un intérêt plus poussé pour la forme et de moins en moins sensible au fond.

Surfer sur la vague de l’info, offrir de la daube prédigérée et formater les esprits pour en faire de « bons clients » est l’apanage et le fond de commerce des grands médias. Utiliser cet outil extraordinaire est celui des conseillers en tout genre, de la boîte de lentilles à l’élection suprême.

Pour revenir à nos moutons, ou plutôt aux enfants évoqués plus haut - à qui on reproche peut-être de ne pas en être -, il serait préférable qu’à l’avenir, lorsqu’ils en parlent, les journalistes nous laissent juger en notre âme et conscience et en véritable connaissance de cause.

Ainsi, il me tarde le temps où les ONG ne me solliciteront plus que pour offrir aux millions d’enfants déshérités des abonnements aux magazines sportifs ou une ligne ADSL.

Ce jour-là, ces mêmes enfants seront sauvés des griffes d’une secte universelle dont on parle moins, celle du formatage de la pensée !

Aixetterra


Lire l'article complet, et les commentaires