Zéro comme Zemmour ?

par Lilian Elbé
samedi 27 mars 2010

La discussion café du commerce du moment, c’est inévitablement Zemmour, et son « dérapage » télévisuel. Ses propos sur les « noirs et les arabes » ont choqué tous les esprits bien pensants, au point de devenir la polémique de la semaine.

Eric Zemmour, c’est l’éditorialiste tendance depuis un an ou deux. La mode est aux chroniqueurs dans chaque radio, c’est RTL qui a réussi à l’avoir dans « Z comme Zemmour ». Tous les matins il y va de son petit billet d’humeur réac’, sur un sujet dont tout le monde se fout, arrosé de ce que ses détracteurs/victimes considèrent comme un complexe d’infériorité lié à son physique de rongeur frustré. Mais ce qui a fait sa renommée médiatique, outre qu’il soit journaliste depuis 15 ans au Figaro, c’est sa participation à l’émission On n’est pas couché, en tant que critique pamphlétaire, s’appliquant à déstabiliser les invités, aux côtés de son compère Naulleau. Les deux Eric plaisent parce qu’ils démontent publiquement et sans langue de bois les vedettes du moment. Payés pour leur médisance, en quelque sorte. Il n’y a qu’à faire un tour sur Youtube pour voir que les extraits d’émissions cumulent des millions de vues.

Eric Zemmour porte-parole des clichés, "c’est un fait"

La semaine dernière, Eric Zemmour a réussi, sûrement à l’insu de son plein gré, à faire sa campagne massive d’(im)popularité. Sur le plateau de « Salut les terriens », il a dit : « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C’est un fait ». Et Pan ! Sorti de son contexte, vous vous dites que ce Zemmour est décidément un vrai salaud de raciste. 

Tous les médias ont immédiatement vu en lui le filon du dérapage raciste et politiquement incorrect. Le lendemain, Zemmour était en passe de devenir le nouveau Dieudo, mais en plus blanc, ce qui est pire.

Attention cependant à ne pas s’y méprendre en lisant trop vite, car il n’a pas dit : « la plupart des noirs et des arabes sont des trafiquants de drogue », ce que précisément on aimerait lui faire dire.

Zemmour a tenté de se rattraper en déformant lui-même ses propos, et en soulignant le problème de la justice à deux vitesses, de la majorité des étrangers en prison etc... Néanmoins, il reste clair aux yeux de tous que ses propos sont fallacieux et invérifiables, puisqu’en France il est interdit d’effectuer des recensements à caractère ethniques. Dans sa bouche, affirmer « c’est un fait », est un mensonge et, n’ayons pas peur de le dire, témoigne de préjugés stupides - c’est sans compter sur tous ces petits blancs qui se font un rail de coke en sortie de boîte sur le capot de leur Carrera. Et ce n’est certainement pas le petit Youssef du 93 qui planque une barrette de beuh dans sa chaussette qui gère les dizaines de tonnes de résine qui transitent aux frontières...

LICRA en veux-tu en voilà

Comme elle est toujours là où on l’attend, la Licra (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) a menacé de poursuivre le chroniqueur en justice pour, on s’en doute, diffamation, injure à caractère raciale, ou incitation à la stigmatisation et la haine. Bref, tous ces termes à la mode employés par des associations qui finalement véhiculent quotidiennement de ce qu’elles dénoncent : le communautarisme.

« Faut-il laisser Zemmour s’exprimer devant des millions d’auditeurs/téléspectateurs ? » Telle fut la question largement posée par les journaux cette semaine. Mais sous quel motif devrait-on le bâillonner ? Il a pour lui la liberté d’expression, tant qu’elle n’est pas diffamatoire. Le principal intéressé s’est senti victime de « Maccarthisme », a senti une pression générale souhaitant le détruire socialement et médiatiquement. Parano ? Peut-être, mais en tout cas, après s’être justifié, son nouveau statut d’ambassadeur de la liberté d’expression semble bien lui convenir, et parachever l’arnaque de sa popularité (et toc !). 

Désagréablitube, la recette du succès du chroniqueur

A entendre Guillon, qui cette semaine a réussi à se faire un ennemi de plus en politique, le politiquement incorrect n’a jamais autant payé. En faisant, comme à son habitude, un portrait « au vitriol » d’Eric Besson (nota inutile : c’est le troisième Eric de l’article), le désignant comme une « taupe du FN » (La vidéo ici), il a eu droit aux remontrances de ce dernier, qui a jugé ce portrait comme « raciste ». Méchant oui, drôle non, raciste encore moins. Mais de là ce que la direction de France Inter, patron dudit Guillon, fasse des excuses publiques... Ne pourrait-on plus rien dire, sous peine de se faire remonter les bretelles par les dirigeants ou poursuivre par les associations anti-racistes ?

En tout cas, plus besoin de talent. Si le buzz permet la promo gratuite sur internet, la polémique est bien plus efficace dans les médias !


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