DiCillo « fatigué de toutes les conneries qu’on entend sur Morrison et les Doors »

par L’équipe AgoraVox
mercredi 9 juin 2010

On l’accuse d’enfoncer des portes ouvertes. Pourtant avec When you’re strange, documentaire consacré à Jim Morrison et aux Doors, Tom DiCillo réalise un film enthousiasmant. Son premier documentaire commandé par le manager des Doors est aussi le premier documentaire tourné sur le groupe fondé à Los Angeles en 1965.
 
Tourné à base d’abondantes images d’archives disponibles et sans aucun commentaire des trois Doors survivants, avec Johnny Depp en voix-off ce film hagiographique qui n’écorne par la légende du groupe sulfureux, ravira les fans et permettra aux plus jeunes de découvrir ce que fut l’Amérique à la charnière des années 60 et 70.

Bien sûr, comme l’écrit Le Parisien, on a tout vu, tout lu, tout entendu sur les Doors. Pourtant, selon la même source, ce documentaire en dit long sur l’alchimie créatrice du groupe autant que sur la personnalité autodestructrice de son leader alcoolique, toxicomane et érotomane.

Aux Etats-Unis When you’re strange a plutôt été boudé. Ce qui a eu le don de mettre Tom DiCillo dans une colère noire, affirme le JDD qui rapporte que le film a été diffusé là-bas sur le service public et qu’il a été épuré de toutes les images de nudité, les gros mots ont été ’bipés’ : ’Putain, comment pouvez-vous faire ça à un film sur un groupe qui n’a jamais voulu être censuré lors d’un hommage ?" a demandé alors Tom DiCillo.
 
En France, le réalisateur de Ça tourne à Manhattan, Box of Moon Light ou encore Delirious a eu plus de chance. Il le reconnaît : grosse campagne de promotion réalisée par MK2, sortie dans les bacs de la bande-originale du film, hors-série en édition collector du magazine Trois Couleurs…

« Ce qui m’a le plus frappé, c’est leur désir, leur engagement de faire la musique qu’ils voulaient faire. Ils étaient de vrais croyants de la liberté artistique. Pour moi, leur musique sonne comme si elle avait été écrite hier » soulige Tom DiCillo au JDD.
 
« Ce que j’ai essayé de faire, précise ce dernier, c’est de souffler sur la poussière qui colle à la mythologie, à la légende du Dieu ou du Diable Morrison, et simplement montrer Jim Morrison comme un être humain, avec ses défauts et ses qualités, et la complexité de sa personnalité. Je suis fatigué de toutes les conneries qu’on entend sur Morrison et les Doors. Ils ont juste tenté de faire ce qu’ils avaient envie de faire. Ces quatre types sont de grands musiciens. Ils ont fait de la musique car ils aimaient la musique. »

Jim Morrison qui a lu à 16 ans Nietszche, Rimbaud et William Blake s’inspire des vers de ce dernier - « If the doors of perception were cleansed every thing would appear to man as it is infinite » -pour baptiser le groupe qu’il vient de former à Venice Beach, Californie, en 1965 avec John Densmore et Robby Krieger, le cadet de la bande, et Ray Manzarek (l’aîné). Comme lui ce dernier est étudiant en cinéma à l’Université de Los Angeles (UCLA).

Réalisé à partir d’images d’archives uniquement, le film a le mérite de replonger le spectateur dans l’ambiance si particulière des sixties. Les scènes de travail en studio fournissent ainsi le témoignage de moments où le doute l’emporte sur la toute-puissance de la rock-star. Des images tirées de HWY - An american pastoral, film de 45 minutes que réalise Morrison en 1970 constituent la colonne vertébrale de ce long-métrage « offrent, selon le Figaro, une saisissante ouverture au film, manière de mise en abyme psychédélique. »

Les critiques françaises sont mitigées sur ce film parfaitement mis en bouche par Johnny Depp. Pourtant Tom DiCillo, pour son premier documentaire, a réalisé-là une oeuvre pleine de charme, sans aucun temps mort. Il démontre que les Doors sont encore d’actualité et certainement pas de poussiéreux objets destinés aux livres d’histoire.

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