1 million de dollars pour descendre un gouvernement !

par Dragoncat
vendredi 8 juin 2007

Face aux effets de manche moralisateurs de George W. Bush, le roi du porno sort la grosse artillerie. « Dis-moi avec qui tu trompes ta femme, je te dirai qui tu es ! »

Quand on s’appelle Larry Flint, et qu’on est mondialement connu comme un des rares nababs du X sur la planète, on ne peut rien faire comme tout le monde. D’abord éditeur de magazine puis initiateur d’un empire basé sur le stupre et la fornication, Larry Flint est maintenant élevé au rang d’icône. La tentative de meurtre - mars 1978 - qui l’a cloué sur un fauteuil roulant a une grande part de responsabilité dans cet avènement. N’ayant pas peur des symboles, Larry parcourt depuis le monde dans sa chaise roulante en or massif et répand la bonne parole libertaire, luttant farouchement contre les tenants américains de la censure et de l’ordre moral.


Si Larry peut paraître à beaucoup excessif dans son discours, ses propos sont à l’aune des fanatiques qu’il trouve sur son chemin. Les prêches religieux, comme le business ou la violence, prennent aux Etats-Unis des proportions terrifiantes. Quelques minutes à regarder les télévangelistes délirer en direct - et ramasser des sommes colossales par la même occasion - donnent une idée des excès dont les « pro-morale » sont capables. Larry Flint a payé cher pour savoir que la vente libre des armes est bien plus dangereuse que celle du porno.

La croisade du géant du X a rarement eu plus de raison d’être qu’aujourd’hui. Là où Vladimir Poutine prépare les prochaines élections en ressortant un discours digne des pires moments de la guerre froide, Georges W. Bush fait de même en attaquant de front toute l’industrie « adulte » des Etats-Unis. Dans les deux cas, la démarche vise à séduire une partie importante de l’électorat par des discours musclés.

L’administration Bush a commencé, en 2005, par pondre une loi inapplicable, visant à empêcher les professionnels du sexe d’utiliser des filles de moins de 18 ans dans leur production. Démarche apparemment louable, si ce n’est que jamais une société américaine ayant pignon sur rue n’a été prise à déraper ainsi. Le seul cas connu est celui - célèbre - de Tracy Lords, qui avait trompé les producteurs en tournant à 17 ans avec de faux papiers. Je l’indiquais récemment sur un autre fil : les producteurs US font des marges financières suffisamment copieuses pour ne pas prendre le risque, pour quelques dollars de plus, de prendre vingt ans de prison.

Deuxième round : le FBI a reçu instruction d’attaquer directement les producteurs de la vallée de San Fernando, Californie. Max Hardcore, un acteur-producteur connu pour ses films extrêmes et très loin du bon goût, en fait les frais en ce moment. Les autorités fédérales l’accusent pour la énième fois d’obscénité et menacnt même de « confisquer » sa demeure, dans la mesure où le nid d’aigle aux proportions hollywoodiennes sert de studio depuis des années.

Fox Mulder et Dana Scully ayant été reconvertis dans la chasse aux petites culottes et aux derrières indûment dénudés, il était logique que le justicier des « pornocrates » tombe du ciel telle la foudre divine (les plus religieux d’entre vous me pardonneront pour cette comparaison...).

« Avez-vous couché avec un membre du congrès, ou avec un membre du gouvernement ? Si c’est le cas, Larry Flint vous offre un million de dollars pour votre histoire ! » C’est le texte d’une annonce parue très récemment dans le très sérieux « Washington Post ». Les républicains peuvent serrer les fesses et commencer à nettoyer leurs agendas : la somme a de quoi motiver la plus affectueuse des maîtresses.

C’est la deuxième fois que le roi de la fesse utilise son bazooka à pognon pour contrer une manœuvre républicaine puritaine. La procédure lancée en 1998 contre Clinton au moment du scandale Monica Lewinsky lui avait donné l’occasion d’inaugurer le procédé. Il avait alors proposé une somme équivalente pour toute révélation croustillante. La manœuvre avait tout de même abouti à la démission d’une des têtes du parti républicain : Bob Livingston.

En cette période trouble où les républicains pensent pouvoir se refaire une santé politique sur le dos des pornocrates, Larry Flint se rappelle obligeamment à leur mémoire défaillante : dans un monde qu’ils prétendent vouloir moralement irréprochable, il faut être sûr de ne pas avoir de squelette dans son placard. Même si le squelette arbore un 90 D et de la lingerie affriolante...

 

Quel moralisateur sévère, implacable et républicain, va se révéler un chaud lapin dans les jours à venir ? Affaire à suivre...

Dragoncat

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