2017 - L’électorat boude aussi les « petits » candidats
par gruni
dimanche 22 mai 2016
Les Français sont décidément des gens insondables. Plus le pays va mal et plus les électeurs voteront pour les partis dominants.
La preuve avec cette étude où le choix du prochain Président de la République était libre et spontané. Contrairement aux sondages aucun nom n'était proposé aux nombreux participants interrogés. Pourtant, malgré le nombre important de possibles candidats issus de la politique ou de la société civile. C'est encore sans surprise Alain Juppé qui dans tous les cas remporte la présidentielle.
Donc l'idée selon laquelle les citoyens voudraient un renouvellement de la classe politique serait fausse. Vous conviendrez que le maire de Bordeaux comme Marine Le Pen ou Hollande ne sont pas des têtes nouvelles. Notez tout de même que sur plus de 40 personnalités proposées par les personnes interrogées, le seul nouveau visage dans les cinq premiers est celui d'Emmanuel Macron.
Qui souhaiteriez-vous comme président de la République même s'il n'est pas encore, ou sera jamais candidat à l'élection ? Voilà enfin une question originale qui fait parler l'imagination. L'occasion aussi d'une petite séquence nostalgie, comme avec DSK par exemple, en 16ème position à 1.2%. Ou Ségolène Royal à 0,5%. Ceci pour l'anecdote, juste pour causer pour ne rien dire.
Mais comment expliquer le désamour des électeurs pour les "petits" candidats qui pourraient incarner le changement et qui rêvent de sortir de l'ombre... Est-ce la faute des médias qui ne braquent pas assez les feux de leurs projecteurs sur eux. Peut-être, mais ce n'est sans doute pas la raison principale. Madame Morano qui est pourtant médiatisée fait un piteux 0%.
Alors, dans la mesure du possible essayons de comprendre le raisonnement des Français avec une métaphore automobile.
Vous achèteriez une voiture d'occasion de marque inconnue sans aucune garantie, même si son vendeur vous promet la main sur le coeur la fiabilité de son engin. Vous seriez certainement très méfiant et vous exigeriez d'essayer l'auto avant de l'acheter. Là s'arrête la comparaison, car en politique lorsque vous choisissez un candidat vous en prenez pour cinq ans même si l'élu roule dangereusement. À moins de faire une révolution pour l'envoyer à la casse plus tôt.
Voilà pourquoi les Français ne feront jamais confiance les yeux fermés à un parti qu'ils ne connaissent pas, ni à un candidat qui n'a jamais exercé une fonction politique importante. Pourtant, lorsqu'on constate que des gens très connus comme Borloo ou Lagarde n'obtiennent que 0.1%. Les Asselineau et Lassalle qui font le même score peuvent continuer à espérer longtemps un grand destin si loin. Surtout depuis le changement des règles du jeu de l'élection sur le temps de parole et les indispensables 500 signatures pour se présenter.
Que dire de la pertinence de telles études "réalisées entre le 11 et le 20 mars 2016 et entre le 15 et le 25 avril 2016 auprès de 20 619 et 20 346 personnes interrogées selon la méthode des quotas". Alors que 28,3% ne se prononcent pas et que 11,4% rejettent toutes les personnalités politiques et se disent écoeurés. Que c'est du vent ? Ce qui n'empêchera pas nos élites de regarder attentivement la température électorale du moment grâce au thermomètre du Cévipof. Et aucun d'eux ne se plaindra si les sondages lui sont favorables.
Température en baisse pour Hollande et Sarkozy
Pour qui voteront les anciens électeurs de François Hollande.
Le graphique n° 1 est très révélateur de l'indécision des électeurs socialistes. Mais si 33% ne savent pas encore ce qu'ils vont faire, 12,4% revoteront pour l'actuel Président. 13% se droitiseront avec Juppé qui est encore plus libéral que François Hollande. Quant à Macron, il obtient 9%, Aubry est à 5,3%, Le Pen à 3,2% et Mélenchon à 3%. Vous trouverez même des électeurs hollandais en 2012 qui lui préféreront Nicolas Sarkozy en 2017, à 0,6%.
Et ceux de Sarkozy
Vous l'avez compris avec Juppé c'est du sérieux, puisqu'il est largement plébiscité par les électeurs de Sarkozy en 2012. Juppé obtient 27% alors que Sarkozy 19,4. Les indécis sont 20% et 0,2% préfèrent encore voter Hollande que revoir Sarkozy au pouvoir.
Pour conclure
Cette note de Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, n'avait pour but que de démontrer que finalement malgré une déception palpable des Français pour la politique, la majorité d'entre eux restent assez conservateurs. Car les élections se joueront encore une fois entre les trois principaux partis. LR, FN et PS. Certes les présidentielles sont dans un an et rien n'est écrit à l'avance, même si à l'heure actuelle les dés semblent jetés pour Hollande et Sarkozy.