2017 : « Le Pen plutôt que Sarkozy ! »

par Fergus
mardi 11 novembre 2014

Voilà un cri du cœur que l’on entend de plus en plus souvent. Un cri du cœur en forme d’épée de Damoclès sur la tête de l’UMP...

Le retour aux affaires de Nicolas Sarkozy et sa probable prise de contrôle de l’UMP en vue de lui servir de « machine de guerre » dans l’optique de la future « primaire » présidentielle n’attise pas seulement les réflexions des militants et des sympathisants de droite. À gauche aussi l’on se projette sur cette « primaire » et sur le duel Juppé-Sarkozy qui semble se profiler. Or, dans l’hypothèse, désormais hautement probable, faute de résultats de l’exécutif sur le plan socioéconomique, d’une absence du PS au 2e tour du scrutin présidentiel, le choix du candidat de l’UMP ne sera pas sans conséquence sur l’attitude électorale des militants et des sympathisants de gauche, qu’ils appartiennent au PS et à ses alliés, ou aux formations de la « gauche de progrès ».

Dans le contexte actuel, mois après mois, affaire après affaire, Marine Le Pen voit grandir inexorablement son étoile personnelle et augmenter dans les mêmes proportions ses chances de rééditer en 2017 la performance historique de son père le 21 avril 2002. Et cela sans même avoir à prendre la moindre initiative : la patronne du FN se contente d’observer d’un air narquois le spectacle pitoyable que donnent ses adversaires de l’« UMPS ». Entre la guerre des chefs à droite, désormais à couteaux tirés, et l’incurie de la gauche socialiste au pouvoir conjuguée à des couacs à répétition, Marine Le Pen ne cesse d’engranger les bénéfices des psychodrames qui minent les états-majors de ses adversaires. Comble de félicité, le dernier épisode en date – l’affaire Fillon-Jouyet – semble une délicieuse cerise sur le gâteau des ambitions du FN, tant elle apporte un flot dévastateur d’eau au moulin de la dénonciation récurrente par Marine Le Pen d’une consanguinité coupable entre l’UMP et le PS.

Dans de telles conditions, le socle électoral du FN ne cesse de s’élargir tandis que celui du PS se réduit comme peau de chagrin, à l’image de la popularité de François Hollande. Quant à l’UMP, malgré les turpitudes répétées de ses caciques – Alain Juppé excepté – et les guerres intestines qui la minent, elle devrait logiquement se retrouver qualifiée pour le 2e tour de la présidentielle, prime étant donnée, dans la médiocrité générale des partis dits « de gouvernement », au camp qui n’a pas exercé le pouvoir en dernier. C’est par conséquent vers un duel Le Pen-Sarkozy ou Le Pen-Juppé que l’on semble s’orienter.

Dès lors, et en admettant qu’aucun élément majeur ne vienne brouiller les cartes, que se passera-t-il en avril 2017 ?

Dans le cas d’un duel Le Pen-Juppé, aucune chance que l’actuel maire de Bordeaux puisse bénéficier d’un apport important de voix de gauche malgré un probable appel à la notion dépassée de « vote républicain ». La trahison de Jacques Chirac en 2002 est en effet restée dans toutes les mémoires  : réélu avec 82 % des voix, et par conséquent avec un soutien massif des électeurs de gauche – alors qu’il eût été battu par Lionel Jospin d’après les Renseignements Généraux –, Chirac a fait un bras d’honneur au « peuple de gauche » en mettant sur pied un gouvernement de droite assumée et non un « gouvernement d’union nationale » comme les circonstances l’auraient voulu. Ce faisant, il a définitivement forgé la conviction des cocus du scrutin, bien décidés, si le cas devait se représenter, à aller à la pêche plutôt qu’à se rendre aux urnes pour soutenir un candidat de l’UMP, aussi modéré soit-il. Alain Juppé devrait donc l’emporter nettement face à Marine Le Pen, mais sans rééditer un score chiraquien.

Schéma bien différent dans le cas d’un duel Le Pen-Sarkozy. Car un nombre croissant d’électeurs de gauche est farouchement déterminé à barrer la route à celui qui a tant menti, tant manipulé, tant injurié ses concitoyens, tant transgressé les règles et les lois, tant manifesté de mépris à l’égard du peuple de France, tout cela en détruisant des acquis sociaux et en creusant la dette de notre pays comme nul président avant lui. Pas question d’abstention pour ces dizaines, ces centaines de milliers d’électeurs de gauche dont on peut lire ici et là sur le net l’état d’esprit avec des réflexions du genre « N’importe qui sauf Sarkozy ! », « Plutôt crever que laisser Sarko revenir à l’Élysée !  » et bien entendu « Le Pen plutôt que Sarkozy ! »

Ce dernier cri du cœur pourrait bien symboliser ce qui se passera lors du 1er tour de la présidentielle de 2017 en cristallisant sur le nom de Marine Le Pen le rejet épidermique de celui qui a tellement nui à la France et permis en 2012 la victoire d’un François Hollande pas beaucoup plus fringant en matière de résultats économiques et de respect des aspirations des classes populaires. S’il est un candidat de droite qui risque un score étriqué face au FN, voire de connaître une défaite encore plus humiliante que celle de 2012, c’est bien Nicolas Sarkozy.

À condition qu’il n’ait pas explosé en plein vol auparavant, victime judiciaire de ses graves turpitudes financières, ou détruit au pire moment de la campagne par le missile assassin d’un Patrick Buisson revanchard. Pour le plus grand bonheur du candidat de gauche qui se retrouverait projeté au 2e tour d’une élection imperdable par la droite !


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