2018 : le budget des riches et du CAC40

par Laurent Herblay
mardi 3 octobre 2017

Ce n’est sans doute pas pour rien qu’Emmanuel Macron, alors ministre, vantait l’envie d’être milliardaire. Le premier budget de son ère est donc, aussi tristement que logiquement, un budget qui comblera ses amis les milliardaires. Et s’il daigne jeter quelques piécettes au peuple ce n’est que pour détourner l’attention du caractère socialement injustifiable et révoltant de sa politique.

 

Prendre au peuple pour donner aux oligarques
 
Pour qui prend un peu de recul, les premiers mois de Macron sont effarants. Finalement, il a osé donner bien plus aux plus riches et au CAC40 que ce qu’avait fait Sarkozy, alors même que les profits battent des records (en 6 mois, le CAC 40 en a engrangé plus de 50 milliards, une progression d’un quart sur un an) et que les inégalités sont au plus hauts. Bref, alors que tout devrait pousser à une hausse de la progressivité des impôts des plus riches et des entreprises, Macron fait un budget qui propose d’accentuer plus encore les inégalités, tout en poursuivant le démantèlement du droit du travail, au plus grand profit de multinationales déjà en position de force avec le chômage de masse.
 
Bien sûr, la majorité des salariés gagneront sur la baisse des cotisations sociales et de la taxe d’habitation. Mais il s’agit d’un tour de passe-passe, Macron cherchant à brouiller les pistes en multipliant les mesures. La seule hausse des taxes sur l’essence devrait annuler la moitié de ces gains… Un bon quart sera compensé par la baisse des APL et il ne faut pas oublier que le gain théorique de pouvoir d’achat des actifs sera compensé par des coupes de dépenses publiques, qui sont aussi autant de services que l’Etat ne leur rendra pas, ce que tout le monde semble oublier un peu vite dans les comptes qui sont faits pour faire la synthèse de ce budget d’oligarques pour oligarques.
 
Le prélèvement forfaitaire unique de 30% va réduire la fiscalité sur les revenus du capital des plus fortunés de plus d’un milliard d’euros  ! Jamais à court d’idées pour alléger la fiscalité de Bernard Arnault, Macron enterre largement l’ISF, osant faire ce que Sarkozy n’avait pas osé, le limitant à sa portion immobilière, soit une baisse de 80%, 3,2 milliards donnés à 340 000 contribuables pas vraiment dans le besoin. Et pour couronner le tout, l’impôt sur les sociétés passera de 33 à 25%, un cadeau de 10 milliards aux entreprises alors même qu’elles ne savent pas quoi faire de leur argent. Même le Monde doit bien reconnaître qu’ « en règle générale, les gagnants sont les gros contribuables  ».
 
Qu’aurait-on dit si Sarkozy avait mis en place une telle politique ? Bien sûr, beaucoup de mesures avaient été annoncées. Mais pour qui prend un peu de recul, la violence du virage politique réalisé par Emmanuel Macron, en faveur des plus riches et du CAC 40, est extravagant alors que leur désertion fiscale est chaque jour davantage documentée ? Comme le rapporte un youtubeur, les cadeaux de Macron représentent plus de 90 000 euros pour les 280 000 Français les plus riches sur 5 ans, ou, selon Marianne un million par an pour les 3 000 les plus riches ! Et pour couronner le tout, Marianne note que les ordonnances de démantèlement du droit du travail aboutissent au CPE, en pire.
 

Macron est et restera le président de l’oligarchie. Elle l’a soutenu sans vergogne et il mène aujourd’hui une politique de classe extravagante. Mais à trop pousser leur avantage dans la lutte économique des classes, même inconsciemment, les élites devraient finir par se méfier des réactions qu’elles pourraient finir par susciter. Que pourrait surgir d’une telle politique oligarchique ?


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