35 heures en ballon à la dérive
par leon et paulette
mardi 30 octobre 2012
Mais oui, il n'y a pas de « sujet tabou », Jean-Marc.
Mais non, Jean-Marc Ayrault n'est pas « dogmatique ».
S'il serait favorable à un retour éventuel aux 39 heures ? Il répond le 29 octobre 2012 au « Parisien-Aujourd'hui en France » : « développez ce point de vue, mais vous verrez qu'il fera débat...Mais, pourquoi pas ? ». En voilà un autre qui fait mine de ne pas avoir peur de s'attaquer à un acquis social.
S'il serait favorable à un retour éventuel aux 39 heures ? Il répond le 29 octobre 2012 au « Parisien-Aujourd'hui en France » : « développez ce point de vue, mais vous verrez qu'il fera débat...Mais, pourquoi pas ? ». En voilà un autre qui fait mine de ne pas avoir peur de s'attaquer à un acquis social.
On sent que le travail de Manuel Valls a fait son chemin.
En janvier 2011, Manuel Valls s'était prononcé « en faveur d’un allongement de la durée légale de travail ». Il voulait « déverrouiller les 35 H. ».
L'UMP avait félicité son courage, mais Benoit Hamon, porte-parole du PS de l'époque avait fait part de sa surprise et ne s’était pas privé de tacler Manuel Valls. "Je n'avais pas compris que la logique (...) pour nos primaires ce soit de reprendre ce slogan du "travailler plus pour gagner plus" qui a échoué. Je trouve que c'est une mauvaise intuition politique et j'invite Manuel Valls à revenir dans le droit chemin". Le « droit chemin » !...
L'UMP avait félicité son courage, mais Benoit Hamon, porte-parole du PS de l'époque avait fait part de sa surprise et ne s’était pas privé de tacler Manuel Valls. "Je n'avais pas compris que la logique (...) pour nos primaires ce soit de reprendre ce slogan du "travailler plus pour gagner plus" qui a échoué. Je trouve que c'est une mauvaise intuition politique et j'invite Manuel Valls à revenir dans le droit chemin". Le « droit chemin » !...
Un peu plus tard, Hamon rajoutera que les propos de Manuel Valls relèvent d'un "sarkozysme économique" adapté à la gauche. "Augmenter la durée légale du travail" n'a "aucun sens", a-t-il encore affirmé. Et d'ajouter que le PS comptait « remettre en cause le principe selon lequel une heure supplémentaire coûte moins cher qu’une heure de travail », dans l'éventualité où le parti accéderait au pouvoir en 2012.
Aujourd'hui, le PS est au pouvoir.
Et Jean-François Copé « applaudit » la déclaration d'Ayrault sur les 35 heures, puisqu'il « reprend le programme que nous avons mis en avant à l'UMP ».
Le navire tangue : Michel Sapin, ministre du travail face au vent mauvais semble ne pas être d'accord avec son Premier Ministre : il estime le 30 octobre sur RTL qu'"il ne faut pas supprimer les 35 heures" qui doivent selon lui rester la durée légale du travail de "référence".
Puis, nouvelle embardée, le 30 octobre, Jean-Marc Ayrault lui même assure qu'il n'est « pas question de revenir sur les 35 heures ».
Ce n'était donc qu'un malentendu... une interprétation malveillante. La "gauche", la "droite", ce n'est pas pareil...
Les salariés français l'ont échappé belle, si l'on se réfère à une lecture « ancienne » :
Remontons un peu le temps politique :
En janvier 2008, « L'Hebdo des socialistes » interrogeait Jean Viard, Sociologue, spécialiste des temps de travail et du temps libre, qui livrait « une analyse approfondie de l’impact des 35 heures ».
Après qu'il ait donné son avis sur des dysfonctionnements sur le 35 heures, on l'interrogea sur le pourquoi de la « véhémence des attaques de la droite ? » contre les 35 heures.
Réponse :
« L’attitude de la droite d’aujourd’hui rappelle celle d’Édouard Daladier en 1938, lorsqu’il voulait revenir sur les 40 heures instaurées par le Front populaire.La droite utilise les mêmes arguments qu’en 1938 : baisse de la richesse, relâchement des moeurs… Elle soulève aussi la question de l’ordre social. Jusqu’à la Révolution, l’ordre social était régi par un temps qui appartenait à Dieu et était donc régulé par l’Église.
À partir de 1789, le temps est consacré au travail et régulé par les patrons. Le dimanche, les jours fériés, sont supprimés. Grâce aux luttes sociales, on est progressivement sorti de ce modèle de société structurée par le travail industriel. Et les 35 heures ont été, à la fin du XXe siècle, un révélateur brutal de cette modernité et du triomphe du temps individualisé. Brutal, car non pensé par ses initiateurs. C’est pourquoi certains veulent revenir à l’ordre social du temps de Dieu ; d’autres, Sarkozy en tête, à celui du temps du travail. La gauche, elle, doit intégrer cette liberté nouvelle et proposer un modèle de la citoyenneté des temps individuels coalisés. Avec des règles et des hiérarchies – qui ne dépendraient ni de Dieu ni des patrons –, mais à construire dans la cité.
...
La plus grande conséquence d’une éventuelle fin des 35 heures sera le retour de la domination masculine sur le marché du travail. Avec son fameux « travailler plus pour gagner plus », Sarkozy encourage en réalité le travail masculin, et un retour au modèle des années 1960. À cette époque, le marché du travail était occupé par les hommes ou les jeunes femmes, celles qui n’étaient pas encore mariées. Or la vraie égalité hommes/femmes, ce n’est pas le féminisme d’État, c’est l’égalité devant le travail. Aujourd’hui un CDI protège bien plus une mère qu’un contrat de mariage !
La remise en cause des 35 heures favorise les « in », à savoir les 87 % de salariés en CDI plein temps, au détriment des « out » : les jeunes, les immigrés, les femmes à temps partiel, les plus de 55 ans…
Et la dénonciation des 35 heures entraîne un blocage horaire des salaires, en faveur des heures sup, souvent théoriques. La gauche doit prendre la réalité sociale à bras-le-corps et riposter avec la parité, le travail dans le couple, l’emploi des personnes inemployées, la lutte contre le temps partiel féminin subi et surtout le projet du temps de travail égalitaire sur la vie. ».
A l'ouvrage, à la manœuvre, ils lâchent du lest et donnent du mou.
Léon