À couteaux tirés
par C’est Nabum
mardi 20 septembre 2016
Affûtons nos lames …
Les prochaines semaines risquent d’être à couteaux tirés dans le Landerneau de la politique spectacle. En dépit d’une même appartenance idéologique, d’un parcours commun et d’une convergence d’intérêts, nos joyeux drilles vont s’étriper, se bousculer, se renvoyer la balle, s’assassiner par sbires interposés, se lancer à la face des phrases assassines. Quand tout sera terminé, de grandes embrassades scelleront la paix des braves et le bon peuple d’applaudir en continuant d’y croire ...
Le bal des hypocrites vire au drame. Comme autrefois sur nos parquets dansants, la fête va tourner à la bataille de chiffonniers. Les coups vont pleuvoir, les nez saigneront, simplement pour attester de la dureté des combats. Tour cela , à vrai dire, ne sera que joyeux simulacre et belle farce. L'essentiel est d’occuper le terrain médiatique, de couper l’herbe sous le pied aux camps adverses et de rouler des épaules. Plus on parle de vous, plus l’élection sera facile. La notoriété se moque de la vérité tout autant que de la sincérité.
Les primates se disputent dans des primaires qui seraient, somme toute, dérisoires s’il n’y avait pas, pour faire tourner la machine, des moyens exorbitants. Car voyez-vous, tout ce cirque exige des moyens qui ne tombent pas d’un arbre. Il y a un directeur de campagne, un siège pour l’état-major, si possible dans un beau quartier parisien, des affiches, des prospectus, des déplacements, des réunions publiques et mille et une autres choses toutes plus dispendieuses les unes que les autres. Le nerf de la guerre, fratricide ou non !
La seule leçon de la sordide affaire Cahuzac c’est qu’on continue de détourner des fonds pour préparer des campagnes au royaume des amnistiés d’office, des dispensés de jugement, des immunités scandaleuses. Selon la belle formule de monsieur Macron, il faut tirer des fonds pour alimenter la réflexion. Qu’entendent-ils par « tirer des fonds ? » D’où vient l’argent ? Où transite-t-il ? Sera-t-il compté dans les frais de campagne du vainqueur ? Quant à la réflexion, nous savons à quoi nous en tenir !
Voilà bien des mystères qui échappent aux enquêtes journalistiques et juridiques. L’argent est le support de cette guerre médiatique qui fait semblant d’être impitoyable. Les couteaux sont repliés : ce n’est que de la poudre aux yeux pour justifier une gabegie sans nom, un gaspillage scandaleux dans l’état déplorable de notre économie. Nos princes mènent grand train et pire que tout encore, l’origine de ces fonds est des plus mystérieuses.
Nous pouvons toujours espérer la mise en examen, pour des motifs assez proches, du précédent président. Il n’a fait que généraliser et porter à son paroxysme un système qui est pratiqué à tous les étages de cette formidable machine à dépenser de l’argent douteux. La moralisation de la politique, c’est une vaste farce, le scandale Bygmalion n’étant que l’expression la plus aboutie des pratiques mafieuses. La justice ne dira rien : elle est aux ordres, vous devez bien vous en douter. Quoi de plus normal que tous ces gens sans parole ne fassent que réclamer nos voix sans jamais se soucier de notre opinion ?
Alors, pour vous faire croire que tout cela se passe entre gens de bonne famille, respectueux des lois, de la déontologie, des principes qu’ils ont votés sans jamais y croire, ces charmants personnages vont même vous demander une petite participation financière si vous souhaitez donner votre sentiment lors de ces primaires primordiales. L’aspirateur à pognon fonctionne en continu : c’est une évidence et nous devrions nous extasier devant leur obstination en la matière. Même les dons homéopathiques sont les bienvenus. Ils ne feront que dissimuler des cadeaux plus obscurs.
Une élection, il faut bien l’admettre, n’est qu’une affaire de fric. C’est celui qui en mettra le plus dans la balance (certes pas celle de la justice) qui risque d’empocher la mise. N’attendez pas l’émergence d’un candidat de la société civile ou le représentant d’une petite formation. C’est le rouleau compresseur financier qui garantit la domination des grands partis et nous nous faisons complices de ce scandale en continuant de donner foi à ces magouilles.
Plutôt que des fond, tirons vraiment les leçons de la lente et honteuse dégradation du débat public. Fermons le robinet financier, exigeons des comptes, balayons les tricheurs et les escrocs, légion dans ce microcosme et installons enfin une République intègre et vertueuse. Tout est infecté dans cette cinquième République de la magouille et du déshonneur.
Vertueusement leur.