A la dérive

par Vanborren
jeudi 3 avril 2014

Réflexions d'un citoyen fatigué par une crise politique qui n'en finit pas de salir la démocratie. Il serait temps qu'une nouvelle donne voit le jour.

« La France ressemble ces temps-ci à un Titanic dont l’équipage irait droit vers l’iceberg, le sachant et le voyant mais ne trouvant rien pour l’empêcher » C’est ainsi que commence le dernier livre d’Edwy Plenel « Dire non ». En ce mois de mars 2014, les Français ont dit « Non » à un équipage qui navigue sans carte et sans boussole.

Cette défaite municipale est avant tout la défaite du Président de la République, mais ce n’est pas la défaite d’un homme seul. Cela fait trop longtemps que nos politiques, de droite comme de gauche, ne parlent plus qu’aux élites et ont délaissé le peuple. Nous assistons à une France silencieuse qui se détourne de la démocratie pour se replier sur elle-même. Elle ne croit plus aux discours, aux promesses et aux programmes. Et depuis deux ans, cette France a trop subi des humiliations pour qu’elle vienne sauver des maires qui avaient pour la plupart rempli correctement leur mission. Il fallait frapper fort en s’abstenant, en votant FN ou pour des listes de gauche non soutenu par le pouvoir en place. Nous pouvons dans ce cadre là nous féliciter de la victoire du Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes à Grenoble qui prouve qu’une autre voix (ou voie) était audible.

Avec ces élections municipales, c’est le dernier pan démocratique qui s’est effondré. Faut-il attendre une autre déroute aux élections européennes pour reconnaître que notre république est gravement malade et que nos dirigeants donnent le sentiment d’être autistes. Quelle erreur que d’avoir maintenu cette Vème République.

Rejet de l’exécutif, médiatisation permanente des affaires, chômage accru, désindustrialisation, abandon de certains territoires, des éléments qui étayent le dernier baromètre du Cevipof, fin 2013, sur la véritable dépression collective que connaît la France. Nous vivons une crise politique majeure et un phénomène d’usure impressionnant : morosité, lassitude et méfiance. 72% des Français pensent que leurs enfants auront moins de chance de réussir qu’eux, et ils répondent par la méfiance, le dégoût et l’ennui pour parler de ceux qui les gouvernent. Le résultat de ces élections en est une concrétisation démocratique.

Nos gouvernants socialistes sont sans repère, sans vision, et sans réponse à la mondialisation et à la généralisation d’une économie technologique, sous domination financière et déshumanisée. La société que l’on nous propose se construit autour de ses élites dont le nombre diminue au fil du temps en fonction des besoins pour faire tourner la machine économique. Le peuple est inutile, il n’y a donc plus de raison de s’en préoccuper. Nous devons refuser cet état de fait, comme si cette logique était implacable. Une nouvelle donne est possible. Ceux qui veulent nous gouverner doivent oser ou prendre congé, inventer ou démissionner. La confiance démocratique ne se décrète pas, elle se mérite.

Un Président de la République et un gouvernement ne peuvent ignorer leurs concitoyens et leur imposer une politique impopulaire sans résultat. Jean Jaurès a défendu l’idée que le courage était de chercher la vérité et de la dire. Il ne reste plus qu’à François Hollande à nous faire connaître sa « vérité », nous montrer qu’elle est juste et efficace. L’homme de la synthèse va devoir montrer qu’il n’a pas oublié son discours du Bourget. Moi, Président ... c’est maintenant.

 


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