A propos de la « fédération populaire » proposée par Jean-Luc Mélenchon

par PRCF
jeudi 2 mai 2019

 

 

Dans un long entretien accordé à Libération, le président des députés de la FI envisage, si son mouvement sort renforcé des européennes, de proposer une « fédération populaire ». Proposition soutenue par ailleurs le 24 avril sur France-Inter par A. Corbière, député « insoumis » du 93. Il s’agirait, non de regrouper une « guirlande de sigles et de partis », déclare Jean-Luc Mélenchon, mais de bâtir un « programme concret de partage » dont le projet de la FI « l’Avenir en commun » formerait le socle. Par ailleurs, JLM revendique haut et fort la « centralité » de son mouvement dans la future « fédération populaire » à vocation sociale et électorale (municipales, mais aussi présidentielle et législatives puisque le but proclamé est de préparer « l’après-Macron » ?).

Au passage, plusieurs flèches – bien méritées ! – sont décochées par JLM ou par Corbière au PS moribond et à sa nouvelle tête de gondole, l’euro-atlantiste flamboyant Glucksmann. Cela dit, l’offre reste bien floue politiquement parlant. Si l’on peut se féliciter que le soutien aux Gilets jaunes, la dénonciation du tout-marché et des traités européens, la mise en cause sévère du PS néolibéral fassent partie du socle commun proposé par JLM, s’il est également bien venu que le front sociopolitique dessiné par JLM soit celui des classes populaires et des couches moyennes unies contre l’oligarchie, plusieurs points sont fort problématiques :

Enfin, tonner contre le « nucléarisme » et le « productivisme », comme le fait la FI, est pour le moins… unilatéral. A un moment où l’UE veut disloquer et privatiser EDF et ses barrages hydroélectriques, la priorité n’est-elle pas, sans renoncer au déploiement des énergies renouvelables, de reconstituer un service 100% public et national de l’énergie ? Et s’il faut condamner, non le « productivisme » abstrait, mais la course au profit maximal qui dévoie la production de sa fin rationnelle (satisfaire les besoins), ne faut-il pas aussi, prioritairement, engager une grande campagne pour le produire en France industriel et agricole ? Une production à laquelle Macron, le MEDEF et l’UE sont en train de porter le coup de grâce (Airbus, PSA, Ascoval, STX, Alstom…), et dont le salut passe par l’objectif (ignoré par la FI comme par le PCF-PGE et par la Confédération CGT) de la nationalisation démocratique des banques et des secteurs-clés de l’économie

Il est vrai que cette renationalisation sans indemnités pour les gros actionnaires frapperait durement le grand capital, qu’elle heurterait de front la « concurrence libre et non faussée » européenne et qu’elle susciterait un affrontement de classes tel qu’en surgirait sans doute la grande question de classes : Qui doit diriger le pays, les capitalistes ou les travailleurs ? C’est alors qu’émergerait vraiment, loin des combinaisons d’appareil et des calculs électoraux à court terme, une France franchement insoumise à l’UE et au grand capital !

C’est pourquoi, sans refuser l’idée qu’il faut urgemment fédérer les forces du travail, du progrès, de la démocratie, de la paix, de l’écologie et de l’indépendance nationale, et sans rejeter en rien les militants de la FI dont nous avons soutenu, avec esprit critique mais fraternellement, le candidat en 2017, sans jamais refuser non plus de débattre avec d’autres courants progressistes, les militants du PRCF et des JRCF se tournent d’abord vers la classe ouvrière des entreprises, vers les gilets jaunes et les syndicalistes de classe : débattons de l’idée neuve du Frexit progressiste, construisons un grand Printemps de lutte 2019, appelons à virer Macron, revendiquons tous ensemble et en même temps l’augmentation des salaires, la justice fiscale, la souveraineté populaire et le renouveau des services publics et de la protection sociale !

https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/a-propos-de-la-federation-populaire-proposee-par-jean-luc-melenchon/


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