À propos de la taxe carbone
par François VAN DE VILLE
mardi 15 septembre 2009
ÇA NE SERT À RIEN !
La taxe carbone à la française ?
Cela ne servira à rien !
Sur le plan écologique, c’est une certitude. Sur le plan politique, c’est tout autre chose : nous le verrons plus bas.
SI PENDANT UN SIÈCLE....
L’écologie, ou du moins ses grands principes, recueillent actuellement dans l’opinion le succès qu’on lui connaît : les dernières élections (européennes) l’ont montré non sans éclat. Malgré la perspective très controversée de la taxe carbone, il est vrai que les objectifs sont séduisants. Chacun sait très bien que, si on ne fait rien dans le monde, notre planète est en grave danger. Si, notamment, la Chine se mettait à rejeter demain autant de carbone que les USA et l’Europe réunies (ce dont elle a la capacité, sinon l’ambition), la vie sur notre planète serait condamnée à disparaître au cours des prochaines décennies.
Donc la taxe carbone, à la mode franco-française, n’a, sur le plan écologique, aucun sens. C’est clair.
Il y a aussi un autre aspect : celui politique. Qui a très peu à voir avec l’écologie par elle-même. Nicolas Sarkozy a-t-il raison de prendre seul une décision unilatérale qui va frapper assez durement les français dans leurs habitudes, tout en épargnant économiquement le reste du monde ?
POURQUOI TAXER LE CONSOMMATEUR ?
Taxer le consommateur français, c’est le faire prendre pour “le” coupable. À cause de cette taxe, va-t-il être contraint de ne plus se chauffer l’hiver ? Ou bien le condamner coûteusement à changer sa chaudière ou ses radiateurs ? Ou bien devra-t-il parcourir des kilomètres à pied, ou en auto-stop, pour gagner son lieu de travail ou faire ses courses, afin de laisser sa voiture au garage ? Particulièrement là où les transports collectifs sont rares ou inexistants ? Tout cela n’est pas très sérieux.
Si on veut donc agir, à notre petite dimension hexagonale, sur le climat, il faut donc, en priorité, agir sur le mode de production, et non sur le mode de consommation.
Cette taxe carbone est donc bien un impôt. Plus : un impôt injuste. Pis : une “usine à gaz” qu’on invente sous prétexte que l’état en remboursera une partie à des millions de français. Combien et à qui ? Suivant quels critères ? Combien de fonctionnaires en plus pour faire marcher cette usine ?
Qui, en France, n’est pas pour l’écologie ? Mais il s‘agit de savoir de quelle écologie on parle.
C’EST SURTOUT LA SCIENCE....
Une certitude : c’est surtout la science et sa capacité créative qui sauveront le monde du péril qu’il court aujourd’hui. Pas les pleurnicheries actuelles des écologistes.
Il faut cesser d’abord de diaboliser à tout crin les OGM sous n’importe quel prétexte : ils doivent au contraire permettre aux plantes, malgré les cris d’orfraies des professionnels imbéciles de la contestation, de résister à la pénurie d’eau et de pouvoir éviter l’usage des engrais si dangereux pour notre nature et sa faune. Il faut aussi requérir la biodiversité dans nos rivières et nos forêts. Il faut encore encourager une architecture économique, combinant énergie solaire, pompe à chaleur et économie d’énergie domotique. Il faut enfin imposer la voiture hybride ou électrique, malgré les obsédés du compteur de vitesse, et accélérer l’utilisation des piles à hydrogène. Et encore, et encore, il faut développer l’énergie nucléaire de 4ème génération, la moins polluante et la plus économique de toutes.
Aussi, il faut faire taire cette écologie de la peur et du déclin, cette écologie des aigris qui détestent la liberté des individus et n’ont qu’une idée en tête : imposer leur propre idéologie gauchisante, héritage d’un autre siècle, en taxant et en interdisant à tout va. De surcroît, ces gens-là sont totalement incapables d’assumer les conséquences humaines et sociales des mesures qu’ils préconisent. Laissons-les dans leur insignifiante marginalité.
Il y a donc, en matière d’écologie, mille autres choses à faire avant de créer une taxe carbone. On ne me convaincra pas du contraire.
Le problème actuel est donc le modèle de consommation mis en place par le capitalisme au cours de la deuxième moitié du XX° siècle : c’est un modèle gaspilleur, incitatif à consommer à tort et à travers. La production, ainsi abandonnée au capitalisme, n’a pas su mettre en place ses propres régulations, celles écologiques, pas plus que celles économiques comme le révèle la crise actuelle.
Mais, aujourd’hui, ce n’est pas sur le malheureux consommateur qu’il faut taper : il faut s’adresser d’abord et surtout à ceux qui ont échafaudé ce modèle.
LE RÔLE DU G 20
Le seul argument qu’on pourrait éventuellement prêter - mais sans certitude aucune - au Président de la République pour imposer cette nouvelle taxe aux consommateurs français, c’est celle de pouvoir arriver au G 20 avec derrière lui une France “exemplaire”, et d’être plus fort pour plaider, près de ses partenaires, une régulation écologique mondiale. C’est évidemment mieux que de représenter un pays qui n’aurait rien fait.
Mais la France, endettée comme elle l’est, si économiquement affaiblie, a-t-elle encore les moyens de cette ambition ? N’y a-t-il pas une part d’utopie dans cette volonté exprimée face à des partenaires qui freineront ce mouvement des quatre fers, parce que leur opinion n’est pas prête, mais pas prête du tout, à de tels efforts ? Je le crains.
Mais, depuis Don Quichotte, on connaît la force des moulins à vent.