A propos du programme de l’UPR

par Jean Dugenêt
samedi 19 février 2022

A propos du programme de l'UPR, je ne vais faire que quelques remarques. Je n’ai regardé pour l’essentiel que les 27 titres des « engagements de l’UPR » mais ils sont déjà très significatifs. J’ai jeté quelques coups d’œil sur certains items sans en faire de lecture approfondie. En renvoyant le lecteur à mon précédent article, je rappelle que j’ai pour règle de ne pas m’occuper des programmes des candidats. Je ne crois à aucune promesse. C’est un gros effort de ma part d’avoir regardé les titres. Cela confine à une dérogation à ma règle.

Voici les 27 titres de ces engagements de l’UPR :

  1. Pouvoir d’achat pour tous (SMIC +24%)
  2. Charges patronales PME -50%
  3. +1 million d’emplois
  4. +27 milliards d’économie par an
  5. Fin de l’évasion fiscale et des délocalisations
  6. Fiscalité : soulager les classes moyennes
  7. Retour des services public
  8. Reconstruire l’école
  9. Culture : priorité patrimoine
  10. Investir dans la recherche
  11. Hôpital : +30 000 lits
  12. Retour aux libertés
  13. Le RIC et la démocratisation
  14. La relocalisation écologique
  15. Revenu des agriculteurs +25%
  16. Préserver l’identité nationale
  17. Famille : assurer l’avenir
  18. Garantir les retraites
  19. Plan handicap et autonomie
  20. +400 000 logements
  21. Outremer : +15 milliards
  22. Contrôler l’immigration
  23. Sécurité : renforcement police et justice
  24. Lutter vraiment contre le terrorisme
  25. L’internet libre et souverain
  26. La France et son armée
  27. Être une puissance d’équilibre

Une première observation s’impose : ce programme n’a absolument rien à voir avec le programme du CNR. J’en viens à me demander pourquoi les militants de l’UPR nous abreuvent de discours sur le programme du CNR.

Une seconde remarque s’impose au sujet de la 28ème proposition. François Asselineau donne comme garantie de la réalisation de ses promesses le fait qu’il propose le Frexit (sortie de l’UE, de l’OTAN… ). C’est un bon point car assurément les autres candidats ne peuvent promettre, quoi qu’ils en disent, que d’appliquer les directives réactionnaires de l’UE. Cependant ce n’est pas suffisant. Pour ma part, je donne une garantie bien supérieure. Je fais des propositions (voir ci-dessous) en invitant la classe ouvrière à se les approprier et j’ajoute : L’AGIMO vous promets que jamais les nantis, les exploiteurs n’accepteront de leur plein gré de vous céder cela. Il faudra vous mobiliser pour les contraindre. Ils ne céderont que lorsqu’ils auront peur de tout perdre. Souvenons-nous, à tout jamais, que les gilets jaunes ont obtenu en une nuit plus que les syndicats en 10 ans précisément quand les milliardaires ont pris peur. C’est la seule promesse que fait l’AGIMO.

Il est question, dans les engagements de l’UPR, d’améliorer le sort de certains et, puisqu’il faut équilibrer un budget, il est fort heureusement aussi question de faire rentrer du fric. Avant d’en discuter je vais rappeler la proposition de réforme des impôts que fait l’AGIMO.

Suppression de la CSG (ce n’est pas aux salariés d’être les plus taxés). Forte progressivité pour les impôts sur le revenu et sur la fortune. Pas de système par tranches. Un pourcentage du revenu global et de la fortune globale devra être perçu. Ce pourcentage sera d’autant plus élevé que le revenu ou la fortune seront élevés. Transparence totale avec publication possible des montants pour chaque personne de son revenu annuel, de sa fortune et de ses impôts. Plusieurs taux de TVA. Exemple : 0% pour les produits de première nécessité, 3% pour les produits de nécessité courante, 15% comme taux normal, 30% pour les produits de luxe, 50% pour les produits de grand luxe.

Cette proposition vise à réduire les inégalités sociales. Nous n’hésitons pas, contrairement à l’UPR, à dire qu’il s’agira d’une augmentation des impôts pour les plus riches et d’une nette diminution pour les plus pauvres. Nous ne craignons pas d’augmenter les impôts. Nous ne sommes pas des poujadistes. Nous défendons les travailleurs.

Avec cette simple proposition les « engagements » 1, 2, 5, 6 et 15 de l’UPR deviennent inutiles. Les engagements de l’UPR ont un caractère nettement poujadiste. Il s’agit de s’intéresser aux classes moyennes (point 6), aux agriculteurs (point 15), aux patrons des PME (point 2). Avec notre programme de défense de la classe ouvrière, nous sommes opposés à ce dernier point qui vise à supprimer des « charges patronales ». Nous connaissons ces discours sur les malheureux patrons qui croulent sous les charges. Ces « charges » ce sont les garanties des travailleurs : la sécurité sociale, les allocations familiales, le chômage… A tous les réactionnaires qui veulent s’y attaquer nous disons : ne touchez pas à ce que nos ainés ont gagné de hautes luttes.

Inutile de parler, avec notre proposition, de la fin de l’évasion fiscale (point 5). Nous avons donné la méthode : transparence totale. Il est grand temps que les exploiteurs, les capitalistes adoptent la morale des travailleurs : nous n’avons rien à cacher.

L’augmentation du SMIC (point 1) sera déjà largement acquise avec la suppression de la CSG dont l’UPR ne parle pas. Pourquoi ? La diminution de la TVA sur les produits de première nécessité et de nécessité courante y contribuera aussi. Il faudra sans doute aussi compléter ces premières mesures.

Passons au point 8 : « reconstruire l’école ». Pour notre part nous proposons l’adoption immédiate de la loi Savary. Nous savons très bien que François Asselineau faisait partie des « versaillais » notamment le 4 mars 1984. Il a bataillé pour empêcher cette loi de passer. Il défend l’école privée, la calotte… Nous nous doutons bien qu’il ne dit pas un seul mot de cette loi. Pourtant cette loi Savary, que nous proposons comme première réforme, est loin de reprendre ce qu’étaient les propositions du programme commun de la gauche. C’était un compromis que même l’UNAPEL et l’archevêque de Paris jugeaient à peu près acceptable.

Au point 12 (retour aux libertés), il ne parle que de la suppression du passe-sanitaire. Nous voulons l’abrogation de toutes les lois liberticides dont la liste devient trop longue pour que je la rappelle.

Il parle aussi de préserver l’identité nationale (point 16) et de contrôler l’immigration (point 21) mais il ne parle pas de supprimer les ignobles camps de rétention et ne fait aucune proposition pour que les migrants n’aient plus aucune raison d’essayer de passer en Angleterre.

Il parle (point 23) de renforcer la police et la justice mais il n’est pas question des amnisties que nous proposons et de la suppression des forces de polices compromises dans des exactions. Il ne propose aucune mesure pour que les travailleurs puissent se défendre eux-mêmes.

Aux points 26 et 27, il parle de l’armée et de « puissance d’équilibre » mais ne propose pas de rapatrier intégralement l’armée française sur le sol français.

On l’entend sans arrêt se plaindre de ne pas passer à la télé mais je n’ai pas vu de propositions pour améliorer les conditions de démocratie dans la gestion des médias. Ce serait pourtant le moment de parler du programme du CNR. De même, François Asselineau, comme beaucoup d’autres, dit qu’il soutient les gilets jaunes mais je ne vois aucune mesure qui aille dans ce sens.

Il est donc utile que je rappelle les quelques mesures, qui ne constituent pas un programme, mais que l’AGIMO propose, en attendant la mise en œuvre du Frexit. Je les ai présentées dans mon précédent article tout en développant la stratégie que nous proposons pour l’élection présidentielle et pour ce qui suivra. :

— Adoption de la loi Savary comme première réforme en faveur de la laïcité. Mitterrand avait refusé de faire adopter cette loi.

— Indemnisation des manifestants estropiés par la police.

— Amnistie de toutes les condamnations des manifestants et remboursement des amendes.

— Suppression des forces de police compromises dans les brutalités et remplacement par des brigades de sécurité formées avec des travailleurs volontaires sous l’autorité des représentants des travailleurs.

— Retrait immédiat de toutes les troupes françaises qui sont sur des territoires étrangers, en Afrique ou ailleurs, et rapatriement sur le sol français.

— Suppression des camps de rétention et adoption de lois sur l’immigration qui ne soient pas plus répressives que celles des anglais. Les migrants ne devraient pas chercher systématiquement à passer en Angleterre. Il faudra pour cela quitter l’espace Schengen.

— Réforme des impôts avec suppression de la CSG (ce n’est pas aux salariés d’être les plus taxés). Forte progressivité pour les impôts sur le revenu et sur la fortune. Pas de système par tranches. Un pourcentage du revenu global et de la fortune globale devra être perçu. Ce pourcentage sera d’autant plus élevé que le revenu ou la fortune seront élevés. Transparence totale avec publication possible des montants pour chaque personne de son revenu annuel, de sa fortune et de ses impôts. Plusieurs taux de TVA. Exemple : 0% pour les produits de première nécessité, 3% pour les produits de nécessité courante, 15% comme taux normal, 30% pour les produits de luxe, 50% pour les produits de grand luxe.

— Abrogation de toutes les lois liberticides notamment celles mises en place par Macron.

— Abrogation de toutes les dernières lois de régression sociale notamment celles sur les retraites.

— Nationalisation, sans indemnités ni rachats, de tous les médias (TV, radio, journaux, revues) qui sont dans les mains d’une dizaine de milliardaires. Mise en place de règles d’équité et de proportionnalité permettant que tous les courants politiques puissent s’exprimer dans de réelles conditions de démocratie sur tous les médias.

Le programme de l’UPR est assurément un programme gaulliste c’est-à-dire un programme correspondant à la demande de la fraction de la bourgeoise française qui est encore attachée à l’indépendance de la France par rapport aux USA. Cette politique est comparable à celle des péronistes en Argentine. Cela reste une politique réactionnaire.

L’AGIMO, contrairement à l'UPR, défend résolument les travailleurs. Le Frexit que nous proposons n’est pas celui d’un pan de la bourgeoisie. C’est le Frexit des internationalistes.


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