Accord anti-FN aux législatives, une fausse bonne idée !

par Pingouin094
mercredi 16 mai 2012

A quelques jours du dépôt des candidatures, un accord entre les différentes composantes de la gauche (PS, EE-Les Verts – Front de Gauche) est toujours en discussion concernant les circonscriptions où la gauche pourrait être absente du 2d tour, laissant la place à un duel FN – UMP.

Je souscris au principe de faire barrage au Front National par tous les moyens et de tenter de l’empêcher de bénéficier de la tribune que serait des députés – voire un groupe – à l’assemblée nationale. Mais je crois que la méthode est mauvaise.

S’il s’agissait de rappeler le principe du désistement au 2d tour en faveur du candidat le mieux placer, j’y souscrirais. Ce « principe républicain » avait été sérieusement écorné par EE-Les Verts aux dernières cantonales, mais reste d’actualité. Il serait stupide qu’une triangulaire avec 2 partis de gauche et l’UMP ou le FN permette l’élection d’un député UMP ou FN qu’on aurait pu empêcher. Au 1er tour, les électeurs choisissent la gauche qu’ils veulent mettre en tête, au 2ème tour, les électeurs choisissent qui l’emportent de la gauche ou de la droite.

Mais l’accord tel qu’il se présente n’est pas celui-là. Il s’agirait de ne présenter qu’un candidat unique de la gauche dans toutes les circonscriptions où individuellement les formations PS + EE-Les Verts (déjà liés par un accord électoral) et le FdG pourraient ne pas être en mesure de se maintenir à l’issu du 1er tour (moins de 12.5% des inscrits et au moins deux autres formations avec un score supérieur).

Dans une telle configuration, le FdG et le PS feraient alors ensemble nécessairement moins de 25% des inscrits, alors que le FN et l’UMP seraient tous deux en mesure de se maintenir. Dans une telle configuration, la probabilité de victoire de la gauche serait extrêmement faible, même dans le cas d’une triangulaire serait extrêmement faible, pour ne pas dire nul. Il n’y a donc rien de concret à gagner à un tel accord.

 Au contraire, à la faveur de triangulaires gauche – UMP – FN, le FN a de meilleures chances d’obtenir des députés.

On ne s’évite donc que le déshonneur d’avoir à appeler à « battre le FN en mettant un bulletin UMP dans l’urne ». Et pour le PS et les Verts, il y a tout à y gagner.

Mais pour le Front de Gauche ?

Un tel accord amènera le Front de Gauche a soutenir dès le 1er tour des candidats PS. Certes, ils ne seront vraisemblablement pas élus. Mais en imaginant qu’ils le soient, comment critiquer l’action de députés socialistes que le Front de Gauche aurait soutenu dès le 1er tour, contre lesquels il aurait refusé de présenter un candidat ?

A l’inverse, en imaginant que des députés Front de Gauche puissent être élus avec le soutien dès le 1er tour du PS et des verts ; ces députés auraient-ils toute la légitimité nécessaire pour avoir l’autonomie critique et la liberté vis-à-vis du programme de gouvernement du parti socialiste qu’on attend du Front de Gauche ?

Et même si ces cas de figures ne devraient pas se présenter, l’occasion prêtera le flanc à la critique. Dans le combat « Front contre Front », où il s’agit de parvenir à démontrer que le Front National n’est rien d’autre que le chien de garde du système, nous nous mettrions en grande difficulté.

Le FN aurait alors beau jeu de dire que lui ne pactise aucunement avec le système « UMPS » tandis que le Front de Gauche appelle à voter Hollande au 2d tour et qu’il passe des accords électoraux aux législatives. Arguments qui risquent de porter.

Il y a donc bien plus de coup à prendre que de gain à gagner dans cette alliance, qui de plus n’empêchera nullement le FN d’avoir des députés ; peut-être même au contraire comme je l’ai dit plus haut.

Une fausse bonne idée, donc.


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