Affaire Benalla - Destitution d’Emmanuel Macron : l’idée fait son chemin
par Jean D’Albret
jeudi 26 juillet 2018
Après son fameux « Qu’ils viennent le chercher », les Français pourraient relever le défi. Les réseaux sociaux s’emparent largement de l'affaire, des pétitions sont lancées et des manifestations programmées.
Les chiffres confirment l’ampleur qu’a prise l’affaire Benalla. Suite aux récentes déclarations d’Emmanuel Macron, le hashtag #AllonsChercherMacron se répand et l’idée d’une destitution ne paraît plus si incongrue. La contestation est appelée à gagner la rue : en témoignent les milliers de personnes qui ont consulté, sur Facebook, les pages des organisateurs. Plus formellement, des pétitions, sur la plateforme Change.org notamment, appellent à la mise en œuvre de l’article 68 de la Constitution, lequel dispose que « le Président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat. » Conditions requises selon François Asselineau, président de l’UPR, qui appelle l’opposition parlementaire à enclencher la procédure. Avant lui, le député communiste André Chassaigne avait déjà évoqué cette éventualité. Numériquement, il faudrait obtenir les 2/3 des voix, c'est-à-dire 617 suffrages, pour que la destitution aboutisse. Or les parlementaires En Marche, même si ce nombre ne peut présager de rien, représentent 334 des 925 sièges (Assemblée nationale plus Sénat) - soit une différence de 613 parlementaires, a priori insuffisante.
A l’Assemblée nationale, Christian Jacob, le président du groupe Les Républicains, avait lui menacé de déposer une motion de censure pour forcer le gouvernement à s’expliquer. Du même groupe politique, le co-rapporteur de la Commission des lois, Guillaume Larrivé, à dénoncé hier l’ « obstruction d’une majorité aux ordres de l’Elysée. »
En se proclamant seul responsable, Emmanuel Macron discrédite en effet le travail d’enquête des Commissions parlementaires, devant lesquelles les personnes auditionnées se sont largement contredites, en opposant comme ultime rempart son inviolabilité. Leur parole, bien qu’assermentée, est remise en question, puisque leurs « j’assume » sont désormais endossés par le chef de l’Etat lui-même.
A ceux qui réclament de l’auditionner à son tour, la majorité répond que le principe de séparation des pouvoirs l’interdit. C’est pourtant devant les députés de cette même majorité, qui siège et assure la présidence de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale, qu’Emmanuel Macron s’est exprimé.
Son irresponsabilité constitutionnelle devant la représentation nationale le protège donc pour l’instant. A moins que le Parlement ne se réunisse en Haute cour pour voter sa destitution.