Affaire Royal : Laurent Fabius s’est aussi senti espionné
par William Castel
jeudi 10 juillet 2008
L’affaire Royal a connu ce matin un rebondissement inattendu, avec l’intervention de Laurent Fabius, qui confirme que des pratiques d’espionnage politique auraient bien lieu en France.
Laurent Fabius était l’invité ce matin de Christophe Barbier sur LCI. Interrogé sur les récentes déclarations de Ségolène Royal sur les "visites" de son appartement et le lien qu’elle a établi avec le clan Sarkozy, l’ancien Premier ministre a révélé avoir lui-même eu le sentiment d’être suivi et visité. A la question : "Pensez-vous que ces pratiques existent dans notre pays ?", il a répondu : "Je le crains". Peu de mots, mais qui ont un poids certain.
La présidente de Poitou-Charente a justifié ses soupçons en disant : "Je suis sans doute suivie puisque que les policiers eux-mêmes ont trouvé très étrange, qu’entre 20 h 30 et 22 h 30 le soir de la mise-à-sac, il y a cette intervention très professionnelle dans un temps très court et à un moment où il n’y a pas de cambriolage car il y a beaucoup d’allées et venues".
Et de conclure : "Soit je suis écoutée, soit je suis suivie depuis mon lieu de travail jusqu’à mon domicile, c’est une évidence".
Hier, les réactions s’étaient succédé à droite, mais aussi parfois à gauche, pour dénoncer la "bourditude" ou la "parano attitude" (dixit Luc Chatel, porte-parole du gouvernement) de Mme Royal. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, se demandait, lui, si la socialiste n’avait pas "pété un câble", tandis que le Premier ministre, François Fillon, parlait de propos "honteux". Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, s’était dit, quant à lui, "affligé" des déclarations de Ségolène Royal, "qui ne recule devant rien pour exister" ; il jugeait ses propos "diffamatoires", et considérait qu’ils atteignaient "un niveau de stupidité affligeant" (toutes les vidéos sont sur AV TV).
Il en faudra manifestement plus pour faire reculer Ségolène Royal, plus que jamais dans la résistance au sarkozysme et prétendante très active au poste de premier secrétaire du Parti socialiste... première étape, obligée, vers le "sacre" de 2012.
La sortie, certes discrète, ce matin, d’un homme d’Etat - au sérieux jamais remis en cause - comme Laurent Fabius donne certainement du crédit aux allégations, à première vue fantaisistes, de Ségolène Royal. L’affaire ne fait sans doute que commencer.