Alternance

par jlhuss
mardi 8 mai 2012

Pour ceux qui ont vécu les trois victoires de la gauche à des élections présidentielles, le cru 2012 ne ressemble pas aux autres. La référence la plus souvent évoquée est celle de 1981, Mitterrand vainqueur de Giscard, tant il est vrai que 1988 n’était que la reconduction du même Mitterrand au sortir tout de même d’une cohabitation difficile avec Chirac.

Même si du côté des très jeunes « black, blanc beur » l’émotion était palpable et parfois débordante avec l’apparition à la bastille de drapeaux sans aucun rapport avec notre République. Les aînés, ceux qui ont connu 1981 justement, sont beaucoup plus modérés dans leurs transports. Ils éprouvent, c’est normal, après cette longue « cure d’opposition », la joie de la victoire mais avec une retenue qui laisse supposer qu’ils ont parfaitement mesuré les enjeux, les difficultés. Cette joie s’appuie également avec raison sur « l’affront lavé », celui de 2002, ou la gauche fut éliminée dès le premier tour par le Front National et dans l’incapacité de concourir à la finale. Il n’est d’ailleurs pas neutre que Jospin soit très présent lors de cette fin de campagne 2012 et en particulier sur le podium de la Bastille.

C’est donc un sentiment de satisfaction générale qui devrait envahir les Français, le sentiment d’une République qui fonctionne bien dans son expression démocratique : une démocratie qui permet « l’alternance » calme au-delà de choix idéologiques différents légitimes. La campagne a été très longue, souvent « dure », mais les affrontements font partie d’une expression démocratique finalement de bonne qualité.

Enfin un aspect du cru 2012 est à rapprocher de 2002 sans qu’il ait pris la même forme, le retour en position d’arbitre incontournable du Front National au centre de l’échiquier. Sarkozy en 2007 avait réussi à endiguer le phénomène par une captation ; il est de retour et va sans doute permettre à Hollande d’asseoir sa victoire sur une plus large majorité parlementaire que les simples équilibres « droite-gauche » traditionnels pourraient le laisser supposer. En passe de pouvoir se maintenir dans bon nombres de circonscriptions législatives, les candidats de Marine Le Pen imposant des triangulaires vont faire battre de nombreux sortants UMP ou « divers droite ».

François Hollande est élu pour 5 ans, les Français vont apprendre à mieux le connaître ; ils vont regarder la manière dont il fait face à une Europe en crise qu’il va retrouver dès la passation des pouvoirs. Il sera temps d’enregistrer la progression ou la diminution du FN à l’issue du mandat. C’est aussi là un des marqueurs d’une réussite ou d’un échec.

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